Par

Cédric Nithard

Publié le

3 déc. 2025 à 11h21

Le groupe des écologistes de Manu Reynaud n’est plus seul dans la campagne municipale à Montpellier à défendre le bilan de la majorité conduite par Michaël Delafosse. Place Publique et le Parti Radical de Gauche (PRG) plaident en faveur des politiques menées et sont prêts à repartir avec le maire socialiste. En attendant que celui-ci dévoile officiellement ses intentions, eux affirment les leurs. « Fiers de nos réalisations, nous affirmons que notre place est dans un rassemblement de la majorité de gauche et nous souhaitons poursuivre l’expérience pour parfaire ce que nous avons engagé il y a maintenant six ans » résument Christophe Bourdin et Michel Aslanian.

La majorité se met en ordre de bataille

La parole est à la défense serait-on tenté de dire. Mise sur le banc des accusés par l’ensemble des candidats déclarés ou non de ces municipales à Montpellier, la majorité commence à passer à l’offensive. Si Manu Reynaud et son groupe des écologistes, suspendus par leur parti, courent dans tous les sens, telle une poule décapitée pondant une proposition par jour en ne sachant plus trop s’ils préparent la campagne de la majorité, s’ils cherchent à retrouver les bonnes grâces de Marine Tondelier et des Écologistes ou s’ils proposent réellement en « libre accès » leurs idées aux autres candidats, voire les trois en même temps, Place Publique et le Parti Radical de Gauche, certes plus modestes en nombre de militants, offrent un message plus clair.

« On ne sait pas si Michaël Delafosse sera candidat, ce que l’on sait c’est ce qui a fonctionné, donc on souhaite que cela se poursuive avec cette majorité plurielle. Jusqu’à présent, on n’a pas vu un autre parti de cette majorité prendre la parole » justifie Christophe Bourdin, chef de file de Place Publique à Montpellier. Il est vrai que pour l’heure, les autres composantes étaient plutôt discrètes mais le plan de bataille semble se mettre en branle. Outre donc le groupe des écologistes « parias » de Manu Reynaud, qui d’ailleurs présentera samedi son choix pour le premier tour et le bilan des ses concertations, Le Parti Animaliste et Génération Écologie s’exprimeront ensemble jeudi, tandis que les Communistes devraient suivre d’ici peu. Un conditionnel de circonstance s’imposant, que feraient-il si Michaël Delafosse décidait de ne pas repartir. « Nous n’avons pas de plan B. Mais le plan A est un bon plan » rigole Christophe Bourdin. Michel Aslanian du PRG est lui plus direct dans l’intention de ce rendez-vous avec la presse : « À force de lire tout ce que les candidats officiels ou non officiels disent, ce n’était plus possible. Il fallait que l’on dise ce que l’on a fait et que l’on est d’accord pour repartir avec cette majorité plurielle avec qui cela s’est super bien passé depuis six ans ». 

Défense du bilan

Car les deux, élus au sein de la majorité tiennent à défendre leur bilan face aux attaques des différents candidats. « En 2019, j’avais dit que Michaël Delafosse pouvait être un grand maire. Aujourd’hui, ayant vécu de l’intérieur, je peux le dire, Michaël Delafosse est un grand maire et sera un très grande maire, il va révolutionner Montpellier comme Georges Frêche en son temps » ne tarit pas d’éloge Michel Aslanian. Et s’il songeait que deux mandats auraient été nécessaires pour accomplir le programme, il revient sur ses propos d’il y a six ans : « On a fait la quasi totalité du programme en un mandat. C’est beaucoup de travail, d’énergie et de passion mais aujourd’hui quand je me présente devant les électeurs je suis absolument fier d’avoir tenu la quasi totalité des engagements ».  Ce dernier insiste sur deux points en débutant : « Il faut arrêter de parler de laïcité, il faut faire de la laïcité. La façon dont Michaël Delafosse a entrepris ce combat a été extraordinaire. En 2023, il a reçu le prix national de la laïcité et nous avons fait des choses concrètes ». Mention sur les écoles, charte de la laïcité, soutien scolaire, école Samuel Paty… « À Montpellier, nous avons décidé de prendre les choses en main et je suis très fier de ce que nous avons fait sur la laïcité » insiste le responsable du PRG.

Sur le développement économique, Michel Aslanian évoque un travail « moins visible pour le grand public », mentionnant que « le temps économique est un temps long », et, par ailleurs délégué aux finances de la Ville, observe : « Nous avons mis en place le socle pour le futur : MedVallée, l’agence des transitions, le foncier que nous pré-emptons pour implanter des entreprises… Ce que nous avons fait, c’est établir un écrin en velours magnifique. Nous avons la totalité des choses pour qu’une entreprise ait envie de s’implanter ou de se développer. Nous devons maintenant mettre des diamants dans cet écrin magnifique qu’est aujourd’hui Montpellier ». 

Vidéos : en ce moment sur Actu« un maire chef d’orchestre »

Ayant fait l’éloge du bilan matière d’écologie ou de social, Christophe Bourdin évoque également la sécurité : « Nous sommes un parti de gauche mais nous n’avons pas peur d’en parler. Ce n’est pas un mot tabou pour nous, bien au contraire car c’est un mot que nous devons nous approprier pour ne pas le laisser à d’autres partis plus sectaires ». Ce dernier se félicite également des grands chantiers opérés et se projette : « Nous souhaitons que les Montpelliérains profitent maintenant de tous ces bouleversements qui ont eu lieu dans la ville. La ville a été bousculée, c’est certain, mais elle a été bousculée pour son bien. Nous souhaitons que dans la future majorité municipale, les Montpelliérains puissent profiter de cet apaisement. Nous avons aujourd’hui besoin d’apaisement dans notre vie sociétale ». Christophe Bourdin ajoute une exigence à ce futur mandat quant à la démocratie participative : « Nous devons aller plus au contact des Montpelliérains pour qu’ils nous posent des questions et réalisent le mandat avec nous. On est tous dans le même bateau et ce bateau doit voguer de manière paisible ». Lui aussi ne tarit pas d’éloge quant au capitaine de ce bâteau : « Michaël Delafosse est un maire chef d’orchestre de tout cela, qui a incarné sa ville et vit sa ville. Michaël Delafosse vit Montpellier ».

Un bateau qui subit toutefois le remous de l’opposition qui attaque notamment quant aux finances de la ville, certains laissant même planer le spectre d’une mise sous tutelle. « Je lis beaucoup de choses qui racontent n’importe quoi. La situation financière de la Ville de Montpellier, je le dis, je le répète, je l’ai démontré et les chiffres sont là, est saine. Pendant trois ans, nous avons été certifié par un commissaire aux comptes » appuie Michel Aslanian qui complète : « Sur la Métropole, les choses sont différentes, mais sur la Ville notre niveau d’endettement à 6,9 années de remboursement, nous permet de continuer à investir. Le travaux comme le tramway, c’est la Métropole. Nous nous avons par exemple créé et rénové des écoles, travaillé sur les crèches… tout ça on va le continuer. Sur le plan de la Ville, strico sensu, nous continuerons à investir ». Le délégué aux finances ne manque pas de souligner également un rattrapage : « Non seulement nous avons investi sur le futur mais on a été obligés de réparer des choses qui n’ont pas été entretenues par les mandatures précédentes. C’est ça qui a donné cette impression de surinvestir. Mais sur le fond, une collectivité qui n’investit pas, ce n’est pas une collectivité. Si nous nous ne refaisons pas les écoles, vous croyez que c’est l’État qui va le faire ? Une collectivité doit s’endetter pour les investissements. C’est de la bonne gestion. On ne gère pas une collectivité comme on gère son propre budget ».

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Un rassemblement de « cohérence »

Regardant le contexte national et international, Inbal Benayon, référente départementale de Place Publique pointe : « Au niveau local, on doit continuer à rester unis et à porter une voix forte de gauche républicaine. Nous avons vu Montpellier effectuer des avancées qui sont au coeur de nos valeurs. Les politiques menées durant le mandat de Michaël Delafosse ont été des marqueurs pour nous et montrent qu’il existe un socle commun avec toujours une volonté d’agir, de transformer, de protéger et tout cela dans le respect de la République et de l’intérêt général. C’est sur cette base et cette dynamique que nous nous inscrivons ».

Si Place Publique et le PRG souhaitent maintenir la majorité actuelle, dont il serait surprenant que ses composantes fassent un autre choix que de repartir avec le Parti Socialiste, les deux partis ne sont contre la voir s’agrandir. Reste que les options s’avèrent limitées compte tenu des propositions, dont tous ceux à gauche se positionne contre Michaël Delafosse, qui s’offrent aux électeurs. « Personnellement, je souhaite que l’on s’ouvre au plus de monde possible qui soient fidèles à nos valeurs. On est au service des Montpelliérains dans un cadre de valeurs communes. À partir de ce moment-là, à part les extrêmes, personnellement je peux travailler avec n’importe qui : Perrein, Mirallès, Saurel… Mais travailler, c’est à dire au sein d’un exécutif pour amener de l’intelligence et du temps pour que cette ville soit encore plus belle et plus productive» explique Michel Aslanian qui stipule bien que c’est le PS qui reste maître de la composition de la liste. Si la porte est encore ouverte pour Jean-Louis Roumégas et les écologistes, le responsable du PRG est par ailleurs très clair vis-a-vis de La France Insoumise : « Ils ne portent pas les mêmes valeurs que moi. Je porte des valeurs de gauche inscrites depuis Jaurès et aujourd’hui je ne les retrouve pas chez ses incendiaires qui mettent même la République en péril. Ce sont des gens avec qui je ne travaille pas. On n’est pas sur la même planète ». Partageant ce point de vue, Inbal Benayon poursuit : « Vous entendez régulièrement Raphaël Glucksman, on a une ligne très claire. Pas d’alliance avec La France Insoumise ».

La référente départementale de Place Publique plaide ainsi : « Il existe déjà un vrai socle commun : républicain, écologique, féministe, social et démocratique. Ce n’est pas un socle théorique, il a produit des résultats. Ce socle on veut le renforcer aujourd’hui. Si Michaël Delafosse sollicitait à nouveau la confiance des Montpelliérains, bien évidemment on se range à ses côtés car il représente le candidat idéal. Nous appelons à un rassemblement de la gauche républicaine à Montpellier autour de valeurs fortes, concrètes et utiles à tous les habitants. Cet appel au rassemblement n’est pas un choix de circonstance, c’est un choix de cohérence ». Reste que dans une gauche éclatée en une douzaine de partis, la cohérence est justement ce que le électeurs ont sans doute le plus de mal à trouver.

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