Les experts sont unanimes sur la question : le survol multiple de drones d’une zone militaire ne peut être que le fait d’une initiative ou d’une organisation hostile. Pour Alexandre Font (Drone Result à Brest), « un vol de nuit en zone interdite est fort probablement une opération d’espionnage industriel ou militaire ». Mais qui peut avoir intérêt à venir survoler la base ultrasecrète de l’Île-Longue, le sanctuaire naval de la force nucléaire de la dissuasion française ? Tous les regards se tournent évidemment vers la Russie, quand, dans la nuit du lundi 1er décembre 2025, des drones ont également été repérés par la Marine irlandaise sur la trajectoire du vol de Volodymyr Zelensky en visite officielle dans la verte Erin. En Bretagne, qui peut bien se cacher derrière ces déploiements nocturnes de drones ? D’où opèrent les pilotes ? Les autorités se font très discrètes sur les enquêtes en cours, ainsi que sur le matériel éventuellement récupéré.
En presqu’île de Crozon, services spéciaux et gendarmes sont sur les dents. Leur objectif est de réussir à intercepter ces pilotes pour cesser ces survols récurrents et tenter d’en savoir davantage sur les buts recherchés.
Selon plusieurs formateurs en drone de Bretagne, des survols simultanés ne peuvent être que le fait d’initiatives ou d’organisations hostiles. L’objectif est de venir prendre des renseignements de la zone à haute valeur ajoutée stratégique, tout en entretenant un faisceau régulier d’intimidation. Dotés de caméras infrarouges, de capteurs thermiques et/ou de systèmes de lidar pour lire un terrain en trois dimensions, ces drones peuvent recueillir un grand nombre d’informations, au-delà des images satellites conventionnelles qui trouvent rapidement leurs limites.
Forte allonge et grande autonomie
Ces survols malveillants sont réalisés par des drones customisés, non enregistrés, le plus souvent non éclairés et dotés de modes de propulsion des plus discrets. « Leur allonge et leur autonomie leur permettent d’être opérés à plus de 10 km des zones d’observation », selon le formateur Stéphane Le Bihan (Drone réponse à Lorient). Ces drones sont rapides et capables d’évoluer à haute altitude si besoin. Les organisations les plus puissantes sont capables de déployer des drones avec des ailes (type avion), bien plus rapides et endurants que les modèles à hélices. « Ce genre de drone peut tourner entre 1 h 30 et 2 h », confiait Stéphane Le Bihan, il y a trois semaines, au Télégramme.
Points hauts sous surveillance
Les bonnes conditions de vol de ce jeudi soir (ciel dégagé et pleine lune très brillante) ont sans doute motivé ce nouveau déploiement interdit.
L’éloignement des zones de décollage complique évidemment la tâche des autorités militaires qui tentent d’interpeller ces pilotes, dès lors que les alertes sont relayées. Plus les drones partent de loin, plus la zone de recherche s’élargit, surtout si les engins volants sont déployés depuis la mer. De manière générale, les zones hautes sont prioritairement ciblées, la hauteur permettant de garder le meilleur contrôle entre la console et un drone évoluant à grande distance. On pense naturellement aux abords du Menez-Hom, à l’entrée de la presqu’île de Crozon et à d’autres points hauts du secteur désormais sous étroite surveillance.