Ayant quitté la base navale de Portsmouth le 22 avril, le Carrier Strike Group 25, emmené par le porte-avions HMS Prince of Wales, s’est déployé en Indopacifique dans le cadre de l’opération Highmast. L’occasion pour le CSG 25 de monter progressivement en puissance et de devenir enfin pleinement opérationnel.
Le retour au pays du groupe aéronaval britannique, le week-end dernier, a été l’occasion de nombreuses célébrations officielles et informelles dans tout le sud du Royaume-Uni, de la Péninsule de Lizard jusqu’à Norfolk. Outre le porte-avions lui-même et ses plus de 1500 personnels embarqués, le CSG 25 comprenait également de nombreux aviateurs, Royal Marines et personnels civils opérant depuis des bases diverses.
Une démonstration de puissance britannique, et européenne
Au départ de la mission, le HMS Prince of Wales était escorté par le destroyer HMS Dauntless, la frégate HMS Richmond, le sous-marin nucléaire d’attaque HMS Astute et plusieurs navires de soutien britanniques, mais également par la frégate canadienne HMCS Ville de Québec, la frégate norvégienne HNoMS Roald Amundsen ainsi que le ravitailleur HNoMS Maud, également norvégien. Au cours de son périple, le CSG 25 a intégré pour des périodes plus ou moins longues de nombreux navires issus de marines alliées. Le groupe aérien embarqué du porte-avions, au début de la mission, se composait de 18 avions à décollage court et appontage vertical F-35B et 9 hélicoptères Merlin, sans compter les autres hélicoptères présents sur les navires d’escorte, dont des AW159 Wildcat équipés de missiles antinavires Sea Venom.
Pour Londres, l’opération Highmast visait aussi bien à démontrer la capacité de la Royal Navy de projeter un groupe aéronaval complet jusqu’en Extrême-Orient que de centraliser des opérations interalliées complexes autour de ses porte-avions. Le fait qu’une frégate norvégienne ait suivi le HMS Prince of Wales sur l’intégralité d’un aussi long voyage est un signal fort envoyé par la Royal Navy auprès de ses partenaires otaniens et surtout européens.
Le CSG britannique pleinement opérationnel
L’un des objectifs de l’opération Highmast était également de valider la pleine capacité opérationnelle des groupes aéronavals britanniques articulés autour des nouveaux HMS Queen Elizabeth et HMS Prince of Wales. Pour cela, l’amirauté devait pouvoir compter à la fois sur un comportement nominal du porte-avions lui-même (ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé), mais aussi du groupe aérien embarqué. Le cahier des charges des porte-avions de la classe Queen Elizabeth portant sur l’embarquement de 24 chasseurs embarqués, les forces britanniques ont redoublé d’efforts afin de réaliser un tel exploit, sans avoir à recourir à l’embarquement de F-35B américains en renfort, comme ce fut précédemment le cas.
Pour pouvoir déployer 24 de leurs F-35B, les forces britanniques ont dû réduire certaines missions de formation des équipages.
L’emport et la mise en œuvre simultanée de deux douzaines de F-35B britanniques a donc eu lieu lors du trajet retour du CSG 25, le 6 novembre dernier, lors de son passage en Méditerranée en marge de l’exercice Falcon Strike. Outre les 18 chasseurs embarqués dès le mois d’avril, le HMS Prince of Wales a alors récupéré six appareils supplémentaires, validant de fait la pleine capacité opérationnelle du porte-avions. Pour l’anecdote, on notera d’ailleurs que, quelques semaines plus tard, le HMS Prince of Wales a reçu la visite de deux F-35B italiens, portant temporairement le nombre de chasseurs embarqués à bord à 26 avions, sachant que les Queen Elizabeth ont été lors de leur conception techniquement conçus pour accueillir jusqu’à 40 aéronefs, dont 36 F-35B. Un format hors de portée aujourd’hui compte tenu du nombre d’avions disponibles dans la Royal Air Force et la Fleet Air Arm, et qui n’est de toute façon sans doute pas optimal en matière de flux pour les opérations aériennes à bord.
Un retour en fanfare
Après s’être délesté de ses divers aéronefs et d’une partie de son escorte, le HMS Prince of Wales, encore accompagné du HMS Dauntless et de la frégate norvégienne HNoMS Roald Amundsen, est revenu à Portsmouth dimanche dernier dans l’après-midi, avec 24h d’avance sur le planning initial, pour des raisons météorologiques. Initialement, plus de 6000 proches devaient être réunis sur les quais de la base navale et aux alentours, ce qui aurait dû en faire l’un des plus grands retours au bercail que la Royal Navy ait connu en 20 ans. Mais la date avancée à la dernière minute n’aura pas permis à tout le monde de se rendre à temps dans le sud de l’Angleterre.
La foule s’était réunie à Portsmouth pour le retour des navires et de leurs équipages. © Royal Navy
Le navire amiral de la Royal Navy a cependant été accueilli en grande pompe, par plusieurs milliers de proches et de badauds, par les jets d’eau des remorqueurs et par plusieurs coups de canon en passant à proximité des fortifications des îles de Hoe et Drake. Ce déploiement de huit mois, qui a permis au CSG 25 et à ses équipages de parcourir plus de 40.000 milles nautiques, constitue un record pour un porte-aéronefs britannique moderne.
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