• Pour trouver toujours plus de soldats prêts à se battre en Ukraine, la Russie a développé un système de primes.
  • Celles-ci sont versées à des intermédiaires qui parviennent à trouver des candidats.
  • Certains se reconvertissent en recruteurs, agissant essentiellement sur les réseaux sociaux où ils publient leurs annonces.

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Ukraine : 4ᵉ année de guerre

« Parrainez un ami et recevez une prime ». C’est le nom du programme qui, depuis plusieurs mois, a essaimé aux quatre coins de la Russie pour enrôler de nouvelles recrues afin de garnir les rangs de l’armée en Ukraine. (nouvelle fenêtre) Une aubaine pour des intermédiaires informels qui, agissant sur les réseaux sociaux, repèrent des soldats à proposer aux autorités afin de percevoir une somme d’argent.

Comme le dévoile une enquête de VotTak (nouvelle fenêtre), un média indépendant russophone affilié à la chaîne biélorusse Belsat, ce système s’est développé dans tout le pays. Au moins 21 régions russes ont en effet instauré ce système de primes, dont le montant varie. Quand un recruteur arrive à convaincre un apprenti soldat (nouvelle fenêtre), il perçoit une somme versée par la municipalité, par exemple 5.500 euros à Pelym, dans l’Oural. Le record se trouve à Riezan, dans l’ouest du pays, avec une prime avoisinant les 6.000 euros quand le volontaire recruté vient de l’étranger. À ces sommes s’ajoutent la prime versée par la région, par exemple 560 euros dans celle de Sverdlovsk.

Des centaines d’annonces proposées en ligne

Les recruteurs, eux, agissent en ligne. Des centaines d’annonces circulent en effet sur les réseaux tels que Telegram ou WhatsApp, la plupart du temps proposées par d’anciens intermédiaires. En général, des individus qui, avant la guerre, fournissaient de la main-d’œuvre non qualifiée dans leur région. Aucun profil n’est particulièrement ciblé : les recruteurs peuvent proposer à l’armée des hommes atteints de maladies telles que le VIH ou une hépatite. Idem pour ceux ayant un casier judiciaire.

Selon VotTak, les recrues préfèrent éviter les bureaux officiels de crainte de ne pas avoir les documents nécessaires, mais aussi et surtout d’être affectées aux troupes d’assaut. Les recruteurs, eux, promettent aux jeunes hommes de leur obtenir la rémunération maximale et d’être mobilisés en seconde ligne, loin du front. La réalité peut néanmoins s’avérer différente.

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Des journalistes, notamment de l’AFP, ont enquêté sur ce type de recrutements réalisés via ces intermédiaires informels. Ces derniers rassurent les candidats dépourvus d’expérience militaire, avec la promesse d’occuper des fonctions non combattantes et celle d’un permis de séjour permanent en Russie. En réalité, une fois enrôlés, ils reçoivent une formation de base sur les armes et sont finalement déployés sur le front.

Thomas GUIEN