Publié le
5 déc. 2025 à 11h19
Après notre article Ce maire ne veut plus de ce système en déchèterie : « Nous nous sommes trompés », où Jordan Da Silva, maire de Villars (Loire), explique pourquoi il souhaite la suspension du QR code en déchèterie, les usagers ont vivement réagi via nos réseaux sociaux. Incivilité, complexité du système, problème d’accessibilité… Le sujet est loin de faire consensus.
« Avant, je me rendais régulièrement à la déchèterie. Maintenant, je cumule les déchets chez moi »
« Avant, je me rendais régulièrement à la déchetterie, explique Isabelle. Maintenant, je cumule les déchets chez moi avant de faire un trajet pour que ça en vaille la peine. Moralité : les déchets verts chauffent dans les sacs, ça sent mauvais et ça fait du jus. Le garage est plus encombré. Du grand n’importe quoi. »
Cyrine Makhlouf, adjointe à la mairie de Saint-Étienne, est aussi opposée au QR code. « Car non, les dépôts sauvages ne sont pas stables. Si l’on compare la période de novembre 2023 à avril 2024, avant le QR code, à la période novembre 2024 à avril 2025, après la mise en place de QR code, ce sont plus de 200 tonnes supplémentaires de décharges sauvages, en six mois, qui se retrouvent à Saint-Étienne sur l’espace public et non pas en déchèterie. Le même constat a d’ailleurs été fait dans d’autres communes comme La Ricamarie, La Grand-Croix ou Unieux. »
Pour la Métropole stéphanoise, « les quantités de déchets collectés par les services techniques municipaux ont, pour certaines communes, augmenté mais généralement de manière modérée (50 tonnes en moyenne par mois pour l’ensemble du territoire de Saint-Etienne Métropole) ». Ces quantités restent bien inférieures à 2022. « Les situations des communes qui ont subi des augmentations ont été signalées et font l’objet d’une analyse particulière. »
« La problématique est le respect et l’éducation »
Pour certains, le QR code n’est qu’un prétexte. Le problème serait plus profond : « Je doute que la situation change en rétablissant l’ancien système, concède Gaëlle. La problématique est le respect et l’éducation. À Saint-Étienne, il n’existe plus ni l’un ni l’autre ! »
Pour un autre habitant : « Les décharges sauvages ne sont pas dues au QR code mais à l’incivisme. »
La redevance pollueur-payeur a été mise en place par les municipalités de Saint-Étienne et de Rive-de-Gier.
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Dépot sauvage à Rive-de-Gier. (©Photo transmise par la ville)
Pour faire face à l’augmentation des décharges sauvages sur l’espace public, la ville de Saint-Etienne a procédé à l’installation de 10 caméras de vidéo-verbalisation (230 000 euros de coût total) et au recrutement de deux policiers municipaux supplémentaires pour suivre, enquêter et traiter les verbalisations. Par ailleurs, cinq camions-griffes interviennent en continu sur l’espace public pour collecter les décharges sauvages en recrudescence.
Avoir une voiture personnelle, vieillissement de la population, pas de déchetterie occasionnelle…
« Dans beaucoup de communes périphériques, des incivilités de ce genre. Mais aussi parfois des personnes âgées qui, en milieu rural, ne pouvant se déplacer, se retrouvent en difficulté et en plus avec un QR code, ce qui n’est pas à leur portée, énumère Virginie… On voyait des reportages sur les régions où cela était en place et c’était un fiasco. »
Ce système cumulait les problèmes. Il s’ajoutait à l’obligation de compost. Il faut avoir une voiture personnelle. Il faut que cette voiture soit assez grande pour certains chargements, donc pas de possibilité de louer ou se faire prêter.
Pas de déchèterie occasionnelle, il faut avoir anticipé.
Il faut stocker chez soi pour amortir le nombre de voyages. Qui à la place ?
Les villes et les campagnes sont touchées.Valérie
Selon l’adjointe à la mairie, Cyrine Makhlouf : « Force est de constater que le système retenu évince, de fait, toute une partie de la population, à travers notamment la fracture numérique et ne fait pas consensus auprès de la population. Une majorité d’habitants malheureusement n’y adhère pas, faute d’un dispositif trop complexe. »
80 000 ménages ont créé leur compte
Depuis novembre 2024, les usagers réguliers des 13 déchèteries de Saint-Etienne Métropole sont invités à créer leur compte d’accès. Un an après, près de 80 000 ménages ont créé leur compte, un nombre bien supérieur au nombre de maisons individuelles (67 000) des 53 communes de Saint-Etienne Métropole. De nombreux habitants qui résident en appartement ont en effet également créé leur compte car eux aussi peuvent avoir besoin d’accéder en déchèterie, Métropole stéphanoise
Fred demande : « Pourquoi un QR code ? Un simple justificatif de domicile de moins de trois mois aurait pu suffire. »
« Ils sont encore en mode pédagogie »
« Reconnaître une erreur c’est extraordinaire de nos jours mais c’est très bien, note Dany. En espérant que les gens puissent avoir accès intelligemment aux déchetteries et que le système de ramassage sera moins contraignant pour les familles, les personnes âgées ou handicapées. »
Évolution des règles en 2025
Courant 2025, les règles d’accès ont évolué pour s’adapter à certains cas particuliers : inscription par un ménage d’un quad ou d’un pick-up, mais aussi, depuis juillet, baisse de 5 à 2 unités par passage pour des remorques moyennes (de 500 à 750 kg de PTAC) et inscription désormais possible de grandes remorques (de 750 kg à 1200 kg de PTAC).
Une étude est également en cours pour faciliter l’inscription d’un véhicule temporaire.
L’inscription et l’accueil en déchèterie sont et restent gratuits. Il est toujours possible de créer son compte en ligne sur le site https://decheteries.saint-etienne-metropole.fr/ ou de solliciter un formulaire d’inscription à l’accueil des déchèteries.
S’ils rencontrent des difficultés, les usagers sont invités à contacter Infos Déchets par téléphone (0 800 882 735) ou par mail ([email protected]).
Et pour ceux qui se rendent à la déchèterie sans QR code ? Pour une usagère, il est nécessaire de relativiser la situation : « Personne ne m’a bloqué l’entrée samedi quand je suis allée jeter des cartons et des pots de peinture à la déchèterie de la Chauvetiere. Ils sont encore en mode pédagogie. Au pire j’aurais fait les démarches comme indiqué sur le document qu’ils m’ont remis. J’ai reçu une certaine éducation et en aucun cas je n’aurais tout abandonné au coin de la rue par fainéantise ou manque de respect. »
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