Depuis quelques jours, les rames colorées de la ligne 5 traversent la ville sans voyageurs, mais pas sans attirer les regards. Entrée en phase de marche à blanc, la future ligne est testée sous toutes ses coutures avant son lancement du 20 décembre, point final d’un chantier au long cours.
Elle est prise en photo et en vidéo à chacun de ses passages. Depuis quelques jours, les Montpelliérains lèvent les yeux en entendant passer une rame encore vide, mais déjà reconnaissable : la ligne 5, habillée par « les feuilles de vie », l’univers coloré de l’artiste Barthélémy Toguo, circule désormais sur tout son tracé du rond-point de Girac à celui de Gennevaux. Ce n’est pas encore l’heure du premier voyage qui aura lieu le 20 décembre, également jour de l’inauguration, mais celle, tout aussi décisive, de la marche à blanc. À 15 jours de son lancement, la future ligne devient enfin visible, presque tangible, après quinze années d’attente, de débats… et de travaux éprouvants.
Fréquences : une montée en puissance progressive
Au lancement, la ligne 5 ne tournera pas encore à son rythme de croisière. « La fréquence sera d’un tramway toutes les 12 minutes au début », annonce Julie Frêche. Une amélioration interviendra dès février 2026, pendant les vacances scolaires, avec l’ajout de quatre rames permettant d’atteindre un passage toutes les 10 minutes. L’objectif final, lui, dépend de la livraison des nouvelles rames CAF en construction à Bagnères-de-Bigorre. « Une fois toute la flotte reçue, à la rentrée 2026, nous descendrons à 7 minutes d’intervalle. » Une montée en puissance maîtrisée, ajustée au rythme des livraisons industrielles.
« C’est un peu la phase d’émerveillement : chaque jour, quelqu’un me dit : « Ça y est, je l’ai vue passer ! », sourit Julie Frêche, vice-présidente de la Métropole en charge des transports. La marche à blanc a débuté le samedi 29 novembre, ultime étape réglementaire permettant de tester l’ensemble du système grandeur nature : rames, signalisation, temps de parcours, conduite, coordination avec les services de l’État… « Tout se passe bien. C’est une période essentielle, un moment où l’on vérifie tout en même temps. Elle durera jusqu’au 19 décembre, jusqu’à la dernière minute. »
« On teste la finesse du système »
Avant d’en arriver là, il a fallu passer par les essais techniques, menés au printemps sur la partie nord, puis en août dernier sur le secteur ouest. Depuis septembre, les conducteurs sont formés. Désormais, ils traversent la totalité du tracé et font remonter les derniers détails à peaufiner.
« La marche à blanc, c’est la finesse du système », explique Claire Rancoule, cheffe de projet de la ligne 5. « On a déjà testé le freinage, la vitesse, le remorquage… Maintenant, le conducteur signale qu’un panneau gêne, qu’un feu doit légèrement pivoter, qu’une borne voyageurs a un petit bug. La ligne fonctionne déjà de bout en bout, de 5 h à 1 h du matin. On se rode désormais sur les détails, pour être parfaitement à l’heure le 20 décembre. »
Un seul secteur reste particulièrement surveillé : Clemenceau, libéré tardivement de la phase chantier. « Il faut que les vélos reviennent sur leurs pistes, que les piétons quittent la plateforme qu’ils ont prise pour un trottoir, que les voitures arrêtent de se garer n’importe où… C’est une transition à gérer », note Claire Rancoule.
Des tests simulent également des rames pleines, remplies de sacs de sable pour vérifier leur comportement en charge. « J’ai hâte de voir les usagers monter dedans pour de vrai », confie la cheffe de projet.
Attendue depuis 15 ans
Pour la Métropole, l’entrée en scène de la ligne 5 marque l’aboutissement d’un chantier hors norme, lancé bien avant le mandat actuel. « Il y a une émotion particulière. Cela fait quinze ans qu’on en parle, depuis la DUP de 2013. Les travaux ont été très éprouvants pour les riverains, les commerçants et les équipes. Mais nous y sommes arrivés, dans un contexte économique très tendu. Nous sommes la seule Métropole de France à livrer une nouvelle ligne dans ce mandat : c’est un véritable exploit », rappelle Julie Frêche.
Un dernier geste écologique accompagnera l’ouverture : une centaine d’arbres, morts lors de la canicule de juin, seront replantés le long du tracé. Le 20 décembre, les portes s’ouvriront enfin. En attendant, la ville découvre peu à peu la ligne 5… et se prépare à l’adopter.
Indemnisations : jusqu’à fin 2025 pour déposer un dossier
Après des années de chantier, certains commerçants impactés peuvent encore solliciter une aide. « La Commission d’indemnisation à l’amiable réceptionnera les demandes jusqu’à la fin de l’année 2025, après il sera trop tard », rappelle Julie Frêche. Les dossiers déjà déposés seront instruits jusqu’à l’été prochain. À ce jour, la Commission a versé 1,3 M€ d’indemnisation : 100 demandes ont été enregistrées, 75 acceptées. Un dispositif qui vise à accompagner les commerces ayant subi des pertes avérées durant les travaux, et à solder au mieux les effets collatéraux d’un chantier hors norme.