En politique, c’est pareil. Le Lyonnais préférera toujours le parler vrai aux discours aseptisés de multi-conseillers coupés de la vie réelle.
Grégory Doucet, lui, est arrivé persuadé qu’être Parisien, c’était une carte de visite. Qu’à Lyon, il suffisait d’enfourcher un vélo, de dire “mobilité douce” et d’installer un étendage à Bellecour pour conquérir le cœur des habitants.
Mais ça ne marche pas comme ça. Le gone, ça ne s’achète pas, ça ne se séduit pas avec des slogans. Et surtout : ça ne se prend pas de haut.
Car voilà le vrai problème : ces politiques importés de Paris n’ont jamais vu les drames locaux.
L’insécurité ? “Normal”, ils l’ont avalée quotidiennement entre deux métros bondés. Les bouchons ? Pour eux, c’est une récréation : à Paris, un embouteillage, c’est en continu.
Alors ils regardent Lyon et se disent : “Mais enfin, de quoi vous vous plaignez ? Nous, on a vécu pire.” Vos problèmes ne sont pas des problèmes : vous avez juste dix ans de retard sur leur vision du monde.
Résultat : ils débarquent avec leur morgue, leur ton professoral et la certitude de devoir “éduquer les gones”. Comme si Lyon était une école primaire et eux les maîtres venus distribuer la lumière du prophétique.
On parle sécurité ? Ils répondent urbanisme apaisé.
On parle trafic ? Ils vous sermonnent sur l’urgence climatique.
On parle vécu ? Ils ne répondent plus : ils sont déjà repartis.
Et s’il fallait une seule image pour résumer ce gouffre culturel, elle est gravée dans les mémoires : Grégory Doucet arrivant… habillé en vert. Oui, vert. La couleur de Saint-Étienne. À une cérémonie de l’Olympique Lyonnais. Il faut le faire. Il faut même le vouloir.
À Lyon, se pointer en vert pour honorer l’OL, c’est une faute professionnelle.
Je ne comprends toujours pas que l’équipe n’ait pas fait demi-tour dans la minute.
Ici, le vert, on l’accepte uniquement sur la pelouse — et on marche dessus.
Pendant que les Parisiens s’emmêlent les couleurs, les symboles et le bon sens, un autre avance tranquillement, sûr de ses appuis : Jean-Michel Aulas.
Lui parle la langue locale.
Lui connaît la ville.
Lui sait ce que signifie être lyonnais — pas juste l’écrire dans un paragraphe de programme.
Aulas n’a même pas eu besoin de forcer. Les Parigots lui ont déroulé le tapis rouge en accumulant maladresses, sermons et erreurs culturelles. Résultat : il caracole en tête des sondages comme un attaquant seul face au but. Un penalty sans gardien.
Alors oui, on aime bien les Parisiens à Lyon… à condition qu’ils deviennent vraiment Lyonnais Et pour ceux qui rêvent encore de s’installer ici sans comprendre la ville, ses codes et ses habitants, on a une expression vieille comme les pierres de Fourvière : Parigots, têtes de veau.
Farid Ben Moussa
Conseiller municipal de Vénissieux