À Marseille, la réforme des arrêts maladie prévue dans le budget de la sécurité sociale suscite de vives réactions à la sortie de la médecine du travail. Alors qu’une majorité veut limiter la durée premier arrêt, des ouvriers du BTP témoignent, entre blessures sérieuses et dénonciation d’abus.

Les débats sur les arrêts maladie reprennent ce mardi à l’Assemblée nationale, dans le cadre de l’examen du budget de la Sécurité sociale. Un contexte marqué par une hausse importante des fraudes : 30 millions d’euros ont été recensés en 2024, contre 8 millions deux ans plus tôt. Le gouvernement assure vouloir renforcer les contrôles et encadrer plus strictement la durée des premiers arrêts.

Les médecins généralistes sont en grève ce mercredi 3 décembre, notamment pour dénoncer ce durcissement des contrôles.

Dans le BTP, les blessures sont sérieuses

Devant la médecine du travail du BTP à Marseille, dans le quartier du Canet (14e), ces mesures interrogent directement les travailleurs. Beaucoup font face à des accidents lourds, aux conséquences longues. Justin, par exemple, a été arrêté trois mois après une fracture de la mâchoire. Pour lui, limiter un premier arrêt à deux semaines est irréaliste au vu de la gravité des blessures fréquentes dans le BTP, il raconte qu’il ne pouvait « ni manger ni parler au début de [mon arrêt], alors aller renouveler au bout de deux semaines, c’est très dur ».

« Il faut que la France tourne, si tout le monde essaie de profiter du système ça ne marche pas »

Khalid, qui sort de la médecine du travail après avoir enfin retiré son attelle, travaille dans le désamiantage. Il comprend que les règles se durcissent « J’en connais qui abusent et qui en profitent. Mais moi j’ai arrêté un mois pour ma cheville et j’ai repris tout de suite » raconte le trentenaire.

Alberto, maçon victime d’une fracture du coude, a lui aussi été arrêté plusieurs mois. Il voit d’un bon œil le renforcement des contrôles, convaincu que cela contribuerait à mieux distinguer les arrêts réellement justifiés des autres, « il faut que la France tourne, parce que si tout le monde essaie de profiter du système ça ne peut pas marcher » explique ce travailleur portugais présent à Marseille depuis 15 ans. Tous partagent toutefois un constat selon eux : si des abus existent, ils seraient davantage le fait d’emplois de bureau que des métiers physiques où les accidents sont fréquents et les arrêts souvent incontournables.

Parmi les pathologies ciblées par les contrôles renforcés des arrêts maladie par l’assurance maladie : « les troubles anxieux et les lombalgies » selon le Dr Sébastien Adnot, secrétaire général adjoint de MG France, le syndicat des médecins généralistes.

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