TSAR DE TOUTES LES ROUERIES. Du Poutine dans toute sa splendeur. Le président russe a laissé mariner hier les émissaires américains Steve Witkoff et Jared Kushner plusieurs heures dans les rues de Moscou avant de les recevoir pour parler paix en Ukraine. Face à eux, il a fustigé les “actions destructrices” des Européens — qu’il avait avertis un peu plus tôt : “Nous n’avons pas l’intention de déclarer la guerre à l’Europe, mais si l’Europe le souhaite et commence, nous sommes prêts dès maintenant.” Puis son conseiller diplomatique Iouri Ouchakov a salué, à la sortie de la réunion, des discussions “utiles et constructives”, comme le racontent (en anglais) mes collègues Eva Hartog and Sascha Roslyakov.
Enfin prêt ? En attendant des avancées concrètes sur le front diplomatique, l’Europe espère conclure sur la mobilisation des avoirs russes gelés. En ce mercredi 3 décembre 2025, la Commission doit présenter le plan qui vise à surmonter l’opposition de la Belgique et offrir un prêt de 140 milliards d’euros à Kiev. Bon réveil à tous.
BUDGET DE LA SÉCU
CHANGEMENT DE PROGRAMME. Tiens, tiens, le gouvernement aurait-il ressenti le besoin d’avoir un poil plus de temps ? Amélie de Montchalin a annoncé au mitan de la nuit le report d’un sacré morceau du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, dont l’examen a repris hier en nouvelle lecture à l’Assemblée nationale. Initialement prévue au menu des députés dès cet après-midi, la hausse de la CSG sur les revenus du capital sera finalement discutée au terme de la partie recettes du PLFSS, a précisé la ministre des Comptes publics. Donc plus tard dans la semaine.
Le pourquoi du comment : c’est une des mesures (dont on vous parlait vendredi), “où tout reste encore à faire”, “sur lesquelles ça va coincer le plus”, reconnaissait un conseiller de l’exécutif en filant vers son dîner hier.
**Un message de Spiko : Patriotisme financier : Spiko vous permet de placer votre trésorerie dans des bons du Trésor français. La France a besoin de se financer, et nous avons besoin de faire fructifier notre épargne ou notre trésorerie : tout le monde y gagne ! On se lance ?**
Résumons : les socialistes y tiennent, moins pour le gage “justice fiscale” qu’elle pourrait représenter que pour son rendement, estimé par eux à 2,8 milliards d’euros par an, nous ont exposé deux députés PS. Les Républicains en ont fait leur “principal irritant”, nous rappelait en fin d’après-midi une source au groupe Droite républicaine ; et Horizons ne veut pas non plus de cette hausse de fiscalité.
VOILÀ CE QUE T’ES. Horizons, justement, et son président Edouard Philippe étaient les stars de la journée d’hier. Au point de déclencher ce cri du cœur d’un ministre Les Républicains, qui découvrait l’alerte info alors qu’il déjeunait avec mon collègue Nicolas Camut — attention les oreilles chastes — : “quel connard.” Et puis : “C’est dingue”, “on n’aura pas de budget”.
Objet de son seum : l’annonce par les députés philippistes, au nombre de 34, qu’ils voteraient contre, ou au mieux qu’ils s’abstiendraient, lors du scrutin de mardi prochain sur le PLFSS. Impossible pour eux de laisser passer un texte contenant “l’inverse” de ce qu’ils défendent, à savoir une fiscalité alourdie et la suspension de la réforme des retraites, justifiait dans l’après-midi Grégoire de Lasteyrie, maire de Palaiseau et membre du bureau politique d’Horizons.
Oupsi. De quoi menacer considérablement l’adoption du PLFSS, déjà mal emmanchée. Le PS refuse toujours d’envisager publiquement un vote “pour” et notre source LR n’imagine pas son groupe faire mieux que “se partager entre pour et abstention”, et encore, seulement en cas de non augmentation de la CSG.
Calmos. Sébastien Lecornu himself a réagi devant ses collaborateurs dans l’après-midi, s’est fait raconter Playbook par une source ayant ses oreilles à Matignon. En substance : le Premier ministre a bien compris qu’Edouard Philippe voulait se positionner et ne pas lui offrir sur un plateau des capacités d’action, “mais c’est pas pour autant que [le Havrais] est obligé de planter le budget”, nous résumait notre interlocuteur. “Il faut lui faire passer le message : ne ‘confonds pas les échéances’”, poursuivait-il, à savoir la présidentielle de 2027 et le budget 2026. Dont l’adoption “ne fera pas de Sébastien Lecornu une star, ça reste un PM qui finira cramé quoi qu’il arrive”, pronostiquait-il encore.
Mise en application du message-à-faire-passer, dans la soirée par un collaborateur gouvernemental dans notre cellulaire : “Les Français sont suffisamment intelligents pour comprendre que ce budget aura été adopté dans des conditions très particulières, il n’est en rien le programme présidentiel d’Edouard Philippe.”
