Pourtant, la science revient aujourd’hui sur le sujet avec un sérieux inattendu. Des publications récentes remettent en lumière une vieille piste de recherche qui semble refaire surface : l’émulsion eau-diesel. Et comme souvent lorsqu’un concept ressurgit après plusieurs décennies d’oubli, l’euphorie est de mise.
La réalité est évidemment plus technique
Aucun ingénieur ne soutient qu’on peut rouler à l’eau. En revanche, plusieurs travaux expérimentaux montrent qu’un moteur diesel peut fonctionner avec un carburant modifié contenant de très fines gouttelettes d’eau, stabilisées par des tensioactifs. Ce mélange n’a rien d’improvisé, il doit rester homogène, conserver son pouvoir calorifique et respecter les contraintes du système d’injection. Mais lorsqu’il est correctement réalisé, il produit des phénomènes intéressants à l’intérieur du cylindre.
L’eau ne sert pas à fournir de l’énergie, elle en absorbe, au contraire. En s’évaporant brutalement sous l’effet de la chaleur, elle provoque ce que les chercheurs appellent des micro-explosions. Cette fragmentation supplémentaire du carburant entraîne une meilleure atomisation, donc un mélange air-carburant plus homogène. À la clé, une combustion plus complète, des températures légèrement plus basses et, dans certains cas, une meilleure efficacité thermique. C’est exactement ce que les derniéres publications mettent en avant, c’est à dire une baisse des émissions polluantes, notamment des oxydes d’azote (NOx) et des particules fines, et dans certains scénarios optimisés, un gain d’efficacité du moteur.
Pour autant, ces résultats ne doivent pas être pris comme une révolution prête à bouleverser la route du quotidien. Les études citées reposent sur des conditions expérimentales très encadrées, souvent sur banc d’essai, où chaque paramètre, proportion d’eau, taille des gouttelettes, stabilité de l’émulsion, température moteur, est précisément ajusté. Dans le monde réel, un moteur diesel dépend de variables beaucoup plus fluctuantes, et la moindre déviation peut annuler les bénéfices observés en laboratoire. Pour rappel il y a vingt ans, Aquazole avait été testé à grande échelle dans des flottes de bus. Les résultats étaient encourageants sur le plan environnemental, mais la baisse de puissance, l’augmentation de la consommation et les contraintes logistiques avaient rapidement calmé les ardeurs.
La prudence reste donc de mise
Aucun constructeur automobile ne propose aujourd’hui un moteur conçu pour fonctionner durablement avec ce type de carburant, et la généralisation d’une telle solution impliquerait une chaîne de production dédiée, des normes de sécurité précises et une adaptation de certains organes mécaniques. L’idée n’est pas farfelue, encore moins pseudoscientifique, mais elle n’est pas non plus une réponse prête à l’emploi aux défis énergétiques actuels.
Ce que montrent réellement ces recherches, c’est que la combustion diesel n’a pas encore livré tous ses secrets, et que de petites modifications du carburant peuvent avoir un impact mesurable sur les émissions. Dans une période où la transition énergétique bouscule les technologies thermiques, l’émulsion eau-diesel rappelle que l’innovation ne vient pas toujours des solutions les plus attendues. Elle offre même un dernier champ d’expérimentation aux moteurs qui vivent peut-être leurs dernières années.
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