A quelques jours du début de la Coupe d’Afrique des Nations (21 décembre 2025-18 janvier 2026), l’international algérien du Paris FC, Ilan Kebbal, s’est posé au micro de RMC Sport pour évoquer les ambitions des Fennecs, son espoir de pouvoir aider l’équipe pour ce qui sera sa première CAN ou encore l’ambiance que vont mettre les Marocains. Kebbal, ultra décisif avec le Paris FC en Ligue 1 depuis le début de saison, s’est aussi longuement exprimé sur ses coéquipiers, la ‘légende’ Riyad Mahrez ou son ami Samir Chergui, ‘le meilleur défenseur de Ligue 1’ hors PSG selon lui.

Ilan Kebbal, parlons d’abord de la date de libération des joueurs pour la CAN. Vous avez un match le 13 décembre contre Toulouse avec le Paris FC, et vous ne serez libéré que le lendemain… Est-ce que c’est trop tard selon vous?

Avec l’Algérie, on doit être le dernier match de la première journée, on débute le 24 décembre. Donc cela nous laisse un peu plus de temps. Mais bien sûr on comprend les deux côtés. Pour le club, il y a le championnat et quand on est dans notre situation au classement, il faut prendre des points. On comprend que le Paris FC ne veuille pas libérer les joueurs avant et aussi que les nations veuillent plus de temps de préparation. C’est un débat compliqué. Après, idéalement, ce serait bien que les CAN aient lieu l’été comme les autres compétitions. Au moins, on aura le temps de se préparer. Là, il y a la Coupe du monde donc ce n’est pas possible mais pour la suite, ce serait une solution.

Comment vous sentez-vous? Vous touchez du doigt votre première CAN à 27 ans, vous devez être excité?

Oui, beaucoup d’excitation et j’espère y participer (la liste définitive n’est pas encore sorti au moment de l’interview). C’est une grande compétition qui nous attend et on espère aller le plus loin possible. Quand on est une nation comme l’Algérie, on se doit de jouer pour remporter toute compétition.

Lors de notre dernier entretien début 2025, vous regrettiez de ne pas être assez vu en Ligue 2… et vous aviez raison. Désormais en Ligue 1, vous êtes en équipe d’Algérie, comme vos coéquipiers Samir Chergui ainsi que Moustapha Mbow avec le Sénégal…

Le championnat est plus vu tout simplement. Quand on marque un but en L2 ou en L1, on voit que c’est totalement différent, cela ne déclenche pas les mêmes choses. C’est normal en fait. Le club a changé de dimension et nous aussi.

Jouer avec l’Algérie au Maroc, un rival historique, est-ce que c’est spécial?

N’importe où, l’objectif est le même. Là, c’est au Maroc, donc les installations, les terrains… nous serons bien. Tout est au top. Déjà, pour notre style de jeu ce sera une force. Beaucoup de nations veulent gagner. Après bien sûr, ce sera peut-être différent pour nos supporters mais pour nous, professionnels, nous devons nous battre pour aller au bout quoi qu’il arrive.

Mais vous ne répondez pas vraiment à la question… ne vous-attendez vous pas à une ambiance hostile?

Je ne pense pas, nos supporters seront là en nombre. Toute façon, on peut être au bout du monde, nos supporters sont partout. Donc ils seront là. Et même si c’est hostile, on fera abstraction de ça.

Parlons de quelques-uns de vos coéquipiers. D’abord, Samir Chergui, que vous côtoyez au quotidien au Paris FC…

Depuis que je suis ici, je dis à tout le monde que c’est impressionnant et je pense que la Ligue 1 a vu! Je n’ai pas peur de le dire, même à l’entraînement, c’est le meilleur défenseur contre qui j’ai joué. Je parle défensivement, en un-contre-un….

Tout clubs confondus, c’est le meilleur défenseur de L1 selon vous?

Pour l’instant oui, je n’ai pas joué le PSG encore. Je parle de défenseur, pas de latéraux, je parle de un-contre-un. Même les nouveaux ici, qui ne connaissaient pas Samir, disent tous la même chose. Si on fait vraiment attention à ses duels en matchs, il est presque impassable. C’est un des meilleurs joueurs contre qui j’ai joué. Quand je suis arrivé il y a trois ans et demi, il m’a choqué! Même en sélection, il arrive et joue les deux derniers matches, c’est un monstre. Les gens vont s’en apercevoir petit à petit. Il est vraiment incroyable.

Mais il est timide, il n’a pas trop envie de parler à la presse?

Ah non c’est un mec qui parle sur le terrain. Et on voit quand il n’est pas là. Il change le visage d’un match, il a cette agressivité en un-contre-un, il est dur sur l’homme. Il ne fait jamais de non-match.

Un autre collègue spécial: Riyad Mahrez, gaucher, ailier droit, qui a tout gagné ou presque. Est-ce une inspiration pour vous?

