La 13e journée a confirmé les tendances en haut du classement, où le RC Vannes règne en maître, et en bas, avec un statu quo généralisé sur les quatre dernières équipes, toutes battues. Voici tous les enseignements de la soirée.
La désillusion de la soirée : Mont-de-Marsan, un monument (vraiment) en péril
Une semaine après le derby de la honte, perdu face à des Dacquois bien supérieurs (68-14), un sursaut d’orgueil était attendu du côté de Mont-de-Marsan lors de la réception d’Oyonnax. Mais au stade Andre-et-Guy-Boniface, rien ne s’est passé comme prévu. Menés après un premier essai casquette, lors duquel Jonathan Ruru et Gavin Stark ont profité de la maladresse landaise, les Jaune et Noir ont pourtant su réagir en montrant du talent. Le meilleur passeur après-contact du championnat Bautista Ezcurra a fait parler sa vista pour transmettre à Wahël Ponpon sur l’essai de Milo-Harris. Mais ce n’a pas été suffisant.
Lors d’un second acte dans lequel les locaux ont été apathiques, Oyonnax a fait (trop) facilement la différence. Les Aindinois se sont même permis d’infliger un fatal 24-0 en à peine 22 minutes, devant des tribunes clairsemées et un public dépité… Trop c’est trop pour Mont-de-Marsan, qui ne profite pour l’instant que des contre-performances de Carcassonne pour rester en vie dans ce championnat. Mais après cette nouvelle déroute à domicile (12-36), la quatorzième place synonyme de maintien direct semble loin, très loin… À l’inverse, Oyonnax s’est montré irréprochable et a empoché sa première victoire bonifiée de la saison pour intégrer le top 6.
Le tour de force de la soirée : Valence-Romans n’est même plus une surprise
Qui et quoi arrêtera Valence Romans ? Nul ne le sait mais le brillant deuxième du championnat a encore fait des siennes ce vendredi soir du côté de Biarritz. À Aguilera, les Drômois ont montré une sacrée maturité pour prendre le match en main. D’abord dominés, les hommes de Fabien Fortassin ont su faire le dos rond pour inscrire le premier essai de la partie par Idrissi, avant de dérouler leur jeu. Sous la houlette d’un Lucas Meret encore impérial, à l’image de sa pénalité de plus de soixante mètres avant la mi-temps, les visiteurs ont fait flancher le BO dans une seconde période pleine de maîtrise.

Le manager Fabien Fortassin et ses joueurs, après la victoire à Biarritz.
Pablo Ordas
Lane, Marrou et Marco-Pena ont tenu à distance des Biarrots qui avaient pourtant réussi à réagir à chaque fois. Au final, le score était sans appel (25-37). Le VRDR suit le rythme de Vannes et Colomiers tandis que Biarritz manque de faire une très belle opération dans le bas du classement.
Les frayeurs de la soirée : à Albert-Domec, Surano inquiète et Carcassonne ne rassure pas
L’image choc a marqué tout un stade. À Carcassonne, Paul Surano, lancé par son coéquipier Maxime Lafage, était pris à la tête par le bras de Tutuvuli. L’ailier carcassonnais, ne faisant guère d’effort pour se baisser ni pour ceinturer l’arrière adverse, dont la course changeait de direction, était sanctionné d’un carton jaune. Mais de longues minutes ont été nécessaires pour prendre en charge Surano, mis littéralement K.-O. en raison du choc du bras à sa tête, et de sa chute la tête contre le sol.
Du reste, Carcassonne n’a existé qu’une mi-temps dans ce grand écart du classement. Le premier et le dernier ont tenu leurs rangs. Pire, la deuxième période fut d’une rare sévérité pour des Audois largués : 42 points encaissés et aucun inscrit (15-10 ; 15-52). Loin d’un redressement espéré, puisque c’est une huitième rencontre sans victoire… La lueur d’espoir des hommes de Bernard Goutta tient aux résultats sur les autres pelouses, à savoir les défaites de Béziers (avec le bonus), Mont-de-Marsan, Dax et Biarritz.
La démonstration de la soirée : les Vannetais se régalent
Dans ce deuxième acte en Aude, la supériorité vannetaise était bien sûr collective. C’est presque une évidence, quand il s’agit de 42 points infligés. Mais quel délice d’essai a inscrit Enzo Benmegal… Lancé depuis ses 40 mètres, il passe entre deux défenseurs, en fait exploser un troisième, et élimine un quatrième grâce à un cadrage-débordement somptueux.
Notons aussi le triplé de Robin Tacola, illustrant la toute-puissance morbihannaise notamment dans le défi physique.
