Le 13 août 2021 dans le quartier de l’Ariane à Nice, une torche humaine, hurlant de douleur, déboule les escaliers d’un immeuble. Sous les yeux d’habitants horrifiés, Samira, le dos en feu, a le temps d’accuser son mari avant d’être prise en charge et sauvée par les secours.
Un homme lancé à sa poursuite un couteau à la main dans les parties communes a d’ailleurs été vu par un témoin.
S’agissait-il de Nabil Raouafi ? L’intéressé a toujours nié. En garde à vue, durant l’instruction et y compris lors de son premier procès en décembre 2024 devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes.
Cela n’avait pas empêché sa condamnation, dans une ambiance houleuse, à la réclusion criminelle à perpétuité pour tentative de meurtre par conjoint. Le trentenaire avait aussitôt interjeté appel de cette décision.

« Je n’étais pas là quand ça s’est passé »
Un an plus tard, la position de Nabil Raouafi n’a pas bougé d’un iota. Jugé depuis ce vendredi 5 décembre par la cour d’assises du Var à Draguignan, il a une nouvelle fois affirmé être totalement étranger aux faits reprochés. « Ce n’est pas moi, assure-t-il à l’adresse de la présidente Emmanuelle de Rosa. Je n’étais pas là quand ça s’est passé. Je n’ai rien fait…»
Les jurés varois auront une semaine pour se forger une conviction. Ils devront notamment prendre position sur deux rapports d’expertises médico-légales accablantes à l’encontre de l’accusé.
Les séquelles de Samira, atteinte au dos, au bras, à la hanche et à la fesse gauche, brûlée sur 29 % du corps, étaient encore visibles lors de son témoignage aussi émouvant qu’à charge devant la cour d’assises de Nice.
Aux yeux des médecins légistes, il est impossible que la jeune femme ait pu s’infliger de telles lésions, comme le laissaient envisager Nabil Raouafi et ses proches devant les enquêteurs.
C’est ainsi ce qu’avait avancé l’une des sœurs de l’accusé aussitôt après les faits aux primo-intervenants alors qu’elle était vue en train de faire couler de l’eau sur un bidon de produit inflammable dans la cuisine de l’appartement.
Un temps poursuivie pour modification de scène de crime et non-assistance à personne en danger, elle avait bénéficié d’un abandon de charges lors du procès de décembre 2024.
Des relations tendues après un mariage arrangé
Les relations entre Samira, son époux et sa belle-famille étaient loin d’être au beau fixe en cet été 2021. Le couple venait pourtant de se marier cinq mois auparavant. Un mariage arrangé en Tunisie entre cousins éloignés.
Nabil, qui avait toujours vécu à Nice, avait noté un changement de comportement de son épouse dès son arrivée en France. « Rapidement, elle m’a reproché mes heures de travail, détaille le second de cuisine. Disait que je restais le soir avec des serveuses ou des clientes. Je me sentais persécuté, accusé… Oui, très vite, j’avais la volonté de divorcer. »
Le soir des faits, une énième dispute avait éclaté, Samira accusant sa belle-mère de lui avoir volé des bijoux, d’être « prise pour une bonniche » et de se voir imposer des relations sexuelles.
Le couple rentrait alors de la plage. Dans l’appartement de l’Ariane, la querelle avait continué de plus belle. Jusqu’au moment où, selon la victime, Nabil avait versé un liquide dans son dos avant de l’enflammer.
L’accusé, lui, a toujours soutenu avoir quitté le logement à l’issue de la dispute sans attenter à la vie de Samira afin de rendre visite à un ami à l’hôpital Lenval.
Mais les expertises téléphoniques, contestées par la défense en première instance, prouvaient sa présence sur les lieux du crime au moment des faits.
Un élément à charge parmi d’autres qui avait conduit à un verdict de culpabilité l’an passé à Nice. Et que conteste aujourd’hui Nabil Raouafi, assisté de Mes Béatrice et Christian Scolari.