Pour la première fois, une menace directe. Quelques minutes avant d’entamer un nouvel entretien avec l’émissaire américain, Steve Witkoff, Vladimir Poutine a assuré ce mardi 2 décembre à Moscou que «si l’Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant» à la guerre.

Le président russe s’exprimait devant des journalistes avant sa rencontre avec Steve Witkoff, qui, pour sa sixième visite à Moscou en 2025, est accompagné de Jared Kushner, le gendre du président Trump et désormais partie prenante de l’équipe des négociateurs américains pour trouver un accord de paix avec l’Ukraine. «Nous n’avons pas l’intention de faire la guerre à l’Europe, mais si l’Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant», a lancé Vladimir Poutine, dévoilant ainsi sa stratégie avant les négociations : blâmer l’Europe pour le manque d’avancées vers la fin de la guerre, entamée le 24 février 2022 par l’invasion à grande échelle des troupes russes en Ukraine.

Le président russe a accusé les Européens de vouloir «empêcher» les efforts américains visant à mettre fin à la guerre en Ukraine. «Ils n’ont pas de programme de paix, ils sont du côté de la guerre», a-t-il ajouté, faisant allusion aux efforts des Européens pour modifier le plan de paix en 28 points, dicté par les Russes aux Américains et que ces derniers avaient présenté comme un effort négocié. Ce plan, pour lequel ni l’Ukraine ni les Européens n’avaient été consultés, avantageait totalement la Russie.

Vladimir Poutine a raillé les Européens, qui «sont vexés d’avoir été écartés des négociations, mais […] ils se sont écartés eux-mêmes, c’était leur initiative». «Ils n’ont pas de programme de paix, ils sont du côté de la guerre», a-t-il ajouté, en marge d’un forum économique. Il a appelé les dirigeants européens à renoncer à l’«illusion» qu’ils peuvent infliger une «défaite stratégique à la Russie» et à «revenir à la réalité, en se basant sur la situation sur le terrain».

Fort marri que son plan de paix en 28 points, dévoilé le 21 novembre dernier, qui prévoyait notamment l’abandon à la Russie de larges portions du territoire ukrainien, une réduction drastique des effectifs de l’armée ukrainienne et l’interdiction de toute entrée de l’Ukraine dans l’Otan, ait été rejeté par les Européens et l’Ukraine, le président russe a visiblement décidé de passer à la stratégie des menaces directes. Il a également affirmé que la Russie «élargira sa gamme de frappes contre les navires qui entrent dans les ports ukrainiens», après des attaques par Kyiv de deux pétroliers liés à Moscou dans les eaux territoriales turques en mer Noire. «Nous envisagerons des mesures de rétorsion à l’encontre des navires des pays qui aident l’Ukraine», a déclaré Vladimir Poutine, estimant aussi que «la mesure la plus radicale consisterait à couper l’Ukraine de la mer».

Lundi, le Kremlin avait annoncé la prise de Pokrovsk, verrou ukrainien dans le Donbass en raison de sa position stratégique, objet d’une bataille féroce depuis des mois. L’armée ukrainienne a catégoriquement démenti l’information et annoncé que les combats se poursuivaient. Ces derniers mois, chaque veille d’une rencontre diplomatique importante, la Russie a annoncé une victoire militaire sur le front, souvent démentie par les faits.

Les violentes menaces de Vladimir Poutine n’ont qu’un seul objectif : profiter de l’incertitude de la position américaine et des liens étroits qui se sont tissés avec l’envoyé Witkoff, sur fond de potentiels futurs contrats commerciaux juteux pour creuser un fossé entre les Etats-Unis et les Européens. Et isoler définitivement l’Ukraine.

Dans une première réaction, le ministère français des Affaires étrangères a indiqué ne pas souhaiter commenter les propos du président russe, au-delà des récentes déclarations du ministre Jean-Noël Barrot à propos de la menace russe dans les médias.

Mis à jour le 02/12/2025 à 17h20 avec autres propos de Vladimir Poutine et éléments de contexte