De retour de blessure, il a marqué contre Lille avant d’être sélectionné en équipe nationale des Pays-Bas. Sur le papier, tout va bien pour le capitaine strasbourgeois. Sauf qu’il vit une saison rocambolesque en dehors des terrains. Au point d’être suspendu un match par son propre club.
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Le communiqué a été publié par le Racing Club de Strasbourg ce mercredi 3 décembre. Sans fioritures. Sobre et froid. « Le Racing Club de Strasbourg Alsace a décidé de suspendre Emmanuel Emegha pour sa prochaine rencontre de Ligue 1, ce samedi 6 décembre à Toulouse. Cette décision a été prise suite au non-respect récent par le joueur des valeurs, des attentes et des règles du club. »
Un nouvel épisode dans cette saison 2025-2026 qui prend des airs de mauvais feuilleton pour celui qui a été nommé capitaine du club.
26 juillet : le temps des responsabilités
C’est l’été, l’Eurostar convoie des joueurs en provenance de Chelsea vers l’Alsace et rentre au royaume les soutes pleines de joueurs du Racing. Orphelin d’Habib Diarra (Sunderland) et Andey Santos (Chelsea), l’entraîneur strasbourgeois, Liam Rosenior, annonce confier le brassard au trublion de l’attaque. « C’est très important de choisir le bon capitaine, explique alors le technicien anglais. Dans le vestiaire, sur le terrain, ‘Emma’ affiche la mentalité et l’état d’esprit que je veux voir dans l’équipe. Il donne toujours tout, apporte de la qualité, de l’énergie, de l’altruisme, de la détermination. Il est irréprochable à l’entraînement. C’est un honneur pour lui. »
Le choix paraît payant : mi-août, le leader annonce la couleur en conférence de presse avant le barrage qualificatif de Ligue Europa conférence. « On ne veut pas disputer la Ligue conférence juste pour y être, on veut gagner ! » Des mots suivis d’actes : dans une rencontre suffocante, il marque deux buts et envoie Strasbourg en Coupe d’Europe. La première campagne européenne du club depuis 19 ans.
12 septembre : une annonce et une rupture
La rumeur d’un possible départ du Néerlandais pour Chelsea a beau avoir flotté tout l’été, la fin du mercato le 31 août a fait pousser un ouf de soulagement aux supporters alsaciens. Sauf que le 12 septembre, l’attaquant pose avec un maillot de Chelsea, le club anglais appartenant au même consortium que Strasbourg (BlueCo). Une photo qui annonce sa signature dans le club frère du Racing en vue de la saison prochaine.
Chelsea Football Club has agreed a deal to sign striker Emanuel Emegha, with the Dutchman officially joining in 2026!
— Chelsea FC (@ChelseaFC) September 12, 2025
Un timing qui outre les ultras du club. Deux jours plus tard, contre Le Havre, une banderole s’en prend au capitaine : « Emegha, pion de BlueCo. Après avoir changé de maillot, rends ton brassard. » Dans la foulée, les ultras appellent à la démission du président du club, Marc Keller. Le début d’un incendie en tribunes. En conférence de presse d’après-match, Liam Rosenior déverse sa colère. « Emmanuel Emegha était dévasté et moi aussi, lance l’Anglais. Emmanuel Emegha restera capitaine tant qu’il sera là. »
18 septembre : « merci d’être resté un an de plus » – Marc Keller
C’est l’air tendu que Marc Keller se présente en conférence de presse. Outre les sanctions à l’égard de certains groupes de supporters historiques, le président revient sur le cas d’Emmanuel Emegha. « À la fin de la saison dernière, on a été sollicités pour lui. On s’est mis à table, le joueur, son agent, les propriétaires et moi. La priorité était de garder notre leader d’attaque. On a trouvé une solution d’équilibre : dans un an il rejoint Chelsea, et ça lui permet de faire encore cette année à Strasbourg en tant que capitaine. L’équilibre est bénéfique pour notre club. On le garde et il est sécurisé parce qu’il part à Chelsea dans un an. Le joueur a fait des efforts, il voulait rester il est totalement intégré dans le projet strasbourgeois. Il a refusé une dizaine d’offres. J’ai envie de lui dire ‘merci d’être resté un an de plus’. Profitons encore d’Emmanuel Emegha pendant un an. »
10 novembre : un retour et une saillie
La polémique semblait s’être éteinte, bien aidée par les trois semaines d’absence du joueur, blessé lors de la rencontre contre Marseille. Mais le Néerlandais, réputé ingérable dans ses jeunes années, a le don de savoir souffler sur les braises. De retour de blessure, il insiste auprès de son entraîneur pour jouer le match contre Lille, le 10 novembre. Il marque à deux reprises et offre un succès de prestige, le premier de la saison contre une grosse équipe du championnat. Une performance qu’il ne se gêne pas de faire remarquer en conférence de presse : « J’ai vu beaucoup de conneries dites dans les médias : la prochaine fois, ils pourront en dire encore plus, et je reviendrai encore plus fort. » Ça, c’était pour les médias. « Contre Monaco je n’étais pas là, contre le PSG non plus [deux défaites de Strasbourg]. Lille… [J’étais là]. C’est tout. » Ça, c’était pour ses coéquipiers.
16 novembre : Strasbourg, an 2 ap. Emegha
Dans la foulée de son retour, le buteur batave est sélectionné pour la première fois en équipe nationale. De quoi susciter la curiosité de la presse néerlandaise. Dans un article de l’Algemeen Dagblad, quotidien du pays, le joueur raconte son parcours et revient sur son arrivée en Alsace, en 2023. Alors attaquant du Sturm Graz, en Autriche, il est contacté par le Racing Club de Strasbourg. « Franchement, je ne savais même pas où c’était, confie-t-il au média. Je pensais que c’était en Allemagne, mais en fait c’était en France. Enfin, je crois que tout le monde connaît Strasbourg maintenant. »
3 décembre : le club hausse le ton, Emegha fait profil bas
Au sein du club, les sorties du capitaine commencent à agacer selon certaines sources internes. Après mûre réflexion, la direction inflige une sanction à son joueur et le suspend pour la 15ᵉ journée de Ligue 1 contre Toulouse. Sanctionné mais pas banni, il s’empresse d’ajouter dans le communiqué. « Emmanuel reste un membre important de notre équipe, qui a toujours tout donné pour le club sur le terrain. Il sera réintégré dans le groupe après ce match. »
Le nᵒ 10 alsacien a, cette fois, fait profil bas. « J’accepte et je comprends la décision du club », a indiqué dans un post Instagram le joueur. « Je veux dire clairement que je n’ai jamais voulu blesser personne (…) Je suis fier de jouer pour le Racing et je suis fier de porter le brassard de capitaine. » « J’ai eu une longue conversation avec le président Marc Keller, on a parlé honnêtement. »