Deux dames sur un banc. Chacune leur tour, elles penchent la tête vers l’homme assis entre elles pour entendre ce qu’il dit. Il traduit en chinois les phrases entendues : « prostitution », « accusé », « pénétration ». Les dames ont gardé leur manteau, il fait frais, ici. Madame H. et Madame Z. se trouvent à la cour d’assises de Paris, ce jour de novembre, pour témoigner au procès d’Adil N., accusé d’avoir violé et extorqué de l’argent à quatre travailleuses du sexe (TDS), en 2022 et 2023. Dont elles, donc. Leurs coups d’œil inquiets dans la salle traduisent la crainte, comme s’il ne fallait pas qu’on les voie ici. Encore moins qu’on les reconnaisse.
L’une puis l’autre vont raconter, en plus des faits qu’elles ont subi, le quotidien de centaines de ces femmes d’origine chinoise se livrant à la prostitution dans la capitale. Une vie marquée par une banalisation de la violence, un culte du secret et une peur omniprésente des autorités — les deux victimes n’ont pas de titre de séjour.