En ce dimanche 27 avril, à Brumath et plus particulièrement dans le quartier de La Grafenbourg, l’émotion est vive. La veille, deux fillettes âgées de 10 et 12 ans sont mortes dans l’incendie de leur maison située rue Alexandre-Millerand. Leur sœur âgée de 6 ans, hospitalisée au service réanimation du CHU de Strasbourg, est en état de mort cérébrale.

Sur la clôture en bois, à quelques mètres du porche d’entrée du petit ensemble d’habitations où vivent quatre familles, des bouquets de fleurs, quelques bougies, un doudou et des mots d’amour de camarades de classe des trois jeunes victimes ont été délicatement déposés, en signe d’hommage. « Beaucoup de copains des filles sont passés ce matin en pleurs. L’aînée avait beaucoup d’amis, elle était toujours si joyeuse », glisse un ami de la famille.

« C’est tellement injuste »

Tiges de lilas à la main, une habitante d’un quartier voisin a tenu à faire le déplacement. Elle ne connaissait pas la famille endeuillée, mais elle ressent le besoin de leur témoigner ses condoléances. « Je suis moi-même mère de famille, de trois enfants. Je ne peux imaginer la douleur des parents, leur détresse. Je n’ai pas de mots assez forts pour décrire ce qu’ils doivent éprouver dans leur chair. C’est tellement injuste. Je tenais à leur laisser quelques fleurs de mon jardin pour leur adresser mes sincères pensées. »

Plus loin, au détour d’un carrefour, des témoins reviennent sur le feu qui a ravagé cette maison en retrait d’un petit corps de ferme. Ils évoquent un incendie d’une « rare violence avec d’épaisses fumées » qui n’a laissé aucune chance aux jeunes victimes, malgré les tentatives d’intervention de la famille, de riverains et de deux pompiers volontaires domiciliés à proximité.

Un ami de la famille confirme : « Plusieurs personnes ont essayé de les sauver » avant l’arrivée des secours. « Un pompier volontaire qui habite le secteur a même brisé la vitre avec une hache pour tenter de chercher les filles, qui dormaient encore au premier étage. Mais la chaleur des flammes était si vive qu’il n’a pas pu rentrer. »

Dans la cour, le neveu des fillettes et des cousins de la famille s’apportent mutuellement du soutien, tandis que les parents, en état de choc, ont dû être selon leurs proches hospitalisés. « C’est une très grande famille. Samedi, il y avait 1 000 personnes sur le parking du CHU de Hautepierre, et 150 dans l’hôpital, croit savoir l’un d’eux. La communauté turque est avec eux ». Avec une grande dignité, et malgré leur chagrin, tous accueillent les anonymes et les proches venus honorer la mémoire des fillettes.

Une défaillance au niveau du frigo à l’origine du départ des flammes

Côté enquête, l’expert incendie et les gendarmes de la brigade de Brumath ont poursuivi leurs investigations dès dimanche matin. À 7 h 30, le spécialiste en incendie mandaté par le parquet de Strasbourg a examiné les lieux, avant de rendre ses conclusions orales vers midi. D’après ses constatations, le feu est parti de la cuisine – et non du poêle comme le pensait la famille – et plus particulièrement du réfrigérateur. « À la suite d’un défaut électrique, le gaz inflammable contenu dans l’appareil aurait pris feu », confie une source proche de l’enquête.

Un soutien psychologique des copains de classe dès lundi

Le maire de Brumath, Etienne Wolf, a de son côté échangé avec le rectorat pour prévoir un soutien psychologique destiné aux enfants scolarisés à l’école élémentaire Schuman et au collège de la commune, les deux établissements fréquentés par les victimes. « Des personnels de l’Éducation nationale et des psychologues seront présents dès la rentrée à 8 h pour parler aux enfants. Je m’y rendrai moi-même », indique l’édile. Et d’ajouter : « Toute la commune reste à disposition de la famille pour l’accompagner ».