l’essentiel
Le Suisse qui a entraîné deux ans les Violets (1983-1985) puis neuf mois le Racing (1994 – mars 1995), a gardé un souvenir féerique de sa première année sur le banc du TFC. Pour La Dépêche, Daniel Jeandupeux, 76 ans, remonte le temps. Nostalgie. Alors que samedi 6 décembre se joue Toulouse – Strasbourg. Coup d’envoi de cette 15e journée de L1 : 19 heures.
Daniel, on prend d’abord des nouvelles : que devenez-vous ?
Je ne suis plus actif dans le foot évidemment ; je joue un petit peu au golf, je promène la chienne et c’est à peu près tout. Bon, déjà pas mal, d’accord (sourire). Sinon, je vis dans le Tarn. Dans une maison, anciennement de vacances, au-dessus de Gaillac. Après avoir arrêté au Mans en 2012, se poser la question de savoir où on allait vivre. On a séjourné un an sur Toulouse puis on s’est installés ici, donc.

Duel Cresswell-Moreira au mois de mars dernier sous les yeux de McKenzie, caché.
MAXPPP – JEAN-MARC LOOS
Vous continuez à suivre l’actualité du ballon rond, on suppose…
Je regarde souvent le PSG car j’ai toujours été curieux de voir comment le club allait pouvoir évoluer avec toutes ces stars… Et je suis beaucoup le… rugby : le Stade Toulousain me plaît énormément.

Daniel Jeandupeux, observateur attentif de deux de ses anciens clubs en France.
DR – DJ
On entre dans le vif du sujet : comment arrivez-vous en bord de Garonne l’été 1983 (au relais de Pierre Cahuzac) ?
Je pense que Gérard Soler, qui était très convaincant en résumé, a joué un grand rôle là-dedans. Il était arrivé à Toulouse la saison d’avant en provenance de Bordeaux où il avait joué avec Alain Giresse qui m’appréciait. Je n’ai jamais vérifié l’histoire, je vous dirais…
Première saison quasiment parfaite : cinquièmes, vous terminez aux portes de l’Europe !
Oui, celle d’avant, la vraie. Pas comme aujourd’hui où septièmes vous pouvez être européens ! C’était une super saison et je crois que si Monaco avait battu Metz en finale de Coupe de France, nous aurions été qualifiés. C’est vraiment passé tout près.
Bergeroo, Domergue, Lopez, Sassus, Durand, Favre, Ferratge, Lacombe… vous aviez un bien bel effectif, non ?
Une équipe assez complète, très homogène. Il n’y avait pas de trou, où que ce soit ; et j’avais de quoi faire. Même si au début, pour ma première expérience en France, au bout d’une dizaine de matchs j’entendais dans les tribunes les gens dire qu’il fallait changer d’entraîneur.
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Vous jouiez en quel système ?
4-4-2 à plat, à la Gourcuff. Et, surtout, on pratiquait la zone, ce qui était quand même assez révolutionnaire à l’époque. C’est pour cela qu’on posait des problèmes à nos adversaires. À une place près, je me répète, c’était parfait.
L’année suivante, retour sur terre, c’est moins bien au niveau des résultats : Toulouse finit 11e.
Mais on fait une demi-finale de Coupe de France contre le PSG (éliminé au Parc 5-3 aux tirs au but ; aller 2-0, retour 0-2). C’est moins bien parce qu’on n’a pas réussi à intégrer les nouveaux. Didier Christophe remplaçait Raymond Camus, Yannick Stopyra avait pris la place de Laurent Roussey. Ça avait l’air mieux, pourtant…
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Alberto Tarantini aussi était arrivé ?
Ça n’a pas « matché » entre nous comme on dit. Il avait quitté Bastia, le meilleur de sa carrière était derrière ; en tout cas, je n’ai pas su l’utiliser car, l’année d’après, il sera très bon avec Jacques Santini.
Chez les jeunes, Pascal Despeyroux avait intégré la Une ?
Je m’en rappelle. Je l’avais incorporé et au premier entraînement il blesse un coéquipier – et il ne fait pas semblant. Moralité, je l’avais sorti de mon esprit. Alors qu’il avait quelque chose de particulier : cette volonté de gagner. À l’intersaison, on devait virer à peu près tout le monde du Centre de formation ; eh bien lui s’était tellement battu qu’avec Serge Delmas on l’avait finalement conservé. Il n’a pas oublié, il m’en est toujours reconnaissant.
Qu’est-ce qui vous a marqué lors de ce passage à Toulouse ?
Plutôt des bons souvenirs puisque j’ai rencontré ma femme (rires). Et puis, la première année c’était comme dans un rêve. On avait la capacité à battre toutes les « petites » équipes.
On fait un bond de dix ans : 1994, c’est Strasbourg que vous prenez en main.
Drôle de saison. On était qualifiés pour la demi-finale de Coupe de France et puis je me fais virer en mars. Je n’ai passé le printemps… Je n’ai pas fini. C’est original quand même parce que, 10e en championnat, ce n’est pas non plus calamiteux. L’équipe était pas mal, sauf qu’il n’y avait pas d’avant-centre. Juste Wilfrid Gohel, un joueur qui allait très-très vite, que je mettais toujours parce que je n’avais pas le choix devant. Il y avait bien Aleksandr Mostovoï, Xavier Gravelaine : des N°10, quoi !
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Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur le TFC ?
L’argent, c’est le nerf de la guerre. Il peut bien sûr y avoir une ou des embellies mais Toulouse (RedBird Capital Partners) ne peut pas lutter au niveau des budgets. D’où il s’avère compliqué de dominer beaucoup d’autres clubs. Alors que pour sa part, Strasbourg (BlueCo), aujourd’hui, a les moyens pour. Quand j’entraînais c’était du « local » ; là, c’est international. L’effectif se construit en recherchant mondialement. L’équipe est jeune, forcément, mais elle joue bien. Elle est capable de faire des résultats sur le plan européen. J’ai vu sa victoire contre Crystal Palace à La Meinau (2-1), c’était sympa.
Et le Tef, alors, avec son 3-4-3 ?
J’avoue que je n’ai jamais pratiqué. Enfin, si, j’ai essayé une fois avec l’équipe suisse. En deuxième mi-temps, les pistons s’étaient effondrés, on était repassés à quatre derrière.
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Quels joueurs toulousains sortent du lot ?
Sidibé, bien sûr, champion du monde. Après, Nicolaisen solide, très bon jeu de tête : un joueur que j’aurais aimé entraîner. Restes, aussi : sa première saison, j’avais l’impression qu’il était imbattable.
Un petit prono pour finir ?
Je vois bien un match nul. Parce que Strasbourg me paraît plus fort, OK, mais c’est au Stadium : allez, 1-1.