A l’issue d’un déploiement exceptionnel en Indopacifique, malheureusement endeuillé peu avant son retour par la disparition en mer d’un marin, le porte-avions Charles de Gaulle est rentré à Toulon le vendredi 25 avril.
Après cinq mois de mission à la tête du groupe aéronaval (GAN) français, le porte-avions Charles de Gaulle, arborant une impressionnante flamme de guerre tricolore, a regagné la base navale de Toulon en début de matinée, le vendredi 25 avril, sous l’objectif notamment de Francis Jacquot, Jean-Louis Venne et Jean-Claude Bellonne illustrant cet article .
Le retour du GAN avait été légèrement retardé par les recherches entreprises dans la nuit du 23 au 24 avril, lorsque le second-maître Léo Soulas, un marin du porte-avions temporairement embarqué sur la frégate de défense aérienne (FDA) Forbin, a été porté manquant. Malgré les importants moyens engagés pour le retrouver, avec l’appui d’aéronefs (Falcon 50 et H160) venus en renfort, le jeune militaire, semble-t-il tombé accidentellement à la mer, n’a pas été découvert. Les recherches actives ont finalement été interrompues à la tombée de la nuit, dans la soirée du 24 avril, alors qu’il n’y avait plus d’espoir de le retrouver vivant.
Le Charles de Gaulle rentrant à Toulon le 25 avril.
Le Charles de Gaulle rentrant à Toulon le 25 avril.
Le Charles de Gaulle rentrant à Toulon le 25 avril.
Diaporama
Le Charles de Gaulle rentrant à Toulon le 25 avril.
Le Charles de Gaulle rentrant à Toulon le 25 avril.
Le Charles de Gaulle arrivant aux appontements Milhaud de la base navale de Toulon, le 25 avril.
Le Charles de Gaulle arrivant aux appontements Milhaud de la base navale de Toulon, le 25 avril.
Près de 3000 marins français ont participé à la mission Clemenceau 25, le groupe aéronaval étant composé, en plus du Charles de Gaulle et de son groupe aérien embarqué (une trentaine de Rafale Marine, E-2C Hawkeye et hélicoptères), de la FDA Forbin, des frégates multi-missions (FREMM) Provence et Alsace, d’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) de la classe Suffren, du bâtiment ravitailleur de forces (BRF) Jacques Chevallier et, au fil du parcours, de différentes unités alliées, dont les frégates Virginio Fasan (Italie), Kontouriotis (Grèce), Dom Francisco de Almeida (Portugal) et pour la première fois une unité marocaine, la FREMM Mohammed VI.
La FREMM marocaine Mohammed VI quittant Toulon le 25 avril après une escale de quelques jours suite à son intégration dans le GAN en Méditerranée.
La FREMM marocaine Mohammed VI quittant Toulon le 25 avril après une escale de quelques jours suite à son intégration dans le GAN en Méditerranée.
La FREMM marocaine Mohammed VI quittant Toulon le 25 avril après une escale de quelques jours suite à son intégration dans le GAN en Méditerranée.
Des destroyers américains ont également été intégrés au GAN français au fil de la mission. Tout au long de celle-ci, la flotte a également été soutenue par des détachements d’avions de patrouille maritime Atlantique 2 projetés depuis la base d’aéronautique navale (BAN) de Lann-Bihoué, près de Lorient et qui sont intervenus depuis Djibouti, l’Indonésie, les Philippines et Singapour.
Un SNA de la classe Suffren (image d’archives)
La FDA Forbin de retour à Toulon le 25 avril.
La FDA Forbin de retour à Toulon le 25 avril.
La FREMM Alsace de retour à Toulon le 25 avril.
La FREMM Alsace de retour à Toulon le 25 avril.
La FREMM Provence, ici lors de son retour à Toulon, dès le 15 avril.
Le BRF Jacques Chevallier lors de son retour à Toulon le 24 avril.
