Dure est la chute, depuis le sommet d’une pyramide de Ponzi… Ce jeudi 4 décembre, Fabrice Denizet, surnommé « le petit Madoff » provençal a été discrètement condamné par la justice marseillaise au cours d’une procédure dite « de plaider-coupable » (ou CRPC), plus de 13 ans après la première plainte déposée contre lui.

Cet ancien courtier varois, âgé aujourd’hui de 59 ans, a reconnu avoir escroqué des centaines d’investisseurs au début des années 2010 grâce à un système frauduleux pyramidal consistant à rembourser les premiers clients avec l’argent des suivants, afin de conserver l’illusion que leurs investissements étaient effectifs et rentables. Le préjudice global estimé se monte à 33 millions d’euros. Quelque 820 personnes se sont portées partie civile pour réclamer réparation.

Premiers signalements en 2012

Fabrice Denizet était poursuivi pour cinq infractions : escroquerie, blanchiment, abus de biens sociaux, faux et usage de faux, et enfin usage irrégulier de la marque de la Société générale, dont il se réclamait pour gagner la confiance de ses investisseurs. C’est cette dernière qui la première, en janvier 2012, avait fait un signalement auprès du parquet de Toulon, suivie quelques jours plus tard par l’Autorité des marchés financiers. Récupéré par le parquet de Marseille, le dossier avait erré, des années durant, dans les couloirs de l’instruction, avant qu’un magistrat ne renvoie en 2020 l’ancien courtier face à ses juges. Le parquet avait ensuite fait volte-face, proposant à l’ancien courtier le plaider-coupable, plutôt qu’un long et complexe procès public.

Fabrice Denizet, qui a admis la totalité des faits qui lui sont reprochés dès sa première garde à vue, a été condamné après négociation avec le parquet – spécificité de cette procédure particulière – à une peine de 30 mois de détention à domicile sous bracelet électronique (dont il purgera en réalité 18 mois, la détention provisoire déduite), une amende délictuelle de 150 000 €, l’interdiction définitive d’exercer une activité professionnelle dans le courtage, les domaines bancaires et financiers, ainsi qu’une interdiction de gestion d’entreprise pour cinq ans. Une partie de ses biens, déjà saisis par la justice, lui ont également été confisqués : 4,8 millions d’euros piochés sur ses comptes en banque, une Audi Q7, un chalet à Vars acquis en 2009 pour la somme de 620 000 €…

Handicapé par un AVC et un infarctus

La peine pénale tombée, reste désormais à boucler le volet civil de ce dossier hors norme. Une grande partie des investisseurs ont bénéficié de protocoles transactionnels passés avec la Société générale – banque du courtier et elle-même partie civile – pour indemniser leurs pertes financières, pour un montant global dépassant les 22 millions d’euros. Outre les préjudices financiers restant à solder, la plupart des investisseurs réclament la réparation de leur préjudice moral. Leurs demandes seront étudiées lors de trois audiences dédiées dans le courant de l’année 2026.

Devant les (rares) avocats et parties civiles venus assister à l’homologation de la peine ce jeudi 4 décembre dans la salle des procès hors norme de la caserne du Muy à Marseille, l’ancien courtier, diminué par un AVC et un infarctus survenus il y a cinq ans lui laissant des séquelles physiques et neurologiques, a pris brièvement la parole pour présenter ses excuses. « Je souhaite réellement demander pardon à toutes mes victimes, très sincèrement », a-t-il soufflé, accompagné par son avocat parisien Stanislas Panon et son épouse, qui fait désormais vivre le couple et sa fille de six ans.