Premier League, CAN, Champion’s League, qu’est ce qu’il y a à ajouter sur Riyad… (sourire). On sait le joueur que c’est. Bien sûr qu’on s’en inspire, on essaie mais après c’est dur de faire ce qu’il fait (rires). C’est une légende et j’ai eu la chance de le côtoyer, j’espère que ça va durer encore longtemps. C’est un excellent joueur et on sait ce qu’il a fait pour le pays.

Est-ce que ça chambre déjà dans le vestiaire du Paris FC entre les internationaux africains? Parce qu’il y a du lourd, la Côte d’Ivoire de Krasso, le Sénégal de Mbow, le Nigeria de Simon, l’Algérie!

Pas encore en vrai mais plus ça va se rapprocher, plus ça va chambrer! Après ça va, on dit toujours que c’est le meilleur qui va gagner. JP (Krasso) a eu la chance de la gagner récemment. Le Nigeria avec Moses aussi, c’est fort. Beaucoup de nations peuvent aller au bout, ce sera une CAN très difficile.

Tout simplement, pour résumer, quels sont vos objectifs collectifs et personnels?

Quand on est l’Algérie, il faut aller au bout, ce serait mentir que de dire le contraire.

Malgré deux éliminations au premier tour lors des deux dernières CAN?

Ça pèse bien sûr mais il faut faire abstraction du passé. On a oublié, il faut tout faire pour aller bout. On sait que ce sera difficile car il y a de grandes nations, le Maroc évidemment qui est à domicile. Mais on fait partie de ceux qui peuvent aller au bout. Et personnellement, j’aimerais aider l’équipe. Si le coach fait appel à moi, je répondrai présent.

Vous serez dans la poule E, avec le Burkina Faso, la Guinée Equatoriale et le Soudan. Sur le papier, l’Algérie aura la pression d’être le grand favori…

C’est vrai mais la CAN c’est dur. On l’a vu en 2024 avec la Guinée Equatoriale, le Burkina aussi c’est solide. De l’extérieur, bien sûr, on sera les favoris. Mais sur le terrain, il n’y a plus de favoris. Tout le monde se bat. On s’attend à de la difficulté, comme tous les matches. Comme les matches de qualification à la Coupe du monde. On se doit de gagner, on est prêt.

Et le Soudan que vous affronterez en premier, vous connaissez?

Non, je ne regarde pas le Soudan particulièrement mais je sais que ce ne sera pas facile. Quand tu joues pour ton pays, tu t’arraches et donc ce seront 11, 15, 20 Soudanais à fond. Ce sera très difficile. On a eu la chance de se qualifier pour la Coupe du monde donc on a l’esprit libéré, on peut penser à la CAN. On sait que c’est une compétition qui passe très vite. Il faut être prêt dès le premier match.

Si vous deviez ressortir un favori, en misant 100 euros sur le vainqueur, ce serait qui? Hors Algérie bien sûr…

Franchement, la CAN c’est difficile. Il y a vraiment 4-5 nations qui peuvent se dégager. Il y a le Maroc à la maison bien sûr mais le Sénégal, la Côte d’Ivoire qui est le tenant du titre… même le Nigeria quand on voit l’équipe… ce sont des tops joueurs. Et les surprises existent. Mettre 100 euros, je ne le fais pas!

La CAN au Maroc, cinq ans avant la Coupe du monde 2030, sera importante pour l’image du football africain. Vous êtes sereins concernant l’organisation?

La CAN en Côte d’Ivoire, c’était déjà pas mal vu de l’extérieur. Et le Maroc, on y a déjà joué contre la Guinée. Ce sont des installations magnifiques, il faut le dire. Il y a des beaux terrains, des beaux hôtels. On est dans les meilleures conditions pour performer. C’est top pour tout le monde. Ce sera une très très belle CAN. Pour la Coupe du monde ce sera encore mieux, avec plus de temps pour évoluer. Il n’y a plus qu’à! 

Dernière question concernant la Coupe du monde. L’Algérie est déjà qualifiée. Vous l’avez dans un coin de votre tête?

Il y a la CAN, mais bien sûr c’est un objectif… ce serait mentir de dire le contraire. C’était déjà un objectif quand j’étais en Ligue 2. Il y a la CAN avant encore une fois et on sait ce qu’on doit faire en tant que joueur pour participer à ce genre de compétition. On doit performer en club, tous les matches, c’est dur mais on essaye.

Si la France et l’Algérie s’affronte à la Coupe du monde, vous êtes embêté ou excité?

Ce serait un match spécial mais embêté non. Je me bats pour le maillot de l’Algérie donc embêté non mais spécial bien sûr. Mais pour tout le monde, même pour des Français qui ont des origines algériennes, ou sénégalaises ou ivoiriennes. Forcément, avec deux origines c’est spécial. Mais une fois sur le terrain, la France va vouloir nous battre et nous pareil. Peu importe, la Coupe du monde c’est une compétition spéciale.

Propos recueillis par Aurélien Tiercin