

Depuis 2021, les vaccins à ARNm contre le Covid-19 (Pfizer-BioNTech et Moderna) ont été administrés à des millions de Français, puis discutés, contestés, défendus. Et dans ce brouhaha post-pandémique, beaucoup se sont demandés si le vaccin pouvait augmenter, à long terme, le risque de mourir.
Des chercheurs français de l’organisme public EPI-PHARE (ANSM et Assurance Maladie) ont voulu vérifier à grande échelle. Leur rapport, publié le 4 décembre 2025, conclut qu’aucun signal d’augmentation de la mortalité n’a été observé chez les vaccinés, jusqu’à quatre ans après injection. Mieux encore, la mortalité globale est plus faible chez les personnes vaccinées
Que montrent les chiffres sur la mortalité des vaccinés et des non-vaccinés ? Les vaccins contre le covid augmentent-ils le risque de décès ?
28,7 millions de personnes de 18 à 59 ans ont été observées. Parmi elles, 22,8 millions ont reçu un vaccin à ARNm, tandis que 5,9 millions ne l’ont jamais reçu, entre mai et octobre 2021.
Les chercheurs ont ensuite croisé les dossiers médicaux, les hospitalisations, les certificats de décès, grâce au Système national des données de santé. Le suivi s’est prolongé jusqu’au 31 mars 2025, offrant près de quatre ans de recul. Sur cette période, les registres ont comptabilisé :
- Pour 22,8 millions de vaccinés, 98 429 décès chez les personnes vaccinées
- Pour 5,9 millions de non vaccinés, 32 662 décès chez les non-vaccinées
Dit comme ça, l’écart de mortalité semble logique, il y a beaucoup plus de vaccinés, donc la proportion de décès paraît cohérente. Mais les chercheurs comparent les risques en tenant compte de l’âge, des comorbidités, du niveau socio-économique, de la localisation. Bref, ils gomment les différences qui pourraient biaiser les résultats.
Et le risque de décès toutes causes confondues est environ 25 % plus faible chez les vaccinés. Même en appliquant un modèle encore plus strict, l’avantage persiste, autour de 20 %.
Les données confirment qu’il n’y a pas de surmortalité liée aux vaccins
Il n’y a aucune hausse de mortalité globale, pas de surmortalité cardiovasculaire, pas davantage de cancers chez les personnes vaccinées. Au contraire, les grandes causes de décès (cancers, maladies cardio-vasculaires, accidents) apparaissent même moins fréquentes chez les vaccinés.
Les chercheurs restent prudents et rappellent que cet avantage pourrait être partiellement lié à des différences de mode de vie entre les groupes comparés. Toutefois, un élément ressort clairement de leur analyse. Rien ne laisse penser que les vaccins à ARNm augmentent la mortalité ou qu’ils représentent un danger à long terme.
Lorsque l’on s’intéresse plus précisément aux formes graves de Covid, les résultats sont encore plus parlants. Le risque de mourir d’une infection sévère diminue de 74 % chez les personnes vaccinées, un chiffre solide qui se comprend sans difficulté et qui montre l’efficacité réelle de la vaccination pour prévenir les décès liés au virus.
Pour le dire simplement, le vaccin ne tue pas. Il protège, et il protège même très efficacement contre les formes mortelles du Covid-19.
Vaccin à ARNm : efficace pour tout le monde ? Mais, pourquoi retrouve-t-on moins de décès chez les personnes vaccinées ?
L’étude avance une explication simple et presque sociologique. Les personnes vaccinées seraient, en moyenne, davantage suivies médicalement, plus attentives à leur santé et souvent mieux insérées socialement.
Les chercheurs parlent alors de « biais du vacciné sain ». Autrement dit, ce n’est pas un pouvoir miraculeux de l’ARN messager, mais plutôt un profil globalement plus favorable sur le plan sanitaire.
Pour limiter cette différence entre les groupes, les auteurs ont multiplié les ajustements statistiques et les comparaisons. Ils ont même recouru à des événements témoins, comme les hospitalisations pour blessures ou accidents, afin de repérer d’éventuels biais persistants.
Après correction, l’avantage observé chez les personnes vaccinées diminue légèrement, mais il reste bien présent. Les chercheurs estiment qu’il faudrait un facteur caché très puissant pour annuler totalement cet effet, ce qui semble peu probable au vu de leurs analyses.
Vaccins à ARNm : aucun signal inquiétant à court terme non plus.
Une sous-étude s’est penchée sur 60 997 décès recensés entre mai 2021 et juillet 2022, en analysant particulièrement les semaines qui suivaient l’injection. Si un risque immédiat existait, c’est précisément à ce moment qu’il serait apparu. Or, les données ne montrent aucun excès de mortalité. Mieux encore, la mortalité observée dans les six mois suivant la vaccination est environ 30 % plus faible.
L’explication pourrait, une fois de plus, en partie relever du profil des personnes vaccinées, souvent plus attentives à leur santé. Cependant, même en tenant compte de cet élément, la conclusion reste nette. Aucune indication ne suggère un danger particulier du vaccin à court terme.
Alors, faut-il encore avoir peur des vaccins ?
La science n’est pas une instance qui statue une fois pour toutes. Elle avance par étapes, elle observe, elle corrige, elle vérifie encore et toujours. Les chercheurs d’EPI-PHARE le rappellent d’ailleurs avec prudence. Certaines données restent incomplètes, notamment pour les causes précises de décès après 2023.
Ils mentionnent aussi la possibilité de fraudes au pass sanitaire, un phénomène difficile à mesurer, qui pourrait même conduire à sous-estimer l’effet protecteur du vaccin.
Malgré ces précautions, la lecture globale du rapport reste limpide. À ce jour, et avec quatre ans de recul, aucune augmentation de la mortalité n’est observée chez les personnes vaccinées par ARNm contre le Covid-19. Il n’existe pas de signal d’alerte, pas de trace de surmortalité inquiétante.
À SAVOIR
En France, plus de 54,2 millions de personnes ont reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19, selon les dernières actualisations d’Ameli en 2023.


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