C’est un petit quartier en impasse d’une quinzaine de maisons gérées par le bailleur social Brest métropole habitat, à l’est de Brest, à quelques encablures du vallon du Stang-Alar. Un quartier sans histoire, « tranquille, à part un ou deux rodéos ces derniers temps », comme le décrivent les résidents. Un quartier, où chacun a reconnu avec sidération l’histoire de curieux voisins à la lecture du journal, ce jeudi 4 décembre 2025.
« Oui, c’est lui. Pauvres enfants », lâche une résidente à l’évocation de cet homme de 58 ans accusé d’avoir eu des enfants avec sa fille de 33 ans, et d’avoir contraint son fils à des relations sexuelles avec elle, le tout dans un climat de violences habituelles.
Le « couple » se serait installé dans le quartier « il y a environ trois ans, avec leur garçon, qui souffrait visiblement d’un handicap cognitif, et leurs deux filles. On ne les voyait jamais ou presque : j’ai dû voir le garçon jouer une fois dans le quartier, à cinq mètres maximum de leur maison ».
Condamnés pour voir agressé et menacé une juge et une greffière
Le fils de 11 ans et les jumelles de 8 ans ont quitté le quartier il y a près de deux ans, à la suite d’un placement décidé par la juge des enfants en tout début d’année 2024 (1). L’audience avait gravement dégénéré : la mère des enfants avait agressé des assistants éducatifs, tandis que son père et conjoint menaçait juge et greffière. Le jour de leur procès, ils avaient tous deux évoqué leur bipolarité. Lui avait été condamné à huit mois de prison avec sursis et elle à dix-huit mois de prison dont six mois avec un sursis probatoire d’une durée de 24 mois. « C’est là qu’on a su, pour leur relation. En lisant l’article, tout coïncidait avec eux. On se doutait depuis leur arrivée qu’il y avait quelque chose de bizarre, mais pas à ce point. »
Cette autre résidente décrit pourtant un couple « a priori normal », qu’elle croisait de temps à autre, main dans la main, dans le quartier. « Je n’avais pas l’impression qu’elle était sous son emprise, non. Mais c’est vrai que lui paraissait un peu excentrique. Quand il passait, il baissait la tête. Parfois, on le voyait en peignoir. Ils n’ont jamais cherché à faire du lien dans le quartier, à part avec le fils d’un voisin, avec qui ils faisaient la fête, jusqu’à son départ. Et ils ne recevaient pas de gens de l’extérieur, juste un homme qui venait régulièrement le soir. »
La maison bardée de caméras
Cette quinquagénaire offre un regard très différent sur le couple. « Elle ne sortait jamais sans lui. Il avait même installé un grillage devant la fenêtre qui donne sur la rue, officiellement pour empêcher le chat de sortir. J’ai l’image d’elle, assise, derrière ce grillage, avec tous les volets fermés à l’étage. Pour nous, depuis la révélation de leur relation, c’est la maison des horreurs. »
Une maison où l’homme, âgé aujourd’hui de 58 ans, avait fait installer de nombreuses caméras de sécurité. « On avait l’impression qu’ils n’avaient pas de problèmes d’argent. Il y a ces caméras, mais aussi un jacuzzi dans le jardin, une voiture électrique sans permis qu’il a achetée récemment. » Pourtant, parmi les voisins croisés ce jeudi matin, aucun n’est capable de dire si l’homme et sa fille avaient une activité rémunérée. Ni si les enfants étaient scolarisés avant leur placement. « En tout cas, ils ne sortaient quasiment pas de la journée. Par contre, la nuit, on voyait le couple partir en voiture. »
(1) Contacté, le Département du Finistère précise accompagner cette fratrie au titre de la protection de l’enfance depuis 2023. « Lorsque le juge a ordonné une mesure de placement, ni le juge, ni le Département n’avaient connaissance des faits présumés à caractère sexuel. C’est après le placement que le lieu d’accueil a recueilli, en avril 2024, la parole des enfants, qui ont affirmé qu’ils avaient subi des faits à caractère sexuel au sein de leur famille. Le Département, conformément à la loi et à ses procédures internes, a immédiatement signalé ces faits présumés au procureur. »