Y CROIRE ENCORE. Et si le coup d’éclat d’Horizons n’était qu’un coup de pression, au moment où la nouvelle lecture débute, pour obtenir des victoires dans la négociation ? C’est ce qu’espéraient encore plusieurs conseillers macronistes sondés hier (dont celui que nous citions plus haut).
Mais-mais-mais satisfaire à leur demande numéro un, la non-suspension de la réforme des retraites, reviendrait à renoncer à la recherche du compromis avec les socialistes, et donc à condamner définitivement le budget de la Sécu.
Revoilà le 49.3. Un député philippiste reconnaissait lui-même “le dilemme” de son camp : “d’un côté, le renoncement idéologique et à des convictions ; de l’autre, on essaie de nous faire porter la responsabilité de l’instabilité politique que pourrait entraîner un non-vote du PLFSS”. Et de glisser, tout en assurant ne pas le réclamer : “Ce n’est pas nous qui avons renoncé au 49.3”, qui “permettrait à chacun d’être cohérent”, en ne votant pas le budget, sans pour autant censurer le gouvernement.
MACRON EN CHINE
Y CROIRE ENCORE (BIS). Signe que vous devriez garder un œil sur ce déplacement présidentiel : toutes les équipes de POLITICO se sont penchées sur la visite d’Etat en Chine d’Emmanuel Macron, qui atterrit dans quelques heures et y reste trois jours. Ma collègue Clea Caulcutt me signalait ainsi hier qu’au moment où les négociations de paix en Ukraine s’accélèrent, le chef de l’Etat français compte sur son homologue chinois, Xi Jinping. Ce partenaire et soutien de Moscou pourrait “convaincre” Vladimir Poutine et l’“orienter” vers un cessez-le-feu, espérait un conseiller élyséen lors d’un briefing de la presse la semaine dernière.
En négos. Les discussions sur les relations commerciales s’annoncent encore plus corsées. L’Union européenne dévoile aujourd’hui une nouvelle stratégie pour diversifier ses ressources en terres rares (dont Brussels Playbook vous touche un mot) et réduire sa dépendance à l’Empire du Milieu. Certains, à Paris, ont aussi des idées pour mieux protéger l’industrie française de la concurrence chinoise. Ces pistes sont à retrouver dans notre infolettre Energie et Climat, réservée à nos abonnés PRO — qui découvriront au passage quels patrons du nucléaire et des renouvelables seront du voyage.
Aussi dans les bagages d’Emmanuel Macron : le PDG de CMA CGM, Rodolphe Saadé, et Arthur Mensch, le patron de Mistral AI, ont noté mes collègues de Tech Matin. Et encore des représentants des filières porcines et laitières, ciblées par des enquêtes chinoises depuis plus d’un an, pouvez-vous lire dans Paris Influ (si vous êtes un abonné PRO). Mes collègues vous y glissent quelques infos sur le climat d’affaires en Chine et une jolie bourde repérée dans la liste des voyageurs.
G7, touché. Dans ce contexte de tensions, n’espérez pas une grande flexibilité de Pékin. “A court terme, il n’y a pas grand-chose à obtenir,” confirmait il y a quelques jours un diplomate européen à Clea. Emmanuel Macron pourrait toutefois jouer la carte de sa présidence du G7 (à partir du 1er janvier). Il entend notamment consacrer son mandat aux déséquilibres mondiaux, dont la Chine, en situation de surproduction et sous-consommation, est un des acteurs. Il est peu probable, comme on a pu le lire, que Xi sera invité au sommet à Evian en juin, à en croire deux diplomates européens, mais le président français cherchera à impliquer Pékin dans les discussions.

AUSSI À L’AGENDA
Emmanuel Macron arrive à 10h10 (heure de Paris) en Chine. Il visite les jardins de Qianlong à 11 heures. Jean-Noël Barrot, Monique Barbut et Rachida Dati l’accompagnent lors de ce voyage.
Sébastien Lecornu rencontre le bureau du Medef dans la matinée. Il s’entretient avec Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière. Il échange avec Marine Le Pen et d’autres représentants du groupe RN à l’Assemblée nationale. Le Premier ministre remet l’insigne de chevalier de la Légion d’honneur à Sébastien Windsor, président des Chambres d’agriculture France.
Françoise Gatel organise une réunion sur le nouvel acte de décentralisation, en présence de parlementaires, représentants des associations d’élus locaux, Stéphanie Rist et Michel Fournier. Stéphanie Rist se rend à l’hôpital de la PitiéSalpêtrière. Charlotte Parmentier-Lecocq se rend à la cérémonie d’hommage aux victimes handicapées de la Seconde Guerre mondiale. Edouard Geffray s’entretient avec Frédéric Leturque, maire d’Arras et Antoine Jouenne, adjoint au maire de Châtillon. Philippe Tabarot échange avec Paul-Henri Dubreuil, PDG du Groupe Dubreuil.
