Guillaume Fallot, directeur adjoint de Bourdault, présente l’affiche du documentaire. – © Philippe Combrousse

Quatre jeunes de l’Enfance Bourdault sont les acteurs d’un documentaire de 52 minutes destiné à briser les clichés sur les pensionnaires de l’établissement et à faire découvrir leur quotidien.

Leurs prénoms vont s’afficher sur un écran géant. Pour Suha, Sofiane, Rose et Matthias, ce n’est pas encore Cannes, son festival, ses marches et son tapis rouge, mais une salle du cinéma Majestic à Vesoul.

Jeudi 4 décembre, comme l’a été « Un p’tit truc en plus » qui délivrait un message au service de la cause des personnes handicapées mentales, y sera projeté « Des K’Soss comme vous dites », un film documentaire de cinquante-deux minutes, une immersion humaine et artistique auprès de jeunes confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance de Haute-Saône, qui a démarré en janvier, avant de s’achever en novembre.

Suha, Sofiane, Rose et Matthias, âgés entre 14 et 17 ans, quatre des soixante-dix-sept enfants pensionnaires de la Maison de l’enfance Bourdault, en sont les acteurs.

Ces enfants aux parcours cabossés y jouent leur propre rôle et livrent leurs histoires, leurs luttes et leurs espoirs. « Le foyer, ce n’est pas des grands dortoirs, comme dans les films, mais des appartements », intervient Suha.

« Le premier titre retenu était L’atelier des voies, mais ils lui ont préféré Des K-Soss comme vous dites », explique Guillaume Fallot, directeur adjoint, qui parle « d’une œuvre documentaire, artistique et humaine, qui invite à écouter les voix que l’on n’entend jamais. »

Sarah De Puga, éducatrice spécialisée, engagée dans la libération de la parole des enfants confiés notamment par l’écriture et Jérémy Thieulin, éducateur spécialisé et musicien à ses heures, convaincu du pouvoir transformateur de l’art, sont à l’origine de ce projet, « parce que les jeunes placés sont trop souvent invisibilisés, parce que leur parole est trop souvent filtrée, déformée, ou ignorée, parce que raconter leur histoire avec eux, en les mettant au centre du processus, est un acte de reconnaissance, de réparation et d’ouverture. »

La réalisation du film produit par ABZprod a été confiée à deux Bisontins, Alexis Amiotte et Bertrand Vinsu, qui avaient glissé des micros dans des briques de jus de fruits et des paquets de chips.

« Les objectifs étaient de donner la parole aux jeunes confiés, sans parler à leur place ; favoriser l’empathie par un récit authentique, loin du sensationnalisme ; montrer la créativité comme outil de résilience et témoignage ; sensibiliser le grand public et les professionnels aux réalités de l’Aide Sociale à l’Enfance, et enfin documenter un projet éducatif, artistique et profondément humain », détaille Guillaume Fallot. « En recueillant leurs paroles et leurs émotions, nous découvrons des récits intimes et nuancés, loin des clichés, portés par une volonté d’écoute, de respect et de compréhension ».

Autour d’un atelier artistique structuré en trois phases, écriture, enregistrement sonore et représentation sur scène, le documentaire suit l’évolution personnelle et collective des jeunes.

Chaque étape du projet devient un levier d’expression et de reconstruction.

Le film oscille entre captations du quotidien (caméra à l’épaule, instants bruts) et séquences plus poétiques autour de leurs créations musicales.

La projection (sur invitation) réunira des partenaires, des éducateurs et tous les enfants de l’Enfance Bourdault. En mars, le film sera diffusé lors des journées nationales des Maisons d’Enfants à Epinal et pourra servir de support à des travailleurs sociaux. Un CD sera mis en vente au profit des œuvres de Bourdault.

L’an dernier, un CD de chansons écrites et interprétées par les jeunes, suscitant émotion, sincérité et fierté avait été réalisé, là aussi pour « montrer le vrai visage » de l’établissement.

Enfance Bourdault, Alésio Mutuelle, Vesoul Marathon à travers sa course solidaire Courir pour des prunes et le Cabinet d’orthodontie Kielwasser ont contribué financièrement à la réalisation de ce film.