En 2026, certaines équipes professionnelles hommes n’auront plus l’obligation de participer à l’ensemble du calendrier pro français contrairement à ce que prévoyait jusqu’ici le règlement de la Ligue Nationale de Cyclisme. Il s’agit des formations appelées à disputer l’intégralité du calendrier WorldTour, à savoir Decathlon CMA CGM, Groupama-FDJ et Cofidis, qui devrait figurer parmi les trois ProTeams invitées. Pour DirectVelo, Xavier Jan, président de la Ligue Nationale de Cyclisme, en dit plus sur ce changement de règlement.
DirectVelo : Pourquoi la mise en place de cette règle en 2026 ?
Xavier Jan : Il y avait la volonté d’avoir des solutions pour s’adapter face à des stratégies où on peut se retrouver pour une équipe avec deux fronts WorldTour, un stage, une autre compétition ou avec des imprévus, comme une infirmerie remplie. La règle est très claire. Elle va s’appliquer pour les équipes françaises du WorldTour et une éventuelle ProTeam qui serait qualifiée d’office pour les courses WorldTour, possiblement Cofidis, en 2026.
Concrètement, à quoi va ressembler cette règle ?
Il y aura collectivement la possibilité d’avoir, pour l’année entière, huit jokers. Les équipes auront à leur charge de se les répartir. Il ne peut y avoir qu’un seul joker utilisé sur une même épreuve. Une équipe qui pose un joker sur une course ne peut pas en poser un autre sur la même épreuve l’année suivante. Sur ces huit jokers, elles ne pourront en utiliser que trois pour faire une course ProSeries à l’étranger. On comprend qu’il peut y avoir des demandes des partenaires des équipes qui ont des impératifs ou des intérêts commerciaux dans un autre pays.
« ANTICIPER UN ÉVENTUEL PROBLÈME »
Est-ce qu’il y a un nombre maximum de jokers pour une équipe ? Imaginons qu’une seule structure ait pris les huit jokers en fin de saison…
Ce point-là n’a pas été évoqué mais ça ne me paraît pas dans l’esprit de ce qui a été décidé. Les autres équipes ne seraient pas d’accord. Elles ont affiché leur volonté de tout faire mais elles ne sont pas non plus à l’abri d’un blessé. En tout cas, il n’y a pas d’obligation de tous les utiliser.
Les équipes auraient-elles un délai à respecter pour faire part de leur absence ?
Le joker n’est pas soumis à validation. Il y a un protocole mis en place. C’est l’AC 2000 (Association des Groupes Cyclistes Professionnels, NDLR) qui va gérer l’utilisation des jokers entre les trois équipes. Elles ne vont pas afficher l’ensemble des jokers la semaine prochaine. Le but n’est pas de dire maintenant “on ne sera pas là sur telle course”. L’idée, c’est de garder une marge. Elles ont à la base la volonté de faire tout le calendrier, mais elles ont voulu anticiper un éventuel problème d’effectif avec les évolutions réglementaires et un calendrier WorldTour devenu obligatoire dans son intégralité.
« IL FAUT TRAVAILLER EN INTELLIGENCE »
Jusqu’à présent, il pouvait y avoir trop souvent le problème qu’un coureur était appelé à boucher un trou…
Dans les équipes, ça travaille différemment que par le passé. Elles impliquent les coureurs dans la programmation des objectifs. Quand vous avez fait un travail de fond et motivé les coureurs pour se projeter dans leur rôle dans une compétition à venir, aussi bien comme leader qu’équipier… Clairement, ils ont un programme établi d’entraînement par rapport à des objectifs et si à quinze jours de la course, vous leur dites qu’il manque des mecs et qu’ils doivent absolument venir… On parle de performances de très haut niveau aujourd’hui. Il faut donc travailler en intelligence. Le vélo d’il y a 20 ans, ce n’est plus celui d’aujourd’hui. Pour autant, il faut garder notre ancrage et nos organisations parce que c’est aussi notre force. On essaie de trouver au sein de la Ligue un équilibre. Il y a un espace de discussions entre les différentes parties prenantes.
Pour l’heure, ça ne concerne que 2026…
On s’est engagé à travailler conjointement, dès le début de l’année prochaine, sur la structuration du calendrier 2027. Aujourd’hui, même si on doit définir un numerus clausus, le problème n’est pas tant le nombre d’épreuves mais la structuration du calendrier. Ce n’est pas parce qu’on enlèverait X jours de compétition que l’on serait dans une meilleure situation. Il vaut mieux engager, et je crois que c’est la volonté de tous, une réflexion pour voir s’il y a une ou deux périodes qui posent vraiment problème. Il faudra réfléchir ensemble pour aménager ces périodes et déplacer dans le calendrier des épreuves pour qu’on ne se retrouve pas confronté à l’obligation d’utiliser des jokers ou tous les jokers.