Chaque année, la revue américaine Elle Decor publie sa
prestigieuse ELLE Decor A-List, une sélection tres
surveillée de décorateurs et d’architectes d’intérieur. L’édition
2025 vient d’être révélée et, derrière la succession de noms, se
dessine un portrait instantané des styles et des villes qui font la
déco haut de gamme.

Cette ELLE Decor A-List 2025 distingue toujours
ses ELLE Decor A-List Titans – les maîtres
installés – et une série de studios plus récents, de New York à
Paris en passant par Milan. Pour un lecteur français, c’est une
porte d’entrée vers les meilleurs décorateurs d’intérieur
2025
, du glamour californien de Kelly Wearstler au
minimalisme texturé de Vincent Van Duysen, en passant par les
univers d’India Mahdavi ou de l’architecte Peter Marino.

ELLE Decor A-List 2025 : un baromètre mondial du design
intérieur

Depuis quinze ans, la ELLE Decor A-List joue le
rôle de boussole, un peu comme l’AD100 chez Architectural Digest.
En 2020, la revue décrivait d’ailleurs sa sélection comme
répertoriant les « 125 meilleurs décorateurs d’intérieur du monde »,
rappelait Elle Decor, citée par Challenges.

Les ELLE Decor A-List Titans concentrent ces
stars de la profession, mais la galaxie A-List déborde aussi dans
des projets publics. L’architecte brésilienne Juliana Lima
Vasconcellos, régulièrement présente dans la Elle Decor A-List USA,
signera par exemple du 6 au 13 avril 2025 l’installation immersive
Source of Pleasure pour Lavazza, dans la cour du Palazzo
del Senato à Milan, une structure circulaire de 18 mètres avec
colonne d’eau lumineuse autour du café. Pour ce groupe familial
fondé à Turin en 1895 et présent dans 140 marchés, cette
collaboration illustre la volonté de « réveiller un monde meilleur
chaque matin ».

Des Titans aux icônes pop : Sasha Bikoff et les designers de la
A-List

Face à ces grands noms, la A-List a aussi servi de tremplin à
des profils plus pop comme Sasha Bikoff, décoratrice new-yorkaise
passée par la ELLE Decor A-List 2020 et par la
« Gold List » 2024 du magazine Luxe Interiors + Design. Le « New York
Times » l’avait surnommée « L’architecte d’intérieur pour les jeunes
et fortunés » et saluait une « approche audacieuse de la
juxtaposition des couleurs avec des motifs vifs, qui lui vaut une
liste croissante de clients, notamment des femmes d’affaires et de
jeunes couples de Manhattan », rapportait Challenges, tandis qu’un
titre des Hamptons écrivait : « Si Marie-Antoinette était la reine
de France aujourd’hui, sa décoratrice d’intérieur s’appellerait
Sasha Bikoff. »

Son univers maximaliste, nourri de baroque français, de Memphis
des années 1980 ou d’Art déco de Miami, ne laisse personne
indifférent. « Si certains critiques estiment que je suis
tape-à-l’œil, c’est qu’ils ne comprennent rien », lance-t-elle,
avant d’ajouter : « J’étudie très rigoureusement les
caractéristiques de chaque époque pour les associer et en faire
quelque chose d’unique. » À ceux qui jugeraient son bureau
new-yorkais kitsch, elle répond simplement : « Non, amusant ! »

Ce que révèle Sasha Bikoff de l’esprit
A-List 2025

Ses repères sont intimes : une grand-mère iranienne « élégante en
toutes circonstances » et Lisa Fine, qui l’a « beaucoup influencée ».
« Tout m’inspire », résume-t-elle, de la nature aux maîtres de la
Renaissance. De sa mère pianiste, elle garde l’idée « qu’une femme
doit pourvoir à ses besoins sans dépendre de personne » et, très
jeune, transforme sa chambre en nuancier de « plusieurs nuances de
rose ». Quand elle propose ensuite de refaire l’appartement
maternel, elle pose une règle unique – « à condition de ne pas me
restreindre sur le budget et de ne me poser aucune question » –
avant de se faire remarquer à la Kips Bay Decorator Show House, où
elle dit : « J’ai immédiatement senti une énergie qui m’évoquait la
danse et c’est ainsi que j’ai travaillé autour du thème du
jazz. »

Son travail au quotidien repose sur une chasse permanente aux
pièces uniques. « J’utilise tout ce qui est à ma disposition »,
explique-t-elle, « Pour trouver des objets rares et des antiquités,
je cherche sur Internet, dans les salles des ventes et les marchés
aux puces. » Elle insiste : « Aucun de mes projets ne comporte de
décor produit en série. Les pièces artisanales ne font pas que
rendre un espace plus beau, elles tissent aussi un récit autour de
leur provenance. » Elle planche aujourd’hui « sur un village de
plusieurs bungalows aux Bermudes. L’ambiance y sera très tropicale »
et tient « à travailler avec des marques », qu’il s’agisse de sa
lampe hibiscus, « ma fleur préférée », ou de projets plus
accessibles. Passée par la galerie Gagosian, où elle dit avoir
« beaucoup appris », elle rêve de « Travailler pour une star, comme
Mariah Carey, mais aussi pour une marque de la grande
distribution. » Ces enseignes « qui touchent un large public » collent
à son credo assumé : « Et alors ? Il y a des influenceurs qui
s’improvisent décorateurs, moi, je suis une décoratrice devenue
influenceuse. J’assume totalement. Je suis une milléniale. Je vis
avec mon temps. »