Il était une fois, cette petite équipe d’Hyères-Toulon. Petite par le statut, mais grande d’âme et de courage. Apte, en tout cas, à terrasser un géant d’Élite, pour devenir peut-être le Petit Poucet en quart de finale de la coupe de France. Au basket, les exploits ne sont pas légion, mais impossible n’est pas varois. Ce groupe doit s’en convaincre et y croire dur pour la suite de son histoire. La science-fiction a côtoyé le thriller mais surtout le conte, ce mardi soir, face à un Dijon convalescent mais remonté (112-110 après prolongation).

John Roberson reste au HTV.

Les scénaristes n’auraient pas trouvé meilleur script. Ni meilleur prince charmant que John Roberson. Il mesure 1,80 m et porte soit des tresses soit une coupe afro. Qualifié de dernière minute, le meneur a encore guidé les siens, au terme d’un duel épique avec son vis-à-vis David Holston (1,67 m). Il a inscrit 31 points, dont : l’égalisation à une seconde de la fin du 4e quart et le tir de la gagne à une seconde de celle de la prolongation.

« Une grande soirée »

« C’est un joueur clutch, qui en a mis pas mal dans sa carrière », apprécie son coach, Stéphane Dumas, aux anges. Toute son équipe s’est mise au diapason, d’autant plus avec le forfait de Bensley Joseph, malade. Il y a eu une défense de dingues et une agressivité bien supérieure aux Bourguignons, en témoignent les trente lancers francs d’écart (48 à 18) !

Les hommes de Laurent Legname ont passé leur temps à courir après le score, creusé à trois reprises par les excellentes séquences varoises (38-27, 17e, 60-49, 25e, 80-68, 35e). Moses Greenwood (18 pts, 10 rebonds) et Elwin Ndjock (15 pts), en échec de loin, n’ont eu de cesse d’attaquer le cercle, portés par une équipe souveraine comme jamais dans la peinture. Le banc a apporté aussi, avec un Mathis Keita à 15 d’évaluation ou un Florian Pouaveyoun à 12.

Et puis il y a eu cet épilogue insensé : le HTV mène encore de dix longueurs à deux minutes de la fin (89-79). Avec l’énergie du désespoir, une presse-toute et les bras magiques de Holston, Owens ou Julien, Dijon égalise. Et après deux ballons perdus par Roberson, Barnett climatise le palais : 94-97, 1’’7 à jouer. Temps mort, remise en jeu de Keita pour Roberson : ficelle à 9 mètres. Le chauffage est remis pour la prolongation. Cinq minutes plus tard, le meneur martyrise le chrono et envoie un floater : 112-110, 1’’1 au chrono. Dijon a la balle de match, Hrovat shoote… sur le cercle. The end.

« Dans ce final, on donne un peu le bâton pour se faire battre, avec des ballons perdus. Leur presse-toute nous a gênés, mais on a mal exécuté. Il faut apprendre à mieux gérer quand on mène de dix points comme ça. C’est très spécial d’être à +10 puis d’avoir l’impression de perdre à une seconde de la fin. Mais c’était une grande soirée de basket, avec beaucoup d’émotion et de suspense », reprend Stéphane Dumas.

Son arrière, Maxim Eugene, hallucine aussi : « Je viens d’assister à un spectacle que je n’avais jamais vu de mes yeux. C’est un exploit. J’y ai cru dès le début, même si on était affaiblis. Mais on a un joueur extraordinaire, qui nous rend tous meilleurs (Roberson, Ndlr)… On a eu du répondant face à une équipe d’Élite, qui mettait des gros tirs. C’est notre sixième victoire de suite, quand on est nous-mêmes, pas grand-monde ne peut nous arrêter. »