Invité par Charles III, Frank-Walter Steinmeier a effectué la première visite d’État d’un président allemand au Royaume-Uni en 27 ans.

Le roi Charles III a offert mercredi un somptueux banquet à Frank-Walter Steinmeier, qui effectue la première visite d’État d’un président allemand au Royaume-Uni en 27 ans, l’occasion pour les deux dirigeants de se féliciter des liens profonds unissant leurs pays.

Frank-Walter Steinmeier, dont les fonctions sont largement protocolaires, et son épouse, Elke Budenbender, ont été les invités d’honneur de ce dîner donné par le roi et la reine Camilla au château de Windsor, à l’ouest de Londres.


Passer la publicité

Britanniques et Allemands ont «une profonde affinité», a alors déclaré dans un discours le chef de l’État allemand, qui achevait ainsi première journée de son déplacement de trois jours, évoquant des siècles d’histoire commune, des horreurs des guerres mondiales à l’amour de la bière et du football. Il a souligné l’influence que le Royaume-Uni avait exercée sur lui pendant son enfance après la Deuxième Guerre mondiale, avec la présence de soldats britanniques dans sa région natale et l’écoute des émissions de radio de leurs forces armées, avant de lancer : «Notre histoire nous unit, avec ses bons et ses mauvais chapitres.»

«Amitié sincère»

Dans son allocution, Charles III a qualifié les relations entre Londres et Berlin de «profondément historiques et richement créatives». Évoquant les «heures les plus sombres» que le Royaume-Uni et l’Allemagne ont traversées ensemble pendant les conflits du XXe siècle, il a estimé que «la reconnaissance des souffrances passées» était «devenue le fondement d’une amitié sincère». Auparavant, Frank-Walter Steinmeier avait participé à une promenade en calèche à travers Windsor, avait passé en revue une garde d’honneur au château de cette ville, vieux de mille ans, et avait été salué par 41 coups de canon.

Le premier ministre britannique Keir Starmer a, de son côté, vanté le même jour «les très, très solides» relations entre les deux pays «à tous les niveaux», en recevant le président allemand à Downing Street. Il a notamment mentionné les efforts de Londres et Berlin pour mettre sur pied la coalition des volontaires en soutien à l’Ukraine. Keir Starmer a en outre insisté sur le fait qu’ils travaillaient également ensemble sur les questions de migration et de croissance économique et que les relations se renforçaient sans cesse.

Parlant des «difficultés» causées par le Brexit, Frank-Walter Steinmeier a plaidé pour un rapprochement «dans un monde en mutation, avec de nouvelles menaces pour nous tous».

Un banquet en présence de Kate et William

En fin de matinée, Frank-Walter Steinmeier et son épouse avaient été accueillis à leur descente d’avion par le prince William, l’héritier du trône, et la princesse Kate. Les deux couples s’étaient ensuite rendus à Windsor pour y retrouver Charles III et Camilla. Le faste du programme, avec un banquet d’État et un discours au Parlement, un honneur rare pour un hôte étranger, sont autant de signes du renforcement des relations bilatérales. Le déplacement de Frank-Walter Steinmeier répond à celui de Charles III en mars 2023 en Allemagne, sa première visite d’État en tant que monarque.


Passer la publicité

Pour rappel, Frank-Walter Steinmeier était ministre des Affaires étrangères au moment du référendum sur la sortie de l’UE, organisé en juin 2016 par le Premier ministre britannique d’alors, David Cameron. Il avait fustigé les responsables politiques «irresponsables» qui avaient «attiré le pays vers le Brexit» pour ensuite «se défiler», qualifiant leur comportement de «scandaleux».

Le départ du Royaume-Uni digéré, un réchauffement diplomatique s’est enclenché sous le premier ministre conservateur Rishi Sunak (2022-2024), puis son successeur travailliste Keir Starmer, à partir de juillet 2024. Le soutien commun à l’Ukraine a aussi aidé. En octobre 2024, le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui ont les deux plus gros budgets militaires d’Europe occidentale, ont signé un pacte de coopération en matière de défense, suivi de leur premier «traité d’amitié» en juillet. Les deux pays sont dans une phase d’«intensification» de leurs liens, qui repose surtout sur les domaines «de la politique étrangère et la sécurité», a commenté auprès de l’AFP Nicolai von Ondarza, un expert de l’Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité. Ils coopèrent également dorénavant contre l’immigration irrégulière, dans un contexte de rapide ascension des partis anti-immigration Alternative pour l’Allemagne (AfD) et Reform UK.