«Si les meilleurs partent les premiers, pourquoi je suis toujours en vie ? », se demandait Booba dans Les meilleurs. On peut se poser une question similaire sur la présence du rappeur sur les réseaux sociaux. Malgré plusieurs incitations au harcèlement ou clashs qui virent à l’insulte, comment Elie Yaffa (de son vrai nom) continue d’échapper au bannissement permanent ? Alors que s’ouvre ce mercredi son procès pour cyberharcèlement et injure discriminatoire envers la journaliste Linh-Lan Dao et l’essayiste Tristan Mendès France.
Booba sait pourtant qu’il flirte souvent avec les limites. En janvier 2020, Instagram a supprimé son compte officiel, l’accusant de violer les règles de la communauté en partageant des vidéos intimes d’un autre rappeur, Fianso – du revenge porn, que Booba minimisait en « une histoire de fesses ». Mais son parcours sur le réseau social de Meta ne s’arrête pas là. Il avait recréé son compte une première fois, qui avait été de nouveau fermé en décembre de la même année, après des clashs avec Roff, Vitaa, Benash.
Booba s’était alors rabattu sur d’autres comptes liés à ses activités, comme celui de son label @lapiraterieofficial. Ils seront à l’heure tour fermé par Meta, d’abord en janvier 2021 après une injonction en justice réclamée par Demdem, influenceuse et ancienne compagne du chanteur Gims. Un autre en juillet de l’année suivante, après une décision de justice réclamée par Magali Berdah, influenceuse issue du monde de la télé-réalité et cible de harcèlements répétés par Booba. Le rappeur affirmait que l’entreprise d’événementiel de Magali Berdah faisait partie d’un réseau d’escroquerie. Une affaire à laquelle on doit le terme « influvoleurs ».
L’éternel retour de Booba
Le tribunal reconnaîtra par la suite que la décision de suspendre le compte Instagram de Booba doit être rétractée, mais se déclare incompétent pour faire rétablir celui-ci. Dans les mois qui suivent, plusieurs comptes sous différents alias (boobaghost, elieyaffaofficiel…) reviennent sur la plate-forme, avant de finir à leur tour bannis, souvent après un clash. Aujourd’hui, c’est le compte @piratefinal qui a pris le relais. Sur X, son compte a déjà été restreint, dont une fois en janvier 2022, officiellement pour des « propos violant les politiques de la plateforme ». Mais il est toujours actif aujourd’hui et rassemble 5,8 millions d’abonnés.
Le cas Booba cristallise les difficultés majeures des réseaux sociaux à réguler les utilisateurs influents. Malgré l’arsenal d’outils avancés par les plateformes, ces sanctions restent souvent temporaires, partielles, ou contournables par des comptes alternatifs ou des rebrandings. Magali Berdah avait associé à sa procédure envers Booba une plainte contre différents réseaux sociaux pour « complicité de harcèlement moral aggravé ». D’après elle, les plateformes ont contribué à la diffusion massive de messages haineux en maintenant l’accès à Booba à ses comptes.
Une modération de moins en moins stricte sur X
Et encore faut-il que les plateformes veuillent modérer. Depuis son rachat par Elon Musk en 2022, X, anciennement Twitter, a évolué dans sa politique de modération, devenant beaucoup plus laxiste face au harcèlement, mais aussi aux propos problématiques en tous genres.
Si la justice des réseaux semble avoir tranché pour une forme de réintégration, Booba n’en a pas fini avec les vrais tribunaux. En plus du procès de ce mercredi, il reste aussi mis en examen dans des affaires de harcèlement contre Magali Berdah, mais aussi contre Demdem. Si la piraterie n’est jamais finie, les passages au tribunal non plus.