Photo Insa

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Oyonnax (Ain) / Bi-injection : l’innovation qui redonne une valeur aux plastiques mal triés

Au cœur de la Plastics Vallée, le doctorant Ayoub Agourram, ingénieur en matériaux, mène à l’institut national des sciences appliquées (Insa) une recherche qui pourrait changer la vie des industriels du plastique : rendre utiles des déchets aujourd’hui presque toujours incinérés.

Sa méthode consiste à fabriquer une pièce avec un « cœur » issu de plastiques mélangés, recouvert d’une fine couche parfaitement contrôlée. Résultat : l’objet garde une belle finition et de bonnes performances, tout en intégrant une matière recyclée jusque-là inutilisable.

Cette approche permettrait de réduire le gaspillage, d’abaisser l’empreinte carbone et de limiter la dépendance au plastique vierge. Soutenus par le Programme d’investissement d’avenir, les travaux associent trois laboratoires de Lyon et Villeurbanne : IMP, MatéIS et LaMCoS. Une avancée très concrète pour un territoire industriel qui cherche à valoriser sa transition durable.



Francis Nappez, originaire d’Oyonnax et diplômé en 2000 d’un DUT Services et Réseaux de Communication obtenu à Grenoble. Photo Hectar

Francis Nappez, originaire d’Oyonnax et diplômé en 2000 d’un DUT Services et Réseaux de Communication obtenu à Grenoble. Photo Hectar

Lévis-Saint-Nom (Yvelines) / Francis Nappez : l’avenir de l’agritech entre IA, robotisation et communautés tech

Francis Nappez porte une vision renouvelée de l’agriculture numérique. Après avoir rejoint très tôt le groupe Iliad, puis pris en main l’architecture technologique de BlaBlaCar, il dirige aujourd’hui Hectar, un lieu hybride d’innovation dans les Yvelines accompagnant des startups où il expérimente à grande échelle l’usage de l’intelligence artificielle et de la robotisation au service des exploitations agricoles.

L’innovation y est concrète : assistants IA pour structurer automatiquement les opérations du quotidien, outils prédictifs pour améliorer les décisions, et premiers cobots (robots collaboratifs d’assistance) capables de suivre l’agriculteur dans les parcelles afin de réduire la pénibilité.

Sur la ferme pilote, chaque production génère de la donnée valorisable, tandis que capteurs de biodiversité et organisation du travail sont repensés pour rendre les fermes plus attractives. Cofondateur de Tech Rocks, communauté qui fédère plus de 2500 directeurs techniques en France, tous secteurs confondus, et en mobilise près de 500 de façon active, Nappez défend un modèle de partage d’expériences où le collectif devient un levier d’efficacité.



Laurence Lafanechère, conseillère scientifique, et Philippe Bordeau, PDG de Saxol. Photo Le DL

Laurence Lafanechère, conseillère scientifique, et Philippe Bordeau, PDG de Saxol. Photo Le DL

Grenoble (Isère) / Molécule française contre les neuropathies : une avancée majeure

Une équipe de l’Université Grenoble Alpes (UGA), menée par Laurence Lafanechère, directrice de recherche au CNRS et conseillère scientifique de la start-up biotech Saxol, a identifié une molécule innovante pour prévenir les neuropathies périphériques, qui touchent jusqu’à 90 % des patients sous chimiothérapie.

Publiés dans la revue Science Advances, ces travaux dévoilent Carba1, un composé capable à la fois de protéger les neurones et de renforcer l’efficacité de certains anticancéreux. En agissant sur les microtubules et le métabolisme énergétique neuronal, Carba1 limite la dégénérescence induite par les traitements tout en permettant d’en réduire les doses.

Soutenue par la Satt Linksium, Saxol conduit désormais son développement vers les études cliniques, ouvrant la voie au premier traitement préventif de ces atteintes nerveuses invalidantes.

Paris / Acquisition de Malizen par Wallix et lancement du Radar souverain de cybersécurité

Wallix, entreprise française fondée en 2003 et cotée sur Euronext, figure parmi les spécialistes européens de la protection des identités et des accès. Elle renforce sa stratégie en rachetant Malizen (pour 1,6 M EUR en actions), start-up rennaise issue de la recherche publique INRIA, dont la technologie d’analyse automatique des comportements aide à repérer plus tôt les usages anormaux et à prévenir les attaques.

Cette intégration met l’intelligence artificielle au service d’outils plus simples à utiliser, pensés pour des organisations confrontées à un nombre d’accès numériques toujours plus élevé. Jean-Noël de Galzain, dirigeant de Wallix et président d’Hexatrust (groupement qui réunit les entreprises françaises et européennes de la cybersécurité et du cloud de confiance) présentera, le 9 décembre, dans la capitale, le Radar des solutions souveraines conçu avec le Club des experts de la sécurité de l’information et du numérique (CESIN).

Fondé sur le cadre méthodologique du National Institute of Standards and Technology (NIST), cet outil aidera entreprises et administrations à repérer plus facilement des offres européennes fiables pour mieux protéger leurs environnements numériques.

