L’Italie a ouvert la porte jeudi 4 décembre à une participation de l’Allemagne au programme d’avion de combat, co-dirigé avec le Royaume-Uni et le Japon. Ce projet GCAP est pourtant le concurrent du Scaf franco-hispano-germanique, auquel participe Berlin. Une réunion gouvernementale décisive doit se tenir jeudi 11 décembre prochain, alors que Dassault et Airbus, aux manettes industrielles du Scaf, sont au bord de la rupture.
Du Scaf au GCAP, l’Allemagne pourrait virer de bord. Rome a fait savoir jeudi 4 décembre que l’Allemagne et l’Australie pourraient faire partie des pays intéressés par le programme d’avion de combat «Global combat air program» (GCAP). Le GCAP, qui inclut actuellement l’Italie, la Grande-Bretagne et le Japon, vise à construire un chasseur de nouvelle génération d’ici à 2035. Or l’Allemagne participe pour le moment au projet concurrent Scaf (Système de combat aérien du futur), d’une valeur de 100 milliards d’euros, aux côtés de la France et de l’Espagne.
Ce projet doit permettre de remplacer à partir de 2040 les Rafale français et les Eurofighter allemands et espagnols par un chasseur de sixième génération. Il est toutefois freiné par des retards et désaccords multiples entre les gouvernements et les industriels, Dassault Aviation et Airbus en tête de file, sur la conception de l’appareil, la répartition des tâches et les droits de propriété intellectuelle.
Escalade de tensions entre Dassault Aviation et Airbus
Alors que les deux avionneurs sont au bord de la rupture, les ministres de la Défense française, allemand et espagnole vont se réunir le 11 décembre pour discuter du projet Scaf, a déclaré mercredi 3 décembre à Reuters une source informée de la tenue de cette réunion.
En septembre dernier, le PDG de Dassault Aviation, Eric Trappier, a déclaré que le constructeur aéronautique français avait la capacité de fabriquer seul la prochaine génération d’avions de combat, mettant au défi l’Allemagne de faire de même. Berlin pourrait décider de développer un nouvel avion de chasse sans la France, avait dit par la suite à Reuters une source informée, citant des exigences jugées injustifiées de la part de Dassault Aviation.
Le GCAP se veut rassembleur
L’Italie a ouvert une porte de sortie. «L’Allemagne pourrait probablement rejoindre [le GCAP] à l’avenir», a déclaré le ministre italien de la Défense, Guido Crosetto, lors d’une audition parlementaire. «Nous créons les conditions nécessaires pour que chaque pays souhaitant participer sache quelle voie suivre», a-t-il déclaré, ajoutant que «l’Australie pourrait également être intéressée» et que des demandes relatives au projet venaient aussi d’Arabie saoudite et du Canada.
Le ministre a également souligné que les trois pays fondateurs du projet, qui prévoit des chasseurs furtifs opérant en tandem avec des drones, avaient accepté de coopérer sur un pied d’égalité. Le GCAP est dirigé par Mitsubishi Heavy Industries au Japon, BAE Systems en Grande-Bretagne et Leonardo en Italie. «Plus il y a de pays participants, plus la masse critique dans laquelle vous pouvez investir est importante, plus vous pouvez rassembler de cerveaux, plus le rendement économique est important et moins cela nous coûte cher», a déclaré Guido Crosetto.
Avec Reuters (Sabine Siebold, rédigé par Madeline Chambers, version française Bertrand Boucey, édité par Sophie Louet ; reportage Angelo Amante, version française Benjamin Mallet, édité par Sophie Louet)