Par

Juliette Cardinale

Publié le

2 déc. 2025 à 19h38

C’est une des surprises de cette campagne municipale : l’économiste Philippe Dessertine s’est lancé dans la course à la mairie de Bordeaux en septembre. Depuis, celui qui se revendique être « un Bordelais parmi les Bordelais » et rejette les étiquettes politiques multiplie les apparences en ville et les vidéos sur ses réseaux de campagne. Jusqu’à obtenir plus de 10 % d’intentions de vote selon un sondage commandé par Thomas Cazenave. Et ce, alors qu’il n’avait pas encore dévoilé de programme concret. Ce mardi 2 décembre 2025, il en a finalement esquissé les points forts – tout en promettant la totalité pour la fin du mois de janvier.

Le flyer distribué par l’équipe de Philippe Dessertine comprend huit pages. Il y dessine les grandes lignes de son projet pour partir à « la conquête de la mairie de Bordeaux ». Il défend une « double ambition » : celle de répondre aux préoccupations des concitoyens sur « la sécurité » (qu’il préfère appeler « la protection) et de « regarder le futur de Bordeaux ». 

Une « ville sûre »

Pour faire de Bordeaux « la ville la plus sûre de France », le candidat veut mettre le paquet. Son ambition ? Passer le budget de la sécurité de 16 millions à 80 millions. « On doit reconcentrer les finances sur les fonctions régaliennes, et la sécurité c’est la première que nous allons avoir ».

Une enveloppe beaucoup plus conséquente qui permettrait d’accroître le nombre de caméras de vidéosurveillance et de policiers dans les rues. Philippe Dessertine défend une « tolérance zéro pour tous les délits » mais aussi les saletés.

Alors qu’il fait de « l’optimisme » le fil rouge de sa candidature, l’économiste a souligné l’arrivée de trois guerres à Bordeaux : contre le trafic de drogue, contre le dérèglement climatique et le « risque de plus en plus proche d’une guerre réelle ». Cette dernière engendre des soucis d’ingérence et de cybersécurité, qu’il faut « anticiper pour ne pas être démunis ».

Une « perspective lointaine »

La question écologique tombe plutôt sous le coup de la vision du Bordeaux dans le futur. Philippe Dessertine évoque des besoins de planter des arbres dans un sol « de qualité » et de faire de Bordeaux la « ville de l’eau ». Il pointe du doigt le problème du gaspillage lié aux fuites sur le réseau. Parmi ses idées, il évoque la possibilité de « récupérer l’eau qui coule dans les parkings souterrains » au lieu de la rejeter simplement dans le fleuve.

En lançant un « élan nouveau », il veut « faire de Bordeaux une ville pilote ». À commencer par Bordeaux Nord, au cœur de l’innovation. Grâce au projet de grand Data Center (actuellement étudié par les pouvoirs publics), il imagine attirer des entreprises et industries à la pointe des technologies (ordinateur quantique, mathématiques, intelligence artificielle…). Pour l’économiste, l’IA est « la révolution la plus importante de ces derniers siècles », et Bordeaux « peut se positionner » pour devenir une ville phare.

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Dans la même lignée, le professeur veut se « tourner vers la jeunesse » en développant les crèches, les logements pour les étudiants et des emplois pour leur donner envie de rester.

Un peu plus au nord, le grand stade de la métropole est « orphelin » déplore le candidat. Il voudrait voir apparaître un « grand centre sportif » tout autour pour relancer les Girondins de Bordeaux, mais aussi développer le hockey, le tennis, le basket… Là aussi, l’aspect de la recherche appliquée au sport revient dans son discours.

Toutes ces industries attireraient plus de monde et poseraient des questions de mobilités, déjà débattues dans la ville et alentour. Celui qui s’imagine déjà président de la Métropol, rejette « le grand contournement et la passerelle sur la Garonne ». Des projets « insensés » en termes d’investissements demandés.

Partisan d’une « mobilité efficace » et de « reprendre entièrement le plan de circulation », Philippe Dessertine veut soutenir la rénovation du réseau actuel, développer les transports sur la Garonne et sécuriser les cyclistes car « les mobilités douces sont l’avenir ». Il regarde aussi à La Rochelle ou à San Francisco pour évoquer la possibilité de taxis ou navettes sans chauffeurs et l’utilisation de l’IA pour la régularisation des feux.

Comment financer ces grandes ambitions ?

Toutes ces idées nécessitent d’importants financements. Philippe Dessertine n’hésite pas à répéter qu’il est expert en économie et a beaucoup travaillé ses sujets. En premier lieu, surtout dans un contexte de contraintes liées aux différentes dettes (Département, Métropole, Ville…), le candidat veut « rationaliser les dépenses ».

D’après lui, il y a « des millions à trouver » et il s’attellera à « remettre de l’ordre dans les finances publiques dès le 16 mars » (car il envisage être élu dès le premier tour le 15 mars prochain). Il souligne l’importance de « s’appuyer sur les agents car le problème vient des politiques ». Pour le reste, l’économiste affirme aussi aller trouver des investissements ailleurs, en attirant des entreprises – et surtout des Françaises.

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