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Le musée Toulouse-Lautrec d’Albi expose treize œuvres rares de Miró, issues d’une collection privée. Cet événement célèbre le 40e anniversaire du jumelage avec Gérone. Les œuvres, allant du cubisme à l’art préhistorique, révèlent la complexité de l’artiste catalan.

Il n’y a peut-être que treize œuvres mais elles explorent plusieurs facettes du travail de Miró. Jusqu’au 8 mars, le musée Toulouse-Lautrec accueille plusieurs œuvres du peintre catalan. Cet accrochage s’inscrit dans le cadre du 40e anniversaire du jumelage entre Gérone et Albi.

Les toiles du maitre Catalan sont accrochées à l’étage de l’art moderne du musée.

Les toiles du maitre Catalan sont accrochées à l’étage de l’art moderne du musée.
DDM – EMILIE CAYRE

Pour célébrer cet anniversaire, le musée albigeois a prêté plusieurs Toulouse-Lautrec à celui d’histoire de Gérone, qui en retour lui a envoyé plusieurs tableaux de Miró. Des œuvres issues d’une collection privée, celle de Rafaël et Maria Teresa Santos Torroella, dont la mairie catalane est propriétaire depuis 2014. Elles ont été très rarement, voire jamais, exposées.

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Ces œuvres sont très différentes. Elles ont été sélectionnées par les deux établissements afin de montrer l’étendue de l’art de l’artiste catalan, à l’œuvre très prolifique. Elles vont de dessins de jeunesse dont se dégage l’influence du cubisme à des œuvres plus sombres, marquées par l’art préhistorique de la fin de sa vie.

Une œuvre très complexe

Si, dans certaines, on reconnaît immédiatement la marque de l’artiste, pour d’autres, c’est beaucoup plus difficile. « Ce qui est intéressant chez Miró, c’est qu’il a créé un alphabet pictural avec un emploi de couleurs très vives. On est entre le figuratif et l’abstraction. C’est une réinterprétation libre de sa réalité », explique Carine Roumiguières, commissaire de l’accrochage.

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Mais Miró, ce n’est pas que la couleur. « Ce sont aussi des œuvres plus sombres, des formes cauchemardesques. Il a traversé le XXe siècle : deux guerres mondiales, le franquisme. Il est le témoin de son temps », ajoute-t-elle. Trois tableaux exposés montrent bien cette évolution, notamment une œuvre qui fait beaucoup travailler notre imaginaire.

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« On le voit comme naïf, mais derrière cette apparente simplicité, il y a une œuvre très complexe, une démarche artistique, un long travail », commente Carine Roumiguières. Comme le montre la dernière œuvre exposée, réalisée en 1974, très sombre, avec seulement deux aplats de bleu et de jaune, et qui rappelle l’art rupestre. « Miró a été marqué par l’art préhistorique et les peintures rupestres. Il a changé sa manière de travailler », explique-t-elle.

Des salles consacrées à l’art moderne

Si Miró a été influencé par de nombreux courants, notamment par les surréalistes dont il fut proche, il reste un homme libre, qui s’affranchit des règles. « Il s’est renouvelé tout au long de sa carrière », conclut Carine Roumiguières.

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Les treize œuvres sont visibles dans le cadre du parcours permanent. Elles sont exposées dans les salles consacrées à l’art moderne, au second étage. Une façon de rappeler que le musée n’abrite pas que des œuvres de Toulouse-Lautrec.

Il possède un très important fonds d’art moderne, fruit de la volonté des conservateurs qui se sont succédé. On y retrouve ainsi des œuvres de Matisse, Gauguin, Maillol, Valadon, Dufy, Rodin…