
Dans le salon, entre deux appliques Odyssey (Schwung), un tableau de Lakin Ogunbanwo. Devant, un fauteuil Rolland Armchair (Soho Home). Sur un canapé Eave Modular Sofa (Menu), des coussins sur mesure en tissu Toki (Romo). Sur une table basse antique très ancienne en bois brut, un vase (le tout Atmosphère d’Ailleurs). Tapis vintage.Kensington Leverne
Un sanctuaire apaisé
Perché au dernier étage d’un manoir victorien au cœur du quartier de Maida Vale, à Londres, c’est l’appartement avec deux chambres d’une juriste passionnée d’art africain. « Nous nous sommes rencontrées au moins 5 ans avant le projet, elle nous avait dit “J’adore votre travail, le jour où j’ai un appartement, je vous appelle,” confie Églantine Sicat, cofondatrice avec Pauline Dellemotte de l’agence d’architecture d’intérieur Uncanny. On a cru à une politesse de dîner, mais elle nous a effectivement rappelées ! » Cette propriétaire à la mémoire longue et fidèle met sa passion pour l’art africain au service d’une collection qu’elle ne cesse d’enrichir. Il s’agit donc pour Uncanny de lui créer un lieu de vie qui mette en valeur les œuvres de jeunes talents à qui elle veut donner leur chance au Royaume-Uni. Les lieux n’ont pas vu la lumière du jour depuis 45 ans, les murs sont par endroits complétés avec du papier, les prises électriques n’existent plus, les sols ne sont pas droits, mais le duo a carte blanche, sans aucun brief particulier hormis une préférence pour les beiges, les matières naturelles, texturées, les touchers bruts. Une façon d’exprimer un goût pour les intérieurs à l’élégance sage… dont elle va bientôt réclamer un twist. « Face à nos propositions, la propriétaire elle-même nous a poussées : “Oui, c’est joli, mais que peut-on faire de plus ?”» Le duo explore alors des matériaux différents, des textures plus audacieuses qu’attendu, comme des tissus de couleur framboise ou jaune d’or, des céramiques bleues…

La fenêtre est habillée de rideaux Lipari (Nobilis). Devant, à droite, un lampadaire Wicker Willow (Gubi). Fauteuil Rolland Armchair (Soho Home). Table basse antique en bois brut et vase (Atmosphère d’Ailleurs). Canapé Eave Modular Sofa (Menu). Coussins sur mesure en tissu Toki (Romo). Tapis vintage.Kensington Leverne
Œuvres d’artistes, livres et amis
Pour cet appartement en mauvais état mais au quatrième étage, au niveau des arbres d’un petit parc londonien et donc plein de charme, le duo sonde la propriétaire sur son mode de vie – entre réceptions d’amis et moments de lecture. Elles dessinent donc une bibliothèque dans la dining-room et une autre dans la chambre où est créée une petite banquette devant la fenêtre, entre lit de repos et coin lecture perso, juste à côté d’une porte-fenêtre donnant sur le petit balcon qui domine le parc. Afin de créer un appartement harmonieux à vivre au quotidien et intuitif dans sa circulation, Uncanny conçoit chaque pièce en dialogue avec les œuvres et dessine pour cela des éléments de mobilier sur mesure : bibliothèques, rangements, assises sont réalisées en matériaux naturels comme le bois et le marbre qui, avec le parquet en chêne naturel posé à bâtons rompus structure le nouvel agencement et guide instinctivement la circulation dans l’appartement. Le séjour s’ouvre sans rupture sur la salle à manger, la bibliothèque et la cuisine, tandis que les deux chambres se trouvent à l’arrière, dans un espace nuit plus intime, complété par une salle de bain avec baignoire-îlot, carreaux en terre cuite et meuble sur mesure en marbre de Carrare.

Sur les étagères sur mesure, une sculpture blanche (Amelie du Chalard) et des poteries africaines sourcées au Maroc. Devant, un fauteuil Rolland Armchair (Soho Home).Kensington Leverne

Sur les étagères, à droite de la cheminée cette fois, une photo noir et blanc d’Ojuolape Agbaje. Devant, un fauteuil Rolland Armchair (Soho Home). Rideaux Lipari (Nobilis). Tapis vintage.Kensington Leverne
L’intérieur d’une collectionneuse
Les menuiseries réalisées sur mesure dissimulent des rangements astucieux tout en offrant des étagères pour accueillir livres et objets uniques – des céramiques artisanales rapportées de l’Atlas aux sculptures de la galerie Amélie du Chalard. « Au moment où il était question de mobilier et de styling, nous avons demandé “Qu’avez-vous comme pièce d’art, comme objet ? Que voulez-vous mettre ?” Elle nous a répondu “Rien, on part de zéro”. Et ça, c’est cool », sourient les architectes d’intérieur. Trois pièces sont tout de même à intégrer : une photo de Lakin Ogunbanwo dans le salon, un tableau de Gbolahan Ayoola dans la cuisine et un autre de Dagmar Van Weeghel au-dessus du lit de la chambre principale. Les travaux prennent du temps – matériel comme administratif –, un temps durant lequel Églantine Sicat et Pauline Dellemotte voient évoluer les goûts de leur cliente, d’un marbre de salle de bains souhaité dans les gris à un choix définitif de veines violettes. « Nous sommes allées ensemble au Marble Yard, et elle a pu choisir “sa” tranche de marbre. Nous l’avons beaucoup fait participer, elle y a pris goût, parce qu’elle aime la décoration. »