Le Medef, la CPME et l’U2P estiment qu’il faudrait faire davantage d’économies sur les ruptures conventionnelles.
Une fois n’est pas coutume, le patronat n’est pas content. Et il le fait savoir au gouvernement. Ce mardi 2 décembre, à la veille de la rencontre organisée entre Sébastien Lecornu et le président du Medef, Patrick Martin, et trois jours avant le début de la Conférence sociale sur le travail et les retraites, les trois organisations patronales représentatives ont envoyé un courrier à Matignon et au ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou.
Les organisations patronales dénoncent à l’unisson le manque d’ambition du gouvernement. Ce dernier souhaite que les négociations sur l’assurance chômage, qui commencent ce mercredi entre les partenaires sociaux, et portent notamment sur l’encadrement des ruptures conventionnelles, aboutissent à une économie de 400 millions d’euros. «Cet objectif nous semble en-deçà de ce qui est souhaitable», estiment les représentants patronaux qui rappellent que les ruptures conventionnelles coûtent chaque année 10 milliards d’euros, au point de devenir le premier poste de dépense de l’Unedic.
«Coup dur pour l’emploi»
Tout en redisant leur attachement à un dispositif «dont l’utilité n’est plus à démontrer pour nos entreprises», les patrons des patrons constatent «certaines dérives dans sa mise en œuvre, (…) faisant craindre une augmentation des cas d’abus». Assez pour les convaincre qu’il faut renforcer «le caractère incitatif à la reprise d’un emploi» de la rupture conventionnelle. Le patronat demande donc à Sébastien Lecornu de revoir ses ambitions à la hausse en diminuant le coût annuel de l’assurance chômage de 1 milliard d’euros. Notamment «en revisitant certains paramètres tels que ceux liés à l’indemnisation, et sans limiter la réflexion au seul sujet des ruptures conventionnelles».
Assurance-chômage : le gouvernement abandonne sa réforme, mais vise 400 millions d’économies en encadrant les ruptures conventionnelles
Quitte à prendre la plume, Amir Reza-Tofighi (CPME), Michel Picon (U2P) et Patrick Martin en profitent pour alerter le destinataire du courrier quant à certains projets portés par le gouvernement qui les chiffonnent. Ainsi de celui qui voudrait réduire les allègements de charge de 1,5 milliard d’euros. «Une telle mesure constituerait un coup très dur pour l’emploi, entraînant une hausse du taux de chômage et une augmentation plus limitée des rémunérations et du pouvoir d’achat», préviennent les chefs d’entreprise qui tirent également la sonnette d’alarme sur le sujet de l’apprentissage. «Les baisses de crédits envisagées (…) nous semblent délétères s’agissant de l’emploi des jeunes et de leur insertion durable sur le marché du travail», avancent-ils. Sébastien Lecornu a la nuit devant lui pour trouver de quoi rassurer le Medef.