Depuis quelques temps, une start-up étasunienne travaille sur la conception d’un canon géant capable de propulser des satellites et autres charges utiles dans l’espace. Or, il est ici question d’une propulsion qui à terme, devrait atteindre une vitesse 23 fois superieure à celle du son ! Sans grande surprise, l’armée de l’air des Etats-Unis s’intéresse de très près à ce projet.

Rendre les lancements orbitaux moins onéreux

Pour rappel, la notion de « canon spatial » est relative à une méthode impliquant le lancement d’un objet dans l’espace à l’aide d’un grand canon. Apparue pour la première fois dans le roman De la Terre à la Lune (1865) de Jules Verne, il s’agit d’une technologie encore hypothétique aujourd’hui. En revanche, il se pourrait que ce type d’innovation devienne un jour réalité. En effet, des chercheurs travaillent sur des projets de canon spatial, notamment ceux de la start-up Longshot Space Technologies, comme le révélait un article du magazine New Atlas le 22 novembre 2025.

Basée à Oakland (Etats-Unis), la société ambitionne d’envoyer depuis la Terre ferme des satellites et autres charges utiles en orbite basse, à l’aide d’un canon spatial de sa création. Or, la principale spécificité de cette technologie est la possibilité d’atteindre des vitesses supérieures à Mach 23, soit environ 28 400 km/h. L’objectif de Longshot est de rendre possible un prix de lancement orbital significativement inférieur à celui des fusées conventionnelles.

Un site de construction et de test existe déjà, au sein d’un ancien centre de l’US Navy à Alameda (Californie). Or, ce site n’a pas été choisi par hasard puisque la marine y testait déjà le Phalanx dans les années 1970, un système de défense anti-missile et anti-navire encore en vigueur aujourd’hui. Ainsi, la start-up y teste son prototype de canon spatial d’une longueur de 37 mètres pour un diamètre de 76 centimètres.

canon spatialCrédit : De Montaut / WikipediaLe canon spatial du roman De la Terre à la Lune.De premiers tests prometteurs

Le canon spatial de Longshot s’inspire de concepts plus anciens comme le V-3, un canon à chambres multiples de l’armée nazie, utilisé durant la Seconde Guerre mondiale. D’une portée de 160 km, cette arme avait été prévue pour attaquer l’Angleterre. Par ailleurs, si le fonctionnement du V-3 repose un mécanisme à injections multiples le long du tube, le canon de Longshot ne contient aucune charge explosive. Ce dernier utilise du gaz comprimé pour propulser des objets. Néanmoins, et ceci apparait tout à fait logique, cette propulsion à grande vitesse ne se suffit pas totalement car l’engin envoyé dans l’espace doit absolument disposer d’un moteur pour achever son placement en orbite.

Une question s’impose : pourquoi est-il ici question d’une vitesse de Mach 23 ? Selon la start-up, cette vitesse est nécessaire pour atteindre l’espace et se maintenir sur une orbite à trajectoire plate. Pour l’heure, Longshot a déjà réalisé plus d’une centaine de lancements au sol et a atteint la vitesse de Mach 4, soit près de 5 000 km/h. Par ailleurs, la start-up est dans l’attente d’une réponse pour la construction d’une infrastructure près de l’aéroport régional de Tonopah (Nevada), qui lui permettra de débuter ses tests en altitude.

Enfin, il faut savoir que l’US Air Force ne se contente pas seulement de « garder un œil » sur les avancées de Longshot. En effet, la start-up bénéficie d’un soutien financier à hauteur de 4 millions de dollars, dans le cadre du programme Space-Based Infrared System (SBIR) de l’US Air Force. D’autres investisseurs de renom soutiennent cette initiative, notamment Starship Ventures, Draper Associates, ainsi que Sam Altman (OpenAI).