À Montpellier, plus de 25 400 habitants s’opposent à un projet immobilier menaçant la Cité Bergère, dernier terrain maraîcher des Beaux-Arts. Collectif et élus demandent la préemption de la Ville et proposent des alternatives d’agriculture urbaine.

L’avenir de la Cité Bergère, à Montpellier, fera l’objet d’un vœu lors du prochain conseil municipal. ©Préservons la Cité Bergère
À Montpellier, le sort de la Cité Bergère, une enclave agricole nichée au cœur du quartier des Beaux-Arts, suscite une forte mobilisation citoyenne. Une pétition lancée mi-septembre 2025 par le collectif Préservons la Cité Bergère a déjà recueilli plus de 26 000 signatures. Il y est demandé l’arrêt d’un projet immobilier prévoyant la construction de deux immeubles sur ce terrain maraîcher urbain.
Le collectif redoute la disparition progressive de cet espace cultivé, considéré comme l’un des derniers témoins du passé agricole montpelliérain encore actif en centre-ville. Les élus du groupe Montpellier Union Populaire Ecologique et Sociale (MUPES) ont décidé de soutenir la démarche en déposant au Conseil municipal un vœu (le précédent n’ayant pas été pris en compte lors de la dernière séance en octobre) demandant à la Ville d’exercer son droit de préemption. Les élus soulignent que la Cité Bergère représente « l’un des derniers espaces agricoles vivants en cœur de ville » et rappellent qu’elle constitue « un refuge d’une biodiversité précieuse ». Ils estiment que cet espace offre un potentiel unique pour articuler « production locale, pédagogie environnementale et lien social ».
Un projet immobilier contesté et un site agricole fragilisé
Le permis délivré pour la construction d’un programme privé a été perçu comme une menace directe pour la pérennité de l’activité agricole existante. Selon le vœu présenté par les élus, l’espace encore disponible pour le maraîchage tomberait à « un maximum de 40% de la surface initiale », rendant difficile le maintien d’une exploitation stable et diversifiée. Les signataires rappellent par ailleurs que la municipalité possède un droit de préemption qui permettrait « d’acquérir la totalité des parcelles concernées afin de les protéger durablement de la spéculation foncière et de l’artificialisation ».
En parallèle de la contestation, le collectif a travaillé à l’élaboration d’alternatives crédibles pour préserver le site. Avec l’appui de l’ingénieure agronome Mélisandre Noirot, quatre pistes ont été étudiées : l’installation d’un maraîcher professionnel sur une petite surface, la création de jardins familiaux, le développement de carrés maraîchers reposant sur un système d’abonnement, ou encore la transformation du lieu en ferme urbaine participative. Cette dernière option recueille pour l’instant le plus de soutien au sein du collectif, notamment en raison de sa polyvalence (production, pédagogie, biodiversité, accueil du public).
Une décision municipale très attendue pour la Cité Bergère
Les élus porteurs du vœu estiment qu’un rachat de la parcelle par la Ville permettrait d’ouvrir « une concertation publique dans le quartier pour définir le projet en lien avec les habitants ». Ils évoquent également la possibilité de réfléchir collectivement à une ferme urbaine répondant aux objectifs municipaux en matière d’environnement, d’agriculture urbaine et de participation citoyenne.
En attendant la position officielle de la Mairie, la Cité Bergère reste au centre d’un débat local qui dépasse largement son périmètre agricole. Pour beaucoup de Montpelliérains, l’avenir de ce terrain reflète les choix que la ville devra faire entre développement immobilier, préservation des terres nourricières et adaptation aux enjeux écologiques. Ceci dans un contexte d’élections municipales.