Officiellement débutée le 28 novembre, la mission Clemenceau 25 a vu le GAN évoluer en Méditerranée, en mer Rouge, en océan Indien et jusque dans l’ouest de l’océan Pacifique, en passant par l’Asie du Sud-Est avec une première traversée de la mer de Chine méridionale par le Charles de Gaulle. « La mission Clemenceau 25, ce sont près de 3000 marins qui ont œuvré en permanence durant 150 jours pour conduire quatre grandes activités navales multinationales, 2500 catapultages, 100 ravitaillements à la mer (dont 20 pour des bâtiments étrangers) et 40 000 nautiques parcourus soit l’équivalent de deux tours du monde. Cette mission a permis de démontrer l’attachement de la France à la préservation de la liberté de navigation conformément au droit international et d’interagir avec une vingtaine de pays alliés ou partenaires aux ambitions similaires selon un éventail de missions diversifiées, allant de la sécurité maritime jusqu’aux opérations conjointes de haute intensité entre plusieurs porte-avions », détaille la Marine nationale, qui parle d’une « une mission exceptionnelle par la diversité des opérations menées, des partenariats développés et des zones traversées ».
Le Forbin avec une corvette singapourienne lors de la mission Clemenceau 25.
Rafale Marine et avions de combat philippins survolant le Charles de Gaulle lors de la mission Clemenceau 25.
Le GAN, souligne l’état-major, a d’abord démontré sa capacité à constituer un véritable agrégateur de force navale en intégrant notamment des escorteurs alliés ou partenaires, dont une demi-douzaine de frégates. Depuis la Méditerranée, participant directement à la sécurité de l’Europe, les bâtiments ont contribué à l’appréciation autonome de situation aux Proche-Orient et au Moyen-Orient, effectué des vols en mer Noire pour réaffirmer la liberté de navigation dans cette zone contestée ou encore intégré l’exercice Neptune Strike, renforçant ainsi la défense collective de l’OTAN.
En Indopacifique, quatre activités majeures ont marqué le déploiement. Tout d’abord, l’exercice Lapérouse 25, en janvier, qui a réuni l’Australie, le Canada, les Etats-Unis, la France, l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le Royaume-Uni et Singapour, afin d’améliorer les savoir-faire communs autour de la sécurité maritime dans les détroits de l’arc indonésien de Malacca, la Sonde et Lombok.
La mission de projection Rastaban, en janvier également, a permis de déployer trois Rafale Marine à Darwin (Australie) depuis le sud de l’archipel indonésien, soit à près de 2000 km du GAN, et de mener des entraînements conjoints au combat aérien avec les avions de combat F-35 de la Royal Australian Air Force.
Lors de Pacific Steller.
Au mois de février, en mer des Philippines (Ouest du Pacifique), le groupe aéronaval français a participé pour la première fois à Pacific Steller. Cette activité dite « Multi Large Deck Event », avec les marines américaine et japonaise, a réuni trois porte-avions et plus de 100 aéronefs avec, en plus du Charles de Gaulle, l’USS Carl Vinson et le Kaga. Un exercice « de haute intensité (qui) a très rapidement atteint un niveau d’interopérabilité élevé », se félicite la Marine nationale.
Enfin, la 42ème édition de l’exercice franco-indien Varuna, menée en mars au large de l’Inde, partenaire stratégique de la zone, a intégré pour la première fois le porte-aéronefs indien Vikrant.
Lors de Varuna 25.
Par ailleurs, les différentes escales de la mission Clemenceau 25 ont permis de développer de nouveaux points d’appui logistique tels que Lombok en Indonésie et Subic Bay aux Philippines pour le porte-avions Charles de Gaulle, ainsi que Darwin en Australie et Okinawa au Japon pour le BRF Jacques Chevallier. En outre, ajoute l’état-major de la marine, « ce déploiement a offert un terrain propice à de nombreuses expérimentations sur la collecte et l’analyse des données tactiques ou dans le domaine logistique. Il a permis au GAN de se familiariser avec les conditions spécifiques à cette région pour mettre en œuvre ses moyens et s’adapter tant à l’environnement qu’à ses acteurs ».
La présence aéronavale européenne en Indopacifique va maintenant se poursuivre avec le déploiement du groupe aéronaval britannique, articulé autour du porte-avions HMS Prince of Wales qui vient de quitter Portsmouth pour une mission de sept mois.
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