l’essentiel
La nouvelle vague du Baromètre de Cluster17, menée dans neuf pays de l’Union européenne, décrit une opinion publique consciente des risques géopolitiques, sceptique sur sa capacité de défense, mais toujours majoritairement attachée à l’Union. Le risque de guerre est jugé élevé avec la Russie.
L’étude menée par Cluster17 pour « Le grand continent » dans neuf pays de l’Union montre une opinion européenne qui prend pleinement la mesure des bouleversements géopolitiques, technologiques et sociaux affectant son environnement. La guerre en Europe, la compétition entre puissances et les tensions politiques internes nourrissent un climat d’incertitude durable.
Si 74 % des répondants souhaitent rester dans l’Union, l’adhésion demeure inégale, la France apparaissant comme le point de fragilité (27 % des sondés favorables à une sortie). Le Brexit reste un repoussoir majeur, la majorité (63 %) jugeant qu’il a affaibli le Royaume-Uni et renforçant ainsi le réflexe d’appartenance.

Les Européens et les risques de guerres.
DDM – Philippe Rioux
Lorsque les Européens évaluent les menaces extérieures, deux préoccupations s’imposent. Une courte majorité (51 %) estime élevé le risque d’un conflit ouvert entre leur pays et la Russie, un renversement significatif dans les perceptions stratégiques. Parallèlement, le terrorisme demeure la menace la plus immédiate (63 %), avec des niveaux d’inquiétude particulièrement hauts en France (86 %).
Pourtant, cette perception aiguë des risques ne s’accompagne pas d’une confiance équivalente dans les capacités militaires nationales, seuls 26 % des répondants jugeant leur pays capable de se défendre seul.
71 % souhaitent éviter une logique de blocs
Face aux grandes puissances, une position nuancée domine : 71 % souhaitent éviter une logique de blocs vis-à-vis des États-Unis comme de la Chine. Si Donald Trump est perçu comme un adversaire potentiel (48 %), les Européens privilégient néanmoins une approche de compromis, témoignant d’une aspiration à l’autonomie stratégique plutôt qu’à l’affrontement.
Les tensions internes complètent ce tableau contrasté. L’immigration divise profondément, l’antisémitisme est majoritairement perçu en hausse et la demande de réduction des dépenses publiques reste forte. L’ambivalence se retrouve dans le rapport aux technologies : inquiétude vis-à-vis des réseaux sociaux (73 %) et de l’IA, mais enthousiasme persistant pour les robots (53 %) ou la conquête spatiale (64 %). Enfin, les Européens identifient la culture, les paysages et la qualité de vie comme leurs principaux atouts, tout en craignant que ce socle soit fragilisé par l’accumulation des crises.