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La violence à Castres atteint un nouveau sommet. Des policiers ont été pris pour cible par des tirs dans le quartier de Lameilhé. Malgré l’absence de blessés graves, l’inquiétude grandit parmi les habitants.

L’émotion et la tension montent à Castres après le déchaînement de violence de ces derniers jours, où de nombreux coups de feu ont été tirés dans le quartier de Lameilhé, rue Goya, devant une barre d’immeubles. Point d’orgue : ce mercredi soir, ce sont des policiers qui ont été pris pour cible par des tirs. Récit d’une soirée qui aurait pu tourner au drame.

C’est devant cet immeuble que la fusillade a eu lieu.

C’est devant cet immeuble que la fusillade a eu lieu.
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5 coups de feu contre les policiers

Tout commence vers 20 h 40. Un équipage de la BAC de Castres – trois policiers – est alerté. Sur des images de vidéosurveillance de la rue Goya, un individu est vu porteur d’une « arme d’épaule ». Rapidement, un deuxième homme est aperçu sur les images, porteur d’un fusil d’assaut. Les deux hommes se rendent dans le hall de l’immeuble. C’est alors que la BAC arrive sur place, renforcée par d’autres effectifs de police secours. En tout, sept policiers sont sur les lieux. Après une fouille minutieuse, ils retrouvent une carabine, dissimulée sous une voiture, et un homme qui se cache à proximité. L’individu est interpellé.

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C’est alors que, pendant que les forces de l’ordre procèdent au contrôle d’autres personnes présentes sur les lieux, une voiture arrive dans la rue. Des individus en sortent et se mettent à tirer en direction des policiers. En tout, cinq tirs, qui ne touchent personne mais qui sont faits « à hauteur d’homme », explique Patrick Batigne, secrétaire départemental du syndicat Alliance. « Ils ont tiré pour tuer. Ce n’était pas fait pour intimider. Si les collègues ne s’étaient pas mis à l’abri, nous serions en train de pleurer en ce moment… » Les tireurs, à bord de leur véhicule, prennent la fuite. Ils sont activement recherchés au moment où nous écrivons ces lignes. Deux policiers ont été légèrement blessés par des éclats, à la tête et au bras.

Une vidéo des violences du début de semaine circule sur les réseaux sociaux.

Une vidéo des violences du début de semaine circule sur les réseaux sociaux.
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« Depuis que je suis dans le Tarn, je n’ai jamais vu de policiers être la cible de criminels de la sorte. Les collègues ont vu la mort. Je dis à la hiérarchie qu’il faut des effectifs, sur le terrain et dans les bureaux, pour mettre hors d’état de nuire ces individus. » D’après nos informations, des renforts de CRS auraient été requis. Le préfet du Tarn, Simon Bertoux, a condamné « fermement l’agression inqualifiable » et « salue l’engagement constant des forces de l’ordre » dans la lutte contre le narcotrafic. Le ministre de l’Intérieur Laurent Nunez a réagi sur les réseaux sociaux, dénonçant une « attaque inadmissible et insupportable. »

Les impacts des tirs de la nuit de dimanche à lundi sont visibles.

Les impacts des tirs de la nuit de dimanche à lundi sont visibles.
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Les habitants inquiets

Ce jeudi matin, aux abords de la barre d’immeubles, le calme est revenu. Cette mère de famille est inquiète pour l’avenir de son quartier où elle vit depuis des années. « Mes enfants n’ont pas voulu aller à l’école ce matin, ils ont peur de sortir ! » À l’image de cette voisine interrogée mardi après les premières violences, elle en appelle aux pouvoirs publics pour que le calme revienne.

Car, déjà, dans la nuit de dimanche à lundi, plus d’une dizaine de coups de feu avaient été tirés au niveau du numéro 15 de la rue Goya, vraisemblablement dans le cadre d’un conflit entre bandes rivales sur fond de trafic de drogue. Le parquet de Castres, contacté par La Dépêche, a d’ailleurs confirmé qu’une enquête était ouverte pour « violence avec arme et transport sans motif légitime d’armes de catégorie C par au moins deux personnes. »