Il aura fallu attendre près de deux mois. Deux mois pour que le rectorat de Rennes réponde aux inquiétudes des enseignants de l’école Clôteaux. Depuis le 10 octobre et une altercation entre un enseignant et des parents d’élève de cette petite école rennaise, la situation n’avait pas été réglée. Ce jour-là, les parents d’une enfant scolarisée en maternelle avaient demandé que leur fille ne soit plus scolarisée dans une classe avec un enseignant homme, comme l’avait révélé 20 Minutes.

Le couple avait ensuite menacé de mort l’instituteur de maternelle, suscitant l’indignation de l’équipe enseignante. Tous unis derrière le directeur de l’école maternelle, les professeurs avaient demandé que la famille soit changée d’école. Sans solution, ils s’étaient mis en grève le 21 novembre, provoquant une médiatisation nationale bien involontaire. L’affaire de cette petite école du quartier Bréquigny avait été jusqu’aux oreilles du ministre de l’Education nationale. « L’école, ce n’est pas le supermarché », avait rappelé Édouard Geffray, écartant « tout motif religieux ». Ce vendredi, une solution a été trouvée, a appris 20 Minutes.

L’équipe enseignante a été réunie jeudi après-midi pour être informée des dispositions prises par le directeur académique. Ce dernier aurait demandé l’interdiction d’accès de l’école aux parents mis en cause, selon les syndicats. Ces derniers pourront accompagner leurs enfants mais n’auront plus l’autorisation de pénétrer dans l’enceinte à compter du lundi. « Le directeur académique a annoncé la mise en œuvre de mesures de protection renforcées pour l’ensemble des personnels », précise le rectorat, évoquant « la protection fonctionnelle » et « un accompagnement dédié » pour l’enseignant.

Selon Mickaël Bézard, secrétaire départemental du SNUDI Force ouvrière d’Ille-et-Vilaine, la scolarisation des enfants dans une autre école est envisagée « au plus tard après les congés de fin d’année », le temps pour l’administration de s’organiser.

Seulement 15 % d’hommes chez les enseignants

Après les faits, le rectorat avait déployé une mesure de protection fonctionnelle à l’enseignant. Quant à la famille, elle avait été reçue par la direction académique et avait fait l’objet d’un « rappel du cadre légal ». Mais l’affaire avait provoqué un véritable tollé en France.

Dans plusieurs écoles de Rennes, des personnels et enseignants s’étaient mis en grève, en soutien à leur collègue. « J’ai le sentiment qu’on ne peut plus travailler avec eux. Le lien a été rompu. Ce n’est plus possible », rappelait l’un des enseignants de Clôteaux le jour de ce rassemblement. Un préavis de grève pour le jeudi 11 décembre avait été déposé avant l’annonce des mesures du directeur académique. Pour l’heure, il est maintenu. « Parce qu’il y a d’autres situations qui concernent le personnel de l’Education nationale », explique Mickaël Bézard. Avant de rappeler que « les agressions verbales se multiplient », à l’encontre des enseignants. Selon l’Éducation nationale, moins de 15 % des professeurs des écoles sont des hommes.