Paris / Quantique et cybersécurité : agir aujourd’hui ou doubler la facture dans 10 ans ?

Dans un nouveau rapport thématique, le Boston Consulting Group (BCG) détaille un scénario très concret : dès 2035, un ordinateur quantique suffisamment puissant pourrait casser les codes qui protègent aujourd’hui nos transactions bancaires, nos dossiers médicaux ou les identités en ligne.

Cette rupture ouvrirait la voie à des attaques massives. À court terme, des États pourraient espionner des communications confidentielles ou manipuler des informations sensibles.

Vers 2040, des réseaux criminels seraient capables de vider des comptes bancaires, de pirater des bases de données d’identité ou d’obtenir des informations médicales protégées. Plus grave encore, des groupes terroristes pourraient saboter des réseaux électriques ou l’approvisionnement en eau en s’attaquant aux systèmes industriels chiffrés avec les standards actuels.

L’innovation du rapport est de quantifier cette menace : pour une grande entreprise dotée d’un budget tech d’un milliard d’euros, la mise à niveau cryptographique coûte environ 25 millions aujourd’hui… mais 50 millions si elle attend 10 ans. Le message se veut explicite : les données échangées maintenant pourront être décryptées plus tard, d’où la nécessité d’agir pour éviter une explosion des risques et des coûts.



Pierre-Alexandre Mattei. Crédit Université Côte d'Azur

Pierre-Alexandre Mattei. Crédit Université Côte d’Azur

Alpes-Maritimes / L’avenir de l’IA se discute au soleil

Au SophI.A Summit 2025, évènement académique organisé par l’Université Côte d’Azur, qui a réuni près de 300 chercheurs et étudiants du 19 au 21 novembre, l’intelligence artificielle s’est dévoilée sous un jour plus lucide, confirmant Sophia Antipolis comme l’un des campus pluridisciplinaires où la théorie rencontre la création et le développement d’entreprises.

Au cœur de cette dynamique, le chercheur Inria Pierre-Alexandre Mattei, coorganisateur scientifique, a orchestré un dialogue rare entre mathématiciens, cliniciens, ingénieurs, économistes et entreprises. L’édition 2025 marque un tournant : les grands modèles de langage (LLM) sont sortis du registre « magique » pour être confrontés à leurs limites ; les applications IA en santé montrent leurs gains tangibles, et l’inférence causale émerge, tel l’un des champs les plus prometteurs pour des usages plus fiables.

Même la découverte de molécules par IA, longtemps fantasmée, est réévaluée sous l’angle du réalisme scientifique. On y a présenté une IA ancrée dans les pratiques (comme la lutte contre les vidéos hypertruquées en IA), et surtout « partageable » (via la science ouverte — open science — et des modèles déployables localement) pour répondre aux enjeux de souveraineté et de protection des données. Le SophI.A Summit confirme ainsi une tendance : l’avenir de l’IA se construit dans la collaboration exigeante entre la recherche et les usages.

L’agenda

Paris La Défense (CNIT Forest) : FOST – Future of Software Technologies
Du 9 au 11 décembre, FOST réunira l’écosystème européen du logiciel et de l’intelligence artificielle pour 3 jours de décryptage des mutations technologiques. Trois évènements en un : APIdays (dédié aux API), GenerationAI (pour l’IA) et Green IO (pour la tech durable), l’ensemble des salons abordera notamment les perspectives de l’IA, la gouvernance numérique et l’innovation responsable. Démonstrations en direct, sessions techniques et retours d’expérience d’acteurs majeurs rythmeront cette édition pensée comme un carrefour stratégique pour anticiper les usages émergents.
www.generationaiconf.com/events/paris

 

Paris (Cité des sciences et de l’industrie) : Open Source Experience
Les 10 et 11 décembre, Open Source Experience mettra en lumière l’univers tech libre comme levier d’autonomie stratégique européenne. Plus de 130 conférences et 150 intervenants présenteront les avancées en IA ouverte, cybersécurité, cloud et data. L’événement rassemblera entreprises, institutions et communautés techniques pour montrer concrètement comment les standards ouverts soutiennent une innovation souveraine et collaborative.
www.opensource-experience.com

 

Grenoble (EPN Campus) : CARAC 2025
Le 11 décembre, CARAC invitera chercheurs et industriels autour de la caractérisation avancée des matériaux pour la microélectronique. Ce rendez-vous, dédié aux techniques X, neutroniques et d’imagerie, présentera 10 ans de progrès issus de PAC-G et les apports de ces outils pour analyser défauts, fiabilité et performances des composants nouvelle génération, des puces quantiques aux architectures hétérogènes.
workshops.ill.fr/event/544

 

Grenoble (Maison Minatec) : END’25 — Électronique et numérique durables
Le 16 décembre, END’25 poursuivra la dynamique engagée autour d’un numérique responsable. Chercheurs, ingénieurs et industriels dévoileront 43 contributions sur les méthodes, outils et démonstrateurs permettant de repenser toute la chaîne de valeur électronique dans une logique de sobriété environnementale et de performance durable.
irtnanoelec.fr/symposium-electronique-et-numerique-durables