Mathieu Lefèvre s’entretient avec les représentants de la Confédération des petites et moyennes entreprises. Vincent Jeanbrun assiste à la cérémonie de remise de la médaille de la Légion d’honneur à Stéphane Layani, président du marché international de Rungis. Benjamin Haddad est à Bruxelles pour la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays de l’Otan.
Yaël Braun-Pivet ouvre le colloque “Le renseignement français face au désordre mondial”, organisé par la délégation parlementaire au renseignement à l’hôtel de Lassay.
Gérard Larcher s’entretient avec Amir Reza-Tofighi, président de la CPME.
Assemblée nationale : à 14 heures et 21h30, en séance publique, questions au gouvernement puis suite de la nouvelle lecture du PLFSS.
Sénat : en séance publique, discussion sur le projet de loi de finances de fin de gestion et sur la première partie du projet de loi de finances.
MATINALES
7h15. France 2 : Jean-Michel Bertrand, photographe et cinéaste animalier spécialiste du loup.
7h20. RFI : Louis Gallois, coprésident de La Fabrique de l’industrie.
7h30. Public Sénat : Emmanuel Capus, sénateur Horizons de Maine-et-Loire.
7h40. TF1 : Laurent Wauquiez, président du groupe DR à l’Assemblée nationale … RTL : Laure Pallez, spécialiste des relations sino-américaines et directrice associée de Mascaret … RMC : David Duhamel, économiste et enseignant à Science Po Paris, auteur de Un monde sans enfant.
7h45. Franceinfo : Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Ecologiste à l’Assemblée nationale … Radio J : Patrick Haddad, maire PS de Sarcelles.
7h50. France Inter : Amélie de Montchalin, ministre de l’Action et des Comptes publics.
8h00. Public Sénat : Emmanuel Grégoire, député PS de Paris et candidat à la mairie de Paris.
8h10. Europe 1/CNEWS : Guillaume Kasbarian, député EPR d’Eure-et-Loir … France 2 : Eric Ciotti, président de l’UDR.
8h15. Radio Classique : Maria Melchior, épidémiologiste … Sud Radio : Bruno Retailleau, président des Républicains.
8h20. France Inter : Christian Sainte, directeur national de la police judiciaire et Amine Benyamina, psychiatre et addictologue, président de la fédération française d’addictologie.
8h30. Franceinfo : Xavier Bertrand, président LR du conseil régional des Hauts-de-France … BFMTV/RMC : Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement.
CARNET
DANS NOS NEWSLETTERS PRO CE MATIN :
PARIS INFLUENCE : Emmanuel Macron et sa vaste délégation en quête de réponses à Pékin … Le SIG essaye de pousser la culture de l’évaluation, et s’appuie sur l’OCDE … Le plan de Jean-Louis Thiériot pour doper les stocks de munitions dans les usines françaises.
TECH MATIN : Les datacenters verts de rage contre le verdissement de leurs activités … Les applis de fertilité ne suivent pas les règles, selon la DGCCRF … Rachida Dati veut hâter le débat budgétaire pour se pencher sur les Etats généraux de l’information (EGI).
ÉNERGIE & CLIMAT : Emmanuel Macron en Chine, le secteur de l’énergie en séjour d’apprentissage … CEE : l’administration cherche à rassurer avant la fin de la cinquième période … En attendant la PPE, Catherine MacGregor travaille ses projections … Dans sa consultation des parlementaires, Sébastien Lecornu boude les sénateurs …
DANS LE JORF. Xavier Pelletier a choisi de quitter son poste de directeur adjoint du cabinet de Laurent Nuñez.
MÉTÉO. Les températures ne devraient pas dépasser les 9 °C à Paris aujourd’hui.
ANNIVERSAIRES : Jacques Mézard, membre du Conseil constitutionnel … Charles Sitzenstuhl, député EPR du Bas-Rhin … Nicolas Camut, reporter énergie-climat chez POLITICO.
PLAYLIST. Gaël Faye, Chalouper.
Un grand merci à : Clea Caulcutt, notre éditeur Matthieu Verrier, Kenza Pacenza pour la veille et Hugh Kapernaros pour la mise en ligne.
**Un message de Spiko : Douce France 🎶 : Les bons du Trésor français cumulent tous les avantages pour faire fructifier de l’épargne ou de la trésorerie : ce sont les actifs les plus sûrs au monde, ils sont liquides et présentent un rendement attractif. C’est tentant… mais comment en acquérir ? Réponse courte : Spiko. Réponse longue : Spiko vous offre le moyen le plus simple de placer votre argent dans des bons du Trésor grâce à ses fonds monétaires. Zéro frais de dépôt, de retrait ou d’abonnement, intérêts versés quotidiennement et création de compte en ligne en quelques clics. Nous misons sur la transparence : sans vous inscrire, vous pouvez voir en temps réel le portefeuille de bons du Trésor français que nous avons sélectionnés et leur rendement sur les 31 derniers jours. Pour les curieux, c’est par ici.**
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