Par
Inès Cussac
Publié le
2 déc. 2025 à 19h24
C’est un soulagement pour Jade. « Une bonne nouvelle, une très grande avancée », qualifie-t-elle aussi. Atteinte de myopathie, cela fait presque dix ans qu’elle se déplace en fauteuil roulant. Depuis lundi 1er décembre 2025 et l’entrée en vigueur de la réforme du financement des fauteuils roulants, l’Assurance maladie prend désormais intégralement en charge tous les dispositifs de mobilité. Un sérieux soutien pour Jade qui fait partie des 1,1 million de Français concernés par cette mesure. « Dans notre pays, on a beaucoup de chance mais par rapport au handicap c’est tellement aléatoire. Il n’est pas du tout pris en considération, c’est la jungle et il faut se battre. Donc si, déjà, on arrête de se battre pour avoir un fauteuil, c’est pas mal. »
Car, à Paris comme partout en France, malgré la loi de 2005 pour une accessibilité généralisée des espaces, des transports ou des services, la vie est encore compliquée pour les personnes à mobilité réduite (PMR). Il y a tout juste deux mois, Jade a officiellement lancé son application Handy Utopie qui recense plusieurs les lieux accessibles dès lors que l’on se déplace en fauteuil roulant. Café, cinéma, coiffeur… Près de 3 000 adresses ont été listées dans la capitale par la sexagénaire qui compte étendre son concept à d’autres villes dans l’Hexagone et même en Europe.
« Un travail de longue haleine »
« J’en avais marre de ne plus voir mes cousines, mes copines, ma famille parce qu’aller au restaurant ou aux anniversaires, ça demande un temps fou pour trouver un endroit accessible. Et quand on l’a trouvé, on ne peut finalement pas circuler à l’intérieur ou alors il faut pousser des tables et tout le monde nous regarde… Parfois, je disais que j’avais la flemme de sortir alors que non. En réalité, je n’avais pas la flemme mais ça me faisait de la peine de voir mes amies passer autant de temps à chercher », raconte Jade qui a donc commencé à noter les lieux où son fauteuil n’est pas de trop. Entre les boutiques dépourvues de cabines d’essayage, les salons de coiffure qui ne sont pas adaptés ou encore les cabinets de kinésithérapeutes qui ne sont pas accessibles, l’application vise à faire gagner du temps aux PMR.
« C’est un travail de longue haleine », remet cette femme blonde au sourire pouvant presque toucher les oreilles. Depuis deux ans et demi, elle tente de mobiliser les élus et citoyens aux problèmes liés à l’accessibilité des espaces pour les fauteuils roulants.
« Passer de bons moments »
« Dans le bus, les gens ne peuvent pas laisser de place parce qu’ils n’en ont pas donc il faut encore attendre. Les métros sont inaccessibles, les vélos sur les trottoirs, les poubelles… Si on peut trouver des endroits accessibles pour passer de bons moments, ce n’est pas du luxe. C’est juste un droit pour un monde meilleur », liste Jade avant d’expliquer l’intérêt de son application pour d’autres types de handicap, comme celui visuel.
« La vieillesse aussi, tôt ou tard, elle rejoint le handicap. On n’a plus envie de monter les escaliers en colimaçon pour aller faire pipi ou on aimerait aller au parc avec nos petits enfants mais c’est toujours compliqué », illustre la militante aidée par une équipe de webmasters et développeurs, d’un vice-président, Jonathan Journo, et proche de l’ancien député européen Jean-Lin Lacapelle (RN) et du député de l’Aisne José Beaurain (RN).
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Marseille, Lyon…
« Bien sûr, on est mieux loti que dans certains pays mais en France, les endroits qui devraient être accessibles ne le sont qu’en demi-mesure », s’agace Jade désireuse de sensibiliser les personnes valides pour rendre la société plus inclusive.
Après un passage en Dordogne, prévu la semaine prochaine pour noter de nouvelles adresses dans son application, Jade se rendra à Marseille, Saintes-Maries-de-la-Mer ou encore Lyon. « Toutes les villes s’enchaînent », se réjouit-elle, soucieuse d’élargir son « Waze pour handicapés » au-delà des frontières parisiennes.
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