Après janvier 2018, novembre 2019 et avril 2023, Emmanuel Macron se rend pour la quatrième fois en Chine depuis son arrivée à l’Élysée en 2017. De mercredi 3 à vendredi 5 décembre 2025, le président de la République et la délégation française se rendront à Pékin puis à Chendgu. Avec le président chinois Xi Jinping et le premier ministre Li Qjang, il souhaite échanger sur le conflit en Ukraine, mais aussi sur les enjeux de coopération et de rééquilibrage des relations économiques, alors que la France assurera la présidence du G7 en 2026.
Un rôle à jouer dans le conflit en Ukraine. Emmanuel Macron lors de son dernier voyage à Pékin en avril 2023, tout comme lors de la visite de Xi Jinping en France en mai 2024, a déjà déclaré que la Chine peut jouer un rôle essentiel sur la fin du conflit en Ukraine. « Nous comptons sur la Chine, membre permanent comme nous, du Conseil de sécurité […] pour peser sur la Russie, pour que la Russie et Vladimir Poutine, en particulier, puissent enfin se résoudre à un cessez-le-feu », a de nouveau insisté, lundi, le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.
Moscou, un partenaire prioritaire pour Pékin
Mais si la Chine appelle régulièrement à des pourparlers de paix et au respect de l’intégrité territoriale de tous les pays – sous-entendu Ukraine comprise – elle n’a jamais condamné la Russie pour son invasion. Pékin considère Moscou comme un partenaire prioritaire dans l’ébauche d’un nouvel ordre mondial multipolaire post-occidental.
Signe de la solidité des relations russo-chinoises, Xi Jinping a reçu Vladimir Poutine en grande pompe, début septembre, pour les 80 ans de la victoire chinoise sur le Japon. Les capitales occidentales accusent aussi la Chine d’offrir à la Russie un soutien économique crucial pour son effort de guerre, en lui livrant notamment des composants militaires pour son industrie de défense.
Rééquilibrer les relations commerciales. La relation entre la Chine et l’Europe, marquée par un déficit commercial massif (357 milliards de dollars) en défaveur de l’UE, sera aussi de nouveau sur la table. L’Union européenne dénonce une « concurrence déloyale » de la Chine, des voitures électriques à l’acier, reposant sur des subventions étatiques massives. Elle accuse la Chine d’exercer une forme de « racket » envers les entreprises européennes sur les terres rares, dont elle domine la production mondiale.
« Il est nécessaire que la Chine consomme plus et exporte moins […] et que les Européens épargnent moins et produisent plus », dit un conseiller du président Macron. Paris attend aussi plus d’investissements chinois en Europe. « Après 30 ans de mondialisation, qui ont largement permis à la Chine de croître et d’innover […], les Chinois ont aujourd’hui des technologies particulièrement avancées, qui peuvent être partagées avec leurs partenaires de confiance, notamment européens », souligne l’Élysée. Emmanuel Macron, qui présidera le G7 en 2026, va proposer à Xi Jinping de travailler conjointement à la réduction des déséquilibres économiques mondiaux.
Dans le berceau des pandas géants. Comme dans les Pyrénées, chères à Emmanuel Macron, en 2024, les deux couples présidentiels se retrouveront, vendredi, dans un cadre plus informel à Chengdu, dans la province du Sichuan (centre de la Chine), berceau des pandas géants, devenus des ambassadeurs de la Chine à travers le monde.
« C’est tout à fait exceptionnel dans le protocole chinois et c’est apprécié en tant que tel par le président de la République », salue la présidence française. Un couple de pandas géants, prêté depuis 2012 à la France au zoo de Beauval, vient tout juste d’être restitué au Centre de conservation de Chengdu et Pékin a déjà promis de les remplacer. Rodolphe Delord, le directeur du ZooParc de Beauval, fait effectivement partie de l’impressionnante délégation qui doit accompagner Emmanuel Macron.
Une importante délégation
Au-delà des enjeux économiques et diplomatiques, cette visite de trois jours doit aussi permettre d’avancer sur les coopérations culturelles, éducatives, universitaires et scientifiques. La délégation qui a embarqué avec Emmanuel Macron et son épouse Brigitte en témoigne.
Outre Jean-Noël Barrot, les ministres de l’Économie et des finances (Roland Lescure), de l’Agriculture et de l’agroalimentaire (Annie Genevard), de la Culture (Rachida Dati), de la Transition écologique (Monique Barbut) et de l’enseignement supérieur et de la recherche (Philippe Baptiste) et de nombreux chefs d’entreprise font partie du voyage. Parmi ces groupes figurent Veolia, Airbus, EDF, Suez, Servier, BNP, Club Med, Valeo, Mistral AI, Alstom… Mais aussi des groupes ou fédérations de l’agroalimentaire comme Bigard, Andros, la Cooperl, Intercéréales, la Fédération nationale de l’industrie laitière, Rémy Cointreau…
Le président du CNC Gaëtan Bruel, le directeur général du domaine de Chambord Pierre Dubreuil, le musicien Jean-Michel Jarre, les pongistes Alexis et Félix Lebrun, entre autres, seront également du voyage, ainsi que les directeurs de l’Inserm (Didier Samuel) et du CNRS (Antoine Petit). Ou l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin.