Les médicaments à éviter voire à proscrire en 2026.La liste détaillée avec tous les noms, les indications et les justifications est disponible directement sur le site de Prescrire. © Freepik

Chaque fin d’année, la revue Prescrire publie sa mise à jour des médicaments “à éviter”. L’objectif n’est rien de moins que d’aider médecins et patients à s’y retrouver parmi les traitements dont la balance bénéfices-risques pencherait du mauvais côté.

En 2026, pas de révolution, la liste reste longue (entre 108 et 110 médicaments) et globalement stable

Médicaments : quelles sont les quatre nouvelles molécules à éviter ?  Le fézolinétant (Veoza°) : la nouvelle promesse anti-bouffées de chaleur… qui déçoit

Présenté comme une avancée majeure pour les femmes en quête d’alternatives aux traitements hormonaux, le fézolinétant est arrivé sur le marché français avec la promesse de calmer les bouffées de chaleur de la ménopause, un symptôme qui touche jusqu’à 80 % des femmes selon les données de santé publique.

Mais une fois passé le vernis de l’innovation, Prescrire adopte une lecture beaucoup plus prudente. La revue souligne que les bénéfices cliniques observés dans les études restent très limités, au point que l’efficacité est qualifiée de « modeste, voire incertaine ». 

Le point le plus préoccupant reste toutefois celui de la toxicité hépatique. Certains essais et signalements post-commercialisation ont montré des atteintes sévères du foie, poussant les autorités sanitaires, notamment l’ANSM, à renforcer leur vigilance.

Le géfapixant (Lyfnua°) : la toux chronique, oui, mais sans perdre le goût

Le géfapixant, commercialisé sous le nom de Lyfnua°, était attendu pour les personnes souffrant de toux chronique réfractaire, une affection parfois invalidante qui perturbe le sommeil, l’activité sociale et même la vie professionnelle.

Ce médicament inaugure une nouvelle classe thérapeutique, en ciblant les récepteurs P2X3 impliqués dans le réflexe de toux. Mais dès les premières évaluations cliniques, un problème de taille s’est imposé les troubles du goût. Près de 50 % des patients ressentent des altérations parfois sévères du goût : aliments “sans saveur”, arrières-goûts métalliques, voire perte totale du goût (ageusie). Et ces effets peuvent durer, perturber l’alimentation, provoquer une perte de poids, et surtout altérer profondément la qualité de vie.

À cela s’ajoute une efficacité limitée du géfapixant. Les études montrent une réduction de la fréquence de toux, certes, mais souvent jugée insuffisante pour compenser des effets indésirables aussi lourds.

La chondroïtine (Chondrosulf° et autres) : l’arthrose ne lui dit pas merci

La chondroïtine, présente dans de nombreux produits destinés aux personnes souffrant d’arthrose, jouit depuis longtemps d’une image rassurante. D’origine naturelle, vendue parfois comme complément alimentaire, elle est aussi proposée sous forme de médicament, notamment dans le Chondrosulf°. 

On la trouve dans les armoires à pharmacie comme une solution de fond supposée “nourrir le cartilage” et freiner la progression de la maladie.

Mais la revue estime que la chondroïtine n’apporte pas de bénéfice clinique solide. Ni diminution notable de la douleur, ni véritable ralentissement de la dégradation articulaire. 

Aussi, la chondroïtine peut provoquer des réactions allergiques sévères. Toutefois, ces manifestations restent rares (urticaires importants, œdèmes, voire réactions anaphylactiques).

La diosmectite (Smecta°) : un incontournable des pharmacies

Si vous avez déjà attrapé une gastro, il y a de fortes chances que le nom Smecta° vous soit familier. Ce traitement à base de diosmectite fait partie de ces médicaments “réflexes”, achetés sans trop réfléchir dès que surviennent diarrhées ou troubles digestifs. 

Pourtant, selon ses analyses, la diosmectite n’apporte pas de bénéfice clinique solide dans la prise en charge des diarrhées aiguës chez l’adulte, et son efficacité serait très proche de celle d’un placebo.

Par ailleurs, certaines analyses ont montré la présence possible de plomb à l’état de traces, issue de la structure même de l’argile utilisée dans sa fabrication. Si les concentrations détectées sont faibles, Prescrire rappelle que l’absorption chronique de plomb, même minime, n’est jamais souhaitable, surtout chez les populations vulnérables.

Médicaments à proscrire : et le reste de la liste noire ?

La liste complète compte entre 108 et 110 médicaments, dont près de 90 encore commercialisés en France. On y retrouve des noms très connus du grand public, souvent utilisés depuis longtemps :

  • des antitussifs inefficaces, comme le Toplexil° (oxomémazine), faute de bénéfice réel et en raison d’effets indésirables disproportionnés.
  • des anti-inflammatoires plus dangereux que leurs alternatives, comme le Voltarène° (diclofénac), AINS dont le risque cardiovasculaire est plus élevé que celui d’autres options comme l’ibuprofène ou le naproxène.
  • certains antidiabétiques, comme le Januvia° (sitagliptine), une gliptine pour le diabète de type 2, que Prescrire considère comme un médicament à écarter en raison d’effets indésirables jugés disproportionnés au regard de son bénéfice.
  • des sirops, comme le Maxilase° (alpha-amylase), sirop très utilisé pour les maux de gorge, sans efficacité démontrée au-delà du placebo.
  • et même des traitements gynécologiques comme Livial° (tibolone), un traitement hormonal de la ménopause classé parmi les médicaments à écarter

La revue Prescrire précise ne viser ni les laboratoires, ni les prescripteurs, mais souhaite éclairer le public et encourager des choix thérapeutiques plus sûrs. À noter aussi qu’il ne fait jamais interrompre un traitement seul. 

À SAVOIR 

En France, tout patient peut déclarer un effet indésirable lié à un médicament directement sur le portail officiel du Ministère de la Santé, géré par l’ANSM : signalement.social-sante.gouv.fr. Ces déclarations permettent aux autorités de repérer rapidement les traitements problématiques et d’améliorer la sécurité des soins.

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