XOSE BOUZAS / Hans Lucas via AFP
L’Assemblée nationale en novembre 2025.
C’est serré, mais ça passe. Et le gouvernement réussit (pour le moment) sa mission. L’Assemblée nationale a adopté ce vendredi 5 décembre la première partie du PLFSS, celle consacrée aux recettes. Par 166 voix, les députés ont dit oui à un texte pourtant largement décrié par une bonne partie de l’hémicycle, de la gauche radicale et écologiste à une partie de la droite et de l’extrême droite. Conséquence immédiate : le volet « dépenses » peut être examiné dans la foulée et le scénario où le budget de la Sécurité sociale est voté avant le 9 décembre devient moins incertain. Et avec lui la fameuse suspension de la réforme des retraites.
Le chemin pour y parvenir a pourtant été semé d’embûches. Ces dernières heures, des doutes avaient commencé à gagner le gouvernement, qui craignait notamment que les députés du « bloc central » et au sein de LR manquent à l’appel. À tel point que certains anticipaient une incapacité à respecter les délais fixés par la Constitution et, ce faisant, un échec du PLFSS. Voire un rejet, résultant notamment de la friolisté des députés Horinzons à accepter le texte. Il n’en est rien.
Étonnante réussite
Sébastien Lecornu a mis toutes les chances de son côté en sortant de son chapeau, dans la soirée du 4 décembre, une hausse de la CSG sur le capital. Un amendement moins ambitieux que celui porté initialement par le député PS Jérôme Guedj, mais qui a permis à Renaissance, qui avait prévu de s’abstenir, de voter pour. Tout comme les socialistes et une majorité des Écologistes. Sur le fil, le gouvernement a aussi annoncé qu’il renonçait au doublement des franchises médicales, contre lequel la gauche était vent debout.
Pour le moment, Sébastien Lecornu peut donc se prévaloir d’une étonnante réussite, sur laquelle bien peu pariaient il y a quelques semaines. La mission que lui avait fixée Emmanuel Macron lors de son retour à Matignon début octobre était claire : doter la France d’un budget avant la fin de l’année.
Face au risque de crash, qui n’est pas encore totalement écarté pour le projet de loi de finances, le gouvernement avait dramatisé les enjeux, assurant, par la voix du ministre du Travail Jean-Pierre Farandou, que cette seconde lecture était « décisive ». À l’entendre, il n’y avait « pas de plan B, pas de loi spéciale » possible. Le Premier ministre, s’était, lui, astreint à battre le rappel, notamment auprès des députés du « bloc central ». La prise de position d’Édouard Philippe a donné des sueurs froides à certains ministres. Le patron d’Horizons avait en effet annoncé que ses troupes voteraient contre, ou s’abstiendraient.