Pas moins de 55 narcotrafiquants détenus au Mexique, qui ont inondé les États-Unis d’héroïne, fentanyl, cocaïne et méthamphétamine, ont été extradés, après un gros coup de pression de l’administration Trump. Depuis les prisons mexicaines, ils bénéficiaient de confortables conditions de vie et géraient à distance leurs empires criminels. Mais de l’autre côté de la frontière, l’ambiance a radicalement changé, relate le Wall Street Journal.

« Le transfert de 55 barons de la drogue aux autorités américaines constituait une mission d’infiltration périlleuse qui a mobilisé 2 000 membres des forces spéciales mexicaines, révèle le quotidien américain. Au début de l’opération d’expulsion, certains prisonniers pensaient recouvrer la liberté. (…) Au lieu de cela, ils ont été entassés dans des véhicules blindés de transport de troupes et escortés jusqu’à un avion militaire. »

Manœuvre millimétrée

En amont des transferts, « les autorités ont pris le contrôle de plus d’une douzaine de prisons mexicaines, dans l’espoir d’éviter les fuites d’informations et les tentatives d’évasion, indique le Wall Street Journal. Les directeurs de prison ont été remplacés. (…) Les gardiens ont été remplacés par des forces spéciales pour éviter que quiconque ne fournisse d’informations aux chefs de cartel. Certains détenus ont été placés à l’isolement pour empêcher le partage d’informations. »

Les frères Treviño, à la tête du cartel des Zetas, étaient jugés particulièrement dangereux : arrêtés il y a dix ans, ils contrôlaient 600 personnes dans les prisons mexicaines, avaient assassiné 18 officiers pénitentiaires et commandaient une véritable force paramilitaire à l’extérieur. Ils ont bloqué avec succès 133 demandes d’extradition vers les États-Unis. En amont de l’opération, le renseignement financier mexicain a bloqué les comptes qu’ils utilisaient pour payer leurs informateurs… et leurs avocats.

« Servando « La Tuta » Gómez était l’un des détenus les plus surveillés. Cet ancien professeur de collège a dirigé des laboratoires de méthamphétamine dans l’État de Michoacán pendant des années. À l’approche de son transfert aux États-Unis, poursuit le journal, les autorités ont surveillé les communications de sa famille ainsi que les opérations bancaires de ses plus proches confidents, guettant le moindre signe de préparation d’évasion. »

Menaces américaines

C’est l’administration Trump, en brandissant la menace de droits de douane punitifs, ainsi que d’assassinats ciblés et de frappes de drones contre les cartels mexicains, qui a convaincu la présidente Claudia Sheinbaum de transférer ces détenus aux États-Unis. Les autorités mexicaines ont invoqué la sécurité nationale pour autoriser le transfert sans notifier leurs avocats. Une décision douteuse sur le plan légal, mais assurément efficace.

Les premiers arrivés ont été accueillis d’un « bienvenue en Amérique ! » par Derek Maltz, directeur par intérim de la DEA, l’agence américaine antidrogue. En sus des Zetas, le convoi incluait les plus hauts responsables des cartels de Sinaloa et de Jalisco Nouvelle Génération (CJNG). L’administration américaine espère bien les convaincre de dévoiler leurs secrets : par où la drogue arrive, comment l’argent est blanchi, et quels responsables publics et privés ont été corrompus par les trafiquants.