Rendue mi-septembre, l’étude Pestiriv constate une exposition aux pesticides supérieure pour les riverains situés à moins de 500 mètres de la vigne. Une évidence avec laquelle « tout le monde n’avait pas envie d’être d’accord », assure Ghislaine Bouvier, chercheuse en santé environnementale et membre du comité d’experts de Pestiriv. C’est désormais objectivé.
Poussières contaminées
Une partie de l’étude a été menée à Villenave, où le vignoble se mêle à la ville. Baptiste Delmas et son fils figuraient dans l’échantillon. « Dans nos urines, dans les poussières de la maison, les taux d’une molécule sur deux explosent les résultats médians, lâche-t-il. La plupart des écoles de Villenave sont dans la zone des 500 mètres. On est plusieurs parents à avoir franchement peur. »
« Dans nos urines, dans les poussières de la maison, les taux d’une molécule sur deux explosent les résultats médians »
Pestiriv ne dit rien des effets sur la santé. Mais pour Ghislaine Bouvier, des découvertes méritent « d’être creusées ». « Les poussières apparaissent comme des sortes de réservoir à l’intérieur des maisons. Certaines molécules y sont extrêmement présentes. » L’association Générations futures craint des conséquences. « Pestiriv a été lancée parce qu’on soupçonnait un agrégat de cancers pédiatriques autour de Pauillac », rappelle Cyril Giraud. Pour le représentant de l’association, le problème dépasse les 500 mètres. « Les capteurs du jardin botanique de Bordeaux retrouvent chaque année du Folpel, un fongicide, dans l’air. À 5 kilomètres de la première vigne. »

SO

Chercheuse à l’Université de Bordeaux, Ghislaine Bouvier a fait partie du comité d’experts en charge de l’étude Pestiriv. À gauche, Dominique Forget dirige le château de Couhins, certifié bio depuis 2022.
Yoann Boffo
Dominique Forget en a bien conscience. Le directeur du château Couhins « interroge depuis toujours l’impact environnemental » du domaine. « En 2000, il ne nous serait pas venu à l’idée de prévenir les voisins avant de traiter. Aujourd’hui, ils nous questionnent, on leur montre nos pratiques. » Il les alerte via l’application BVE 33. « Bio ou non, l’obsession de tous les vignerons est d’utiliser le moins de produits possibles. »