À moins de quatre mois des élections municipales 2026, la délicate question des alliances s’impose chaque jour un peu plus dans le débat. Et avec elle son habituel lot de calculs réfléchis, coups opportunistes et mariages de raison. Alors que les Insoumis font cavalier seul et jouent le rapport de force afin d’engranger un maximum d’élus locaux, socialistes et écologistes ont déjà topé dans bon nombre de grandes villes.
Alliances en Rhône-Alpes
À Lyon, l’alliance à gauche a été actée dès le début du mois de novembre. « Cette union de la gauche et de l’écologie, elle se veut d’abord porteuse d’espoir. Nous mettre ensemble pour combiner justice sociale et progrès du XXIe siècle », vantait le maire sortant écologiste Grégory Doucet, dont la candidature sera assortie d’une brochette d’alliés (PCF, PS, Place publique, Debout, L’Après, Génération. s et Voix commune).
Il n’en faudra pas moins pour endiguer la vague Jean-Michel Aulas dans la capitale des Gaules. L’ancien patron emblématique de l’Olympique Lyonnais, soutenu notamment par LR, Renaissance et le MoDem, est donné largement vainqueur dans les sondages. Contraint d’accélérer sa campagne, l’édile écologiste réclame un débat avant la fin de l’année avec son rival.
À Grenoble, en Isère, les socialistes se sont également rangés derrière les écologistes. Le parti à la rose officialisait le 14 novembre dernier son ralliement à la liste verte menée par la cheffe d’entreprise Laurence Ruffin, en lice pour succéder à l’actuel édile de Grenoble Éric Piolle.
Ce rapprochement « historique » est le fruit d’un « cheminement » et de nombreuses discussions entre les deux mouvements depuis son élection à la tête du mouvement en septembre dernier, précisait alors celle qui est aussi la sœur du député François Ruffin (ex-Insoumis). Cette liste compte désormais le soutien de neuf formations, encore une fois sans LFI.
Union au premier tour à Rennes et Nantes
La maire de Nantes Johanna Rolland, candidate à un troisième mandat, est parvenue à bâtir une large union de la gauche avant le premier tour. La numéro 2 du PS présentait dès la mi-novembre son alliance, qui va des écologistes aux communistes en passant par les radicaux de gauche. Un projet bâti lors de son précédent mandat à coups de concessions à ses alliés verts.
Dans cette ville dirigée par la gauche depuis 1989, des voix se font même entendre pour une alliance avec la liste LFI au soir du premier tour. « Nous n’avons qu’un adversaire, c’est la droite », a assuré la maire adjointe écologiste Marie Vitoux auprès de Presse Océan.
Du côté de Rennes, les Verts se sont également ralliés à Nathalie Appéré, la maire sortante socialiste. Selon les médias locaux, douze formations de gauche sont annoncées aux côtés de l’édile, qui vante une alliance « historique » allant de « Ruffin à Glucksmann ». En 2020, Nathalie Appéré avait recueilli 32,77 % des voix, devançant le candidat écologiste Matthieu Theurier (25,37 % des suffrages).
Pactes dans le sud
À Marseille, contrairement aux précédentes municipales, les écologistes partiront cette fois-ci dès le premier tour officiellement sous la bannière du « Printemps marseillais », une union de la gauche allant du PS aux communistes qui sera menée par l’actuel maire de Marseille, Benoît Payan (ex-PS). Face au RN, à la droite rassemblée autour de Martine Vassal… et à LFI, qui a investi le député Sébastien Delogu.
À Toulouse, les partis de gauche allant du PCF aux Verts, hors-LFI, vont faire front commun dans une alliance autour du socialiste François Briançon. Selon l’accord scellé, au terme de longues et âpres négociations, c’est donc l’élu d’opposition au conseil municipal qui briguera la mairie tandis que l’Écologiste Régis Godec se porte candidat à la présidence de la métropole.
Mais ce ralliement n’a pas plu à une partie des écologistes, notamment au « Collectif pour une écologie populaire municipale », qui estime que ce ralliement entérine « une divergence de stratégie majeure » avec « les choix que nous portons », justifiant ainsi son soutien à la liste de l’Insoumis François Piquemal.
Attelages disparates
À Paris, les équipes des socialistes, écologistes, communistes et membres de Place publique (le parti de Raphaël Glucksmann) poursuivent leurs intenses discussions, malgré les désaccords. Les discussions entre Emmanuel Grégoire (PS) et David Belliard (EELV) s’étirent depuis des semaines, avec la crainte de partir désunis au premier tour.
Plus au nord, à Lille, le maire PS sortant (et candidat à un nouveau mandat) Arnaud Deslandes fera notamment face à l’écologiste Stéphane Bally, qui avait échoué de peu à battre Martine Aubry en 2020. Le socialiste espère bien voir son concurrent se ranger derrière lui au second tour, mais cela dépendra des équilibres au soir du premier tour. La France insoumise, représentée par Lahouaria Addouche, pourrait également se qualifier.
« Rechute d’hégémonie » du PS
Du côté de Montpellier, l’alliance est disparate. Le maire sortant socialiste Michaël Delafosse, en tête des sondages sans avoir annoncé sa candidature, bénéficiera du soutien d’une partie des cadres locaux écologistes (membres de sa majorité municipale, suspendus temporairement par Les Écologistes). Mais il devra faire face au député écologiste Jean-Louis Roumégas pleinement soutenu par Marine Tondelier et le parti.
Loin de la vague verte de 2020, les Écologistes craignent de perdre plusieurs de leurs bastions aux élections municipales, dans un contexte de rivalité dans certaines villes avec les autres formations de gauche. Ce que pointe un responsable écologiste auprès de l’AFP : « A Nantes, Rennes, Marseille, on part derrière les socialistes. Mais eux, ils ne nous suivent pas à Besançon ou Tours. Ils ont une rechute d’hégémonie. »