Le bras de fer de la soirée : Aurillac bat le CAB à son propre jeu
On avait souligné toute la semaine la capacité aurillacoise à marquer des essais du bout du terrain et remonter 80 mètres sur une seule et même action… Mais ça n’était pas le registre attendu, ce vendredi à Jean-Alric. Entre humidité, pénalités et ballons tombés, difficile de faire mieux que ça dans le jeu. C’est ainsi que les hommes d’Aurillac se sont nourris de ce qui traînait, à l’image de cet essai de Delarue : long coup de pied dans un coin de Brive, glissade de Keletaona, contre-ruck collectif et le demi de mêlée n’a plus qu’à ramasser le ballon et marquer (57e). Toutefois, les locaux, dont la défense fut remarquable, se sont quand même fait plaisir. La réalisation de De Jong faisait suite à de l’avancée et un décalage vers la droite, avec une excellente passe avant-contact et sautée de Coertzen qui trouvait Yabaki (73e, 24-13 score final).
La leçon de la soirée : Soyaux-Angoulême, la sagesse incarnée
Les échanges dans le premier acte n’auraient pas laissé imaginer une telle tournure des événements pour une ASBH plutôt volontaire. Mais en dépit d’avoir le ballon en main, Corentin Glénat et les visiteurs parvenaient à marquer des points et virer même en tête à la pause (5-6). Acculé dans son en-but par plusieurs Angoumoisins, Samuel Marques était coffré, renvoyé chez lui, avant que Nollet ne gratte et aplatisse le ballon (51e, 5-13).
Et même si Courtaud permettait aux siens de recoller (58e, 10-13), Fa’amausili en remettait une couche, appuyé par le pied de Glénat (63e, 10-20). La réaction biterroise initiée par Abescat (78e, 15-20) n’était pas suffisante, en raison de nouveaux points au pied oubliés. Vainqueurs à Mont-de-Marsan puis battus à domicile par Aurillac, les partenaires de Gautier Gibouin reprennent leur trajectoire étonnante et s’éloignent de la zone rouge, adversaire du soir y compris.
Le regret de la soirée : Séguy avait pourtant fait ce qu’il fallait pour Dax
À Nevers, l’USON retrouvait son Pré-Fleuri après un mois, entre trêve et déplacements à Colomiers et Valence. L’opposition dacquoise était féroce, comme on s’y attendait après ses trois derniers matchs (3 victoires). Couget réalisait d’ailleurs une action superbe dans son camp : tchic tchac entre deux joueurs, grosse percussion sur un défenseur et offload après un autre contact. Puis, son relais entre le coup de pied judicieux de Puntous et Oltmann, qui allait à l’essai, plaçait l’USD en tête au tableau d’affichage (10-13). Mais c’est ce qu’il a fallu pour réveiller les Neversois de Francoz, Turner et Bouyssou, souvent décisif. Pas indéfiniment, pour autant.
Parce que Romuald Séguy allait prendre les choses en main, après l’essai de la relance (Naseara, 72e, 32-21). Animant à gauche, à droite, au près et au large, le demi d’ouverture permettait de bonifier l’avancée de ses partenaires. Et sa sautée géniale pour Ferrer était synonyme de cartouche pour le bonus défensif (80e+ 1, 32-26). Mais visiblement essoufflé après cet effort intense, il ratait sa transformation en coin. Fin de série pour l’USD, qui rentre dans les Landes sans le moindre point.
L’essai de la soirée : et Dupichot libéra les siens
Quel match, cet Agen – Provence Rugby ! De l’engagement, du suspense et quelques coups de génie : cette rencontre de clôture de la 13e journée avait un parfum de phase finale en ce mois de décembre. Alors qu’on croyait les Lot-et-Garonnais très bien partis pour l’emporter, grâce à l’essai opportuniste de Socino (43e), la réalisation refusée à Etcheverry (50e) a quelque peu fait basculer la partie. Remontés, les Provençaux ont réagi pour revenir à égalité et même passer devant après une pénalité de Salles (71e). Mais une action a tout changé.
Désireux de faire plaisir à Armandie en ce soir de gala, les Agenais décidaient d’aller en touche sur une pénalité dans le camp adverse. À cinq mètres de la ligne, Jouvin trouvait Olmstead et un maul s’engageait. Le ballon sortait finalement pour Bellot, qui transmettait à Garrigues avant que Craig Willis ne soit alerté. Lancé, l’ouvreur levait la tête et apercevait un espace devant Louis Dupichot, placé sur l’aile. D’un sublime jeu au pied du droit, le maestro trouvait l’ancien Perpignanais qui n’avait plus qu’à aplatir. Grâce à cette réalisation, Agen l’emportait sur le fil (27-23).