Par

Thomas Bernard

Publié le

4 déc. 2025 à 17h38

Au pied des immeubles de la rue de Pornichet, dans le quartier Port-Boyer à Nantes, les riverains sont les témoins d’un important défilé de policiers. CRS, policiers municipaux, police aux frontières et brigade cynophile, soit 130 agents, ont investi le quartier nantais pour une opération coup de poing.

Ce mercredi 3 décembre 2025, une opération de sécurisation a été menée dans trois quartiers de la cité des ducs de Bretagne : Bottière, Pirmil et Port-Boyer. Au total, 15 personnes ont été arrêtées et placées en garde à vue.

Une démonstration de force de la part des autorités pour répondre à l’inquiétude des riverains de ces quartiers, à la suite de l’accélération d’épisodes de tirs constatés ces derniers mois. Depuis le début de l’année, 54 épisodes de tirs ont été recensés à Nantes. Cette intensification touche des zones autrefois épargnées.

14 tirs au mois de novembre

En 2025, sept tirs ont eu lieu à Pirmil (5 depuis septembre) et 12 dans le quartier du Port-Boyer (huit depuis octobre). Des épisodes suscitant l’angoisse auprès des riverains, les premiers exposés. « Nous partageons l’inquiétude des Nantaises et Nantais quand il y a des épisodes de tirs », livre Bassem Asseh, premier adjoint à la mairie de Nantes.

« La séquence de tirs s’est concentrée au mois de novembre. Ces tirs concernent assez singulièrement des quartiers, qui étaient, jusque-là, plutôt épargnés par ces épisodes de tir. Je pense évidemment à Pirmil et à Port-Boyer », confie Fabrice Rigoulet-Roze, préfet de Loire-Atlantique.

Sur le mois de novembre, 14 tirs ont été recensés à Nantes. Face à cette recrudescence, le préfet de Loire-Atlantique, en coordination avec la mairie et l’autorité judiciaire, a mis en place « un plan spécifique renforcé » dans ces deux quartiers.

Cette décision se traduit par « une présence constante » dans les quartiers tout au long de la journée, notamment avec des opérations de sécurisation comme celle réalisée hier.

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Une équipe cynophile a inspecté un des immeubles du quartier Port-Boyer. ©Thomas Bernard / actu Nantes

« On met les moyens pour mettre toutes les chances de notre côté, que ce soit avec des patrouilles quotidiennes pour occuper le terrain, des opérations régulières avec des effectifs massifs ou des opérations coup de poing avec nos équipes de la BAC », détaille Philippe Jos, directeur interdépartemental de la police nationale à Nantes et en Loire-Atlantique.

Une présence renforcée pour stopper la recrudescence de ces dernières semaines et éviter que le nombre de fusillades se rapproche du triste record de 2019. Cette année-là, 64 épisodes de tirs avaient été recensés et provoqué la mort de trois personnes.

15 personnes en détention pour des tirs depuis septembre

La quasi-totalité des tirs recensés à Nantes est liée au narcotrafic. Lors de l’opération coordonnée menée mercredi, les policiers ont interpellé un vendeur, en possession de 1000 euros et de produits stupéfiants dans le quartier Port-Boyer, et quatre autres personnes détentrices de cocaïne, rue Henri-Dunant (Bottière). Depuis janvier, 1392 « opérations antistups » ont été effectuées en Loire-Atlantique (zone police).

À chaque coup de feu, une enquête judiciaire est ouverte. Des investigations ont permis des interpellations, comme à Pirmil. Selon Antoine Leroy, procureur de Nantes, huit personnes sont en détention dans le cadre d’une enquête judiciaire, ouverte depuis le mois de septembre, sur les tirs dans le quartier situé au sud de Nantes. « Il faut que le citoyen sache que l’État est présent en amont et ne mollit pas après que l’infraction a été commise », ajoute le magistrat. Depuis la rentrée, 15 personnes ont été placées en détention en raison de leur implication dans des épisodes de tirs.

Le temps judiciaire est forcément plus long, parce qu’il y a des investigations. On accompagnera le temps nécessaire pour restaurer la tranquillité, le calme et évidemment la quiétude des habitants. Et, pour montrer aussi que l’État ne cédera jamais rien aux narcotrafiquants.

Fabrice Rigoulet-Roze, préfet de Loire-Atlantique

Outre le harcèlement des trafiquants sur le terrain, les autorités, à la demande du préfet, ont également multiplié les amendes forfaitaires destinées aux consommateurs. « S’il y a des points de deals, c’est parce qu’il y a des acheteurs », tonne le représentant de l’État.

Devant la presse, la Ville, l’État et les forces de sécurité ont affiché leur collaboration face au narcotrafic, un combat qui doit être mené sur le long terme selon Bassem Asseh. « Tout ce travail effectué, c’est une bataille contre les narcotrafiquants. Dans cette bataille, ce volontarisme, cette coopération des différents échelons de l’État et de la force publique permet d’aboutir à des succès proches dans le temps, parfois plus longs. Le volontarisme de la force publique continuera jusqu’à ce que la bataille soit gagnée. »

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