Elle porte une grosse montre au poignet, comme un rappel permanent de sa course contre le temps… Ces jours-ci, il file à la vitesse de l’éclair (le vrai, pas celui au chocolat) pour Laura Schneider, dont la vie a changé du tout au tout depuis qu’elle a troqué le tableau noir contre le laminoir, pour passer de professeure des écoles à pâtissière.
Mardi 25 novembre, elle ouvrait une deuxième boutique doublée d’un salon de thé, Grand’rue ; lundi, elle sera à Paris avec sa bûche signature et une partie de son équipe. Pincez-la, elle croit rêver !
Direction Paris !
Signature de Laura Schneider, “l’Audacieux citron” ne quitte jamais la vitrine. Photo Franck Kobi
Une disponibilité ; un CAP passé en candidate libre, en 2020 ; une première ouverture dans un local de poche de la rue de l’Ail, à deux, à l’été 2022. Et depuis… Bye-bye l’Éducation nationale ; place aux milliers de cookies, aux centaines de bûches et à une sélection d’entremets. Comme cet “Audacieux citron” signature façon trompe-l’œil, dont le nom lui va si bien. Avec Laura Schneider, aujourd’hui, entre les labos et la seconde boutique, ils sont 27 (des femmes, pour l’essentiel) à transmettre leur passion chez Jaune Citron. Et comme ici tout est beau et bon et que la jeune femme est aussi à l’aise sur les réseaux sociaux qu’un rouleau à pâtisserie à la main, elle entraîne toute une communauté gourmande, succès mérité à la clé.
Les cookies, à partager ou non, sont ultra-gourmands. Photo Franck Kobi
Gratifiée d’une “Madeleine 2025” par le média Fou de pâtisserie, désignée “Pâtisserie à explorer 2025” par le guide La Liste , l’enseigne continue aussi de convaincre la profession. Sa bûche signature vient d’être sélectionnée, parmi quatre finalistes en France, pour être mise en avant par Fou de pâtisserie , qui la vendra dans sa boutique parisienne. Lundi 8 décembre, elle est conviée à la remise des trophées au théâtre de la Madeleine, et saura si elle a plu à la redoutable Mercotte, au gagnant de Top Chef Mohamed Cheikh, au chef pâtissier Christophe Adam ou à Amaury Bouhours, chef du restaurant Le Meurice d’Alain Ducasse, qui parmi quelques autres pointures, l’auront dégustée… Petite pression, donc.
“L’élégant bredele”, bûche signature en forme de männele
La bûche signature 2025, “L’élégant bredele”, sélectionnée avec quatre autres en France par Fou de pâtisserie. Photo Lucas Muller
Question symbole, en tout cas, difficile de faire mieux que “L’élégant bredele” en forme de männele. Parce que rien ne représente aussi bien Strasbourg à l’approche de Noël que son Christkindelsmärik et les effluves de bredele sortant du four, « c’est sur cette base que j’ai eu envie de travailler », explique Laura Schneider. Pour la douceur et le côté réconfortant, façon madeleine de Proust ; mais avec un visuel épuré et très actuel.
Les babkas seront bientôt rejointes en vitrine par de nouvelles viennoiseries. Photo Franck Kobi
La pâtissière a préparé ses petits gâteaux, puis les a fait infuser pour en concentrer la gourmandise. Crémeux bredele aux épices de Noël, confiture de lait à la vanille de Madagascar, mousse bredele, biscuit moelleux à la vanille, croustillant dulcey, praliné macadamia ; le tout, monté dans un moule réalisé sur-mesure. « On vend cette bûche pour huit personnes 65 €, ce qui paraît cher. Mais ça ne l’est pas tant que ça quand on compte le temps de recherche, tous les essais, le coût du moule, la qualité des ingrédients, le nombre de préparations… », explique celle qui défend une approche artisanale et autant que possible localement sourcée du métier.
Un salon de thé de 27 places
Laura Schneider a imaginé cette nouvelle adresse à son image : créative et pleine de peps. Photo Franck Kobi
La même philosophie imprègne la boutique de la Grand’rue, imaginée par le bureau d’architecture Nara. Ouverte il y a moins de deux semaines, elle ne désemplit pas. Elle est comme Laura Schneider l’avait imaginée. Singulière et fraîche, dotée de larges baies vitrées, d’un “mur de cookies” à l’entrée et de carrelage au sol, elle reprend tous les codes de Jaune Citron. Avec vue sur le labo de 80 m 2 (contre 25 m 2 rue de l’Ail), cloison façon paravent plissé et longue banquette citronnée courant le long d’un mur.
Le salon de thé offre 27 places pour s’attabler. Le temps de déguster les 17 variétés de cookies, une part de cake marbré, un entremets de saison ou une viennoiserie maison. Côté salé, on peut piocher parmi plusieurs “rolls”. Le tout est servi dans une jolie vaisselle artisanale, créée pour la boutique par Céline Dupret et La Fabrique d’Anaïs.
Réalisée sur-mesure et dans le thème, la vaisselle est signée Céline Dupret et La Fabrique d’Anaïs. Photo Franck Kobi
Bientôt des brunchs le week-end
Une fois bien installée et passé la folle période de Noël, Laura Schneider reprendra ses ateliers pâtisserie. Elle proposera des plats du jour à midi – elle est en quête d’un chef cuisinier – « ainsi que des brunchs à la carte, les samedis et dimanches, sur réservation ». Pour le reste, la pâtissière est ravie de faire partie de cette Grand’rue et de ses abords de plus en plus dynamiques et gourmands, où dans une saine émulation, la reine des macarons ou les spécialistes du Paris-Brest et du flan pâtissier rencontrent celui des éclairs. Sans compter les nombreuses propositions salées. Façon “Carré d’Or des trentenaires”, où chacun garde son âme et cultive son identité. À base, ici, de créativité, de cookies et de citron.
Jaune Citron, 39, Grand’rue et 17, rue de l’Ail à Strasbourg, ouvert du mardi au vendredi, de 9 h 30 à 19 h et le samedi de 9 h à 18 h 30.