Publié le
4 avr. 2025 à 8h46
Hebdo de Sèvre et Maine : Quelques mois après votre démission inattendue, comment allez-vous ?
Olivier Malidin : Mieux, car cela a été assez violent. Les nombreux messages de soutien de la part de Goulainais et d’agents municipaux qui ont compris les raisons de ma décision m’ont aidé. Aujourd’hui, je suis un ancien élu, mais je reste avant tout un Goulainais, un citoyen et un observateur de la vie de ma commune.
HSM : Quel est donc votre constat aujourd’hui ?
OM : J’observe une ambiance déplaisante dans l’équipe municipale, ainsi que dans les services municipaux. Et puis, rien n’a changé de ce que j’ai dénoncé et de ce qui m’a poussé à démissionner. Boniments, manœuvres, opacités sont toujours d’actualité. Dans les actes, je m’interroge aussi. Le poste d’adjoint à l’environnement et à la transition écologique a purement et simplement été supprimé. Il était pourtant un axe essentiel du programme de Fabrice Cuchot. Il a fallu attendre d’être dans la 5e année du mandat pour le mettre à l’honneur lors de la cérémonie des vœux, à l’occasion de laquelle il a été annoncé 10 actions pour l’environnement en 2025, alors que seulement 4 ont été présentées. C’est clairement du verdissage, sans impact significatif.
HSM : Vous pouvez préciser ?
OM : Évoquer le rôle pédagogique de la Maison bleue, c’est bien, mais je ne vois pas ce qu’il y a de nouveau.
S’agissant de l’écopâturage, c’est un projet à 8 000 € pour clôturer le lieu, plus 3 600 € l’année pour gérer les moutons. Si l’expérience fonctionne, un autre lieu est envisagé pour 4 300 € d’installation et 220 € à l’année pour gérer les moutons. L’écopâturage n’est utile que s’il remplace la tonte mécanique ou si l’on fait des économies en heures de taille. Or, ce n’est pas le cas. Pire, sur le second lieu envisagé pour mettre ces moutons, l’on pratique la tonte raisonnée, ce qui veut dire que l’on intervient quasiment plus. Cet argent pourrait être mieux utilisé. S’agissant du photovoltaïque, cela est indispensable, mais le montage choisi n’est pas acceptable. 30 ans de concession cédée avec un retour financier plus que faible pour la commune, c’est brader un bien communal et collectif.
Quant aux voitures électriques, cela constitue un investissement très lourd (ndlr. 37 107 € pour une acquisition récente faite par la commune). C’est nécessaire sur des véhicules en fin de vie, pas sur une flotte à faible kilométrage et de petites cylindrées. Il faut 30 000 à 40 000 km pour effacer l’empreinte carbone négative de la fabrication d’un véhicule. Pour attendre ce kilométrage, il faudra 7 à 8 ans, à cette échéance la batterie d’une voiture électrique offre beaucoup moins d’autonomie.
HSM : Vous ne voyez donc rien de positif dans ces projets ?
OM : Je regrette les annonces de façade, il y a des urgences qui devraient être prioritaires. Pas un mot sur les rénovations indispensables des bâtiments, des gymnases, de l’école, du restaurant scolaire, gros émetteurs de gaz à effet de serre puisqu’encore équipés de vieilles chaudières à gaz. Pas un mot sur les routes dégradées. Pas un mot sur la qualité de l’eau, sur la nécessaire adaptation au changement climatique (ndlr. compétence intercommunale). Pas un mot sur la trame arborée qui donne une image très appréciée à la commune, elle mériterait une vraie politique de l’arbre. Cette année, le projet est de planter 10 arbres, c’est dérisoire.
HSM : Pourtant, des projets phare vont se concrétiser : la crèche aura un bâtiment vertueux et il y a la mise en place de l’agenda 2 030…
OM : J’ai œuvré pour le bâtiment de la crèche qui sera, effectivement, éco-conçu de manière durable, respectueux de la nature et de son environnement. Je me suis battu pour recruter un étudiant en contrat d’alternance afin de nous aider à travailler sur des sujets concrets purement environnementaux. En fait, hors de ma volonté cette étudiante s’est vue confier un agenda 2030. Il s’agit de 17 objectifs de développement durables qui s’inscrivent dans le cadre d’un projet lancé par l’ONU en 2015. Dix ans plus tard, nous sommes à 5 ans de l’échéance fixée. Je pense que l’état de notre commune se dégrade et que nous ne sommes plus à l’époque ou l’on lance des études et ou l’on attend des bilans. Il faut agir.
HSM : Comment analysez-vous les dissensions au sein du conseil municipal ?
OM : Je ne peux que les comprendre, dès lors que l’on n’est plus en phase avec la gouvernance, la cohérence et ses convictions. Lorsque l’on s’inquiète pour l’avenir de la commune, on fait dissidence. La nouvelle opposition, Bon sens & Transparence, s’évertue à éclaircir le débat, à mieux informer les Goulainais, à faire vivre la démocratie. Je trouve cela d’autant plus courageux que le maire qui semble déjà en campagne électorale leur met des bâtons dans les roues. J’observe aussi qu’une autre élue de la majorité vient de prendre ses distances.
HSM : Vous évoquez la prochaine campagne des élections municipales : avez-vous une ambition personnelle ?
OM : Je n’exclus rien. Mais faire de la politique comme le fait la majorité actuelle : non merci ! J’ai passé 4 années en tant qu’adjoint, je me suis formé. J’ai beaucoup appris sur le fonctionnement d’une collectivité, d’une commune et d’une agglomération. J’ai renforcé mes connaissances sur toutes les problématiques écologiques et énergétiques. J’ai aussi noué de nombreux contacts sur le territoire. Je souhaite utiliser mon savoir et mon expérience dans un cadre associatif ou autre. Au-delà de mon propre avenir, la commune mérite une autre dynamique reposant sur un mode de fonctionnement différent.
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