Du port de Bordeaux à l’Espace. Même si les Bordelais commencent à être habitués aux passages sur la Garonne de l’imposant navire et de ses quatre mâts de 37 mètres de haut, le Canopée, premier cargo français hybride (à voile et thermique) dédié au transport de la fusée Ariane 6 jusqu’à Kourou, impressionne toujours.
Le chargement de la fusée Ariane 6 en version A64 dans le cargo Canopée a commencé à Bordeaux. - Mickaël Bosredon/20 Minutes
Solidement amarré au port de Bassens ce vendredi, le Canopée attend de charger les derniers éléments de la fusée pour quitter Bordeaux dans les prochaines heures. Des éléments en provenance directe des usines d’ArianeGroup de Saint-Médard et du Haillan, en Gironde. Et pour la première fois, il embarque en ce mois de décembre 2025, une version à quatre boosters (A64), au lieu des deux (A62) qui ont permis les quatre premiers lancements d’Ariane 6 jusqu’à présent.
32 satellites d’Amazon Leo dans la coiffe d’Ariane 6
Ariane 64, que l’on peut qualifier de version « puissante » d’Ariane 6, acheminera de son côté, pour la première fois également, 32 satellites d’Amazon Leo, la constellation de satellites d’Amazon, qui servira à fournir de l’internet haut débit dans le monde entier. Plus puissante, la fusée A64 peut aussi embarquer plus de 10 tonnes de charge, deux fois plus que l’A62.
Conçue notamment pour pouvoir embarquer un grand nombre de petits satellites, pour faire face justement à la montée en puissance des constellations, la fusée A64 n’est toutefois pas réservée à Amazon, et pourra servir à d’autres clients.
Alors que les satellites Leo sont déjà arrivés à Kourou, le Canopée, après avoir quitté Bordeaux, « passera ensuite par Rotterdam pour récupérer les demi-coiffes de la fusée, il poursuivra à Brême pour charger l’étage supérieur, enfin il s’arrêtera au Havre pour récupérer l’étage principal [réalisé aux Mureaux], puis il partira pour la Guyane », explique Caroline Arnoux, directrice du programme Ariane 6. Après l’assemblage de la fusée sur place, le lancement est prévu « début 2026 », sans plus de précision à ce stade.
Cette « rotation » entre l’Europe et Kourou se fait en vingt-huit jours, aller-retour. Un rythme qui doit permettre de réaliser, dans les prochaines années, neuf à dix lancements d’Ariane 6 par an, contre huit prévus en 2026.
3.200 satellites Amazon à terme
Quelque 18 lancements en tout ont été achetés par Amazon Leo à Arianespace, qui vont s’étaler sur plusieurs années. Amazon Leo a toutefois déjà commencé à placer en orbite basse, 153 satellites depuis le mois d’avril, via six lancements effectués par le lanceur américain ULA. Un total de 80 lancements est prévu avec quatre lanceurs différents – ULA, Blue Origin, Ariane 6 et Space X – pour placer au total 3.200 satellites en orbite dans les prochaines années.
Notre dossier sur la fusée Ariane
Longtemps connu sous le nom de Kuiper, Amazon Leo entend concurrencer le programme Starlink de Space X, qui compte déjà 10.000 satellites en orbite. « C’est un gros enjeu pour Amazon, car c’est un nouveau service que l’on veut offrir, afin de mettre les citoyens sur un pied d’égalité face à l’accessibilité Internet haut débit, explique Frédéric Duval, directeur général d’Amazon.fr. Pour les ménages et les zones rurales, ce sera l’opportunité de bénéficier d’un accès Internet fiable et abordable. Pour les entreprises, ce sera la possibilité d’avoir des terminaux très performants et avoir de la bande passante très forte. »
Le service Leo doit commencer à être opérationnel en 2026, avant de monter en puissance progressivement, avec des offres allant de 100 Mbps, jusqu’à 1 Gbps (gigabit par seconde, pour